Des sept dossiers inscrits à l'ordre du jour du conclave régional des walis de l'Ouest, tenu hier à Oran sous la présidence de Dahou Ould Kablia, celui lié à la résorption des marchés informels a été le plus longuement débattu. Dans ce registre, on retient surtout deux «précisions» et une «promesse» de la part du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Il ne s'agit pas d'éradication (des marchés informels), mais de résorption». «Ce n'est pas une chasse à l'homme, mais un simple rappel à l'ordre et de restauration du cadre réglementaire». «L'opération de résorption du commerce informel sera bouclée vers mai 2013. Le rétablissement de l'ordre dans nos marchés sera perceptible de manière palpable durant Ramadhan prochain». Ainsi, si les choses vont selon le plan anti-informel tracé par le gouvernement Abdelmalek Sellal, le mois de carême de l'année prochaine sera le début effectif et général d'une nouvelle configuration du marché de consommation algérien, presque tous produits confondus. C'est en tout cas l'échéance que DOK s'est donné à lui-même, d'abord, et à ses représentants territoriaux que sont les walis, pour assainir le paysage des villes du commerce anarchique. Il a tenu toutefois à relativiser : «On ne peut pas avoir une société aseptisée, y compris en matière d'organisation du commerce, à la manière suisse. Ceci dit, notre objectif, c'est de ne pas laisser le marché informel nous submerger. Il faut que nous ayons nos propres standards, en fonction de nos habitudes, nous veillons à ce qu'ils soient observés par tous». Selon Ould Kablia, l'Algérie a les moyens de sa politique. Ce n'est donc pas un intitulé typiquement générique, encore moins un slogan, quand les pouvoirs publics parlent de «résorption des marchés informels et de mesures de redéploiement». Car, selon le ministre de l'Intérieur, les structures de commerce, «il y en aura suffisamment à moyen terme». Comment et combien ? Un montant de 4 milliards de DA, dégagé dans le cadre du programme quinquennal 2009-2014, va permettre la réalisation de 534 marchés de proximité, pour une capacité globale de 27.579 box. A cela, il faut ajouter une autre enveloppe de 6 milliards de DA consacrée au titre des PCD à la réhabilitation des marchés de proximité existants. Mais le gros est à venir : une manne de 10 milliards de DA a été consacrée dernièrement par l'Etat pour la réalisation de marchés tous types confondus (marchés de gros, de proximité et autres structures légères). Cet argent, il sera dans les caisses des wilayas avant la fin de l'année en cours, a assuré le ministre de l'Intérieur. Peu auparavant, lors de son intervention, le ministre du Commerce avait parlé d'un «gros déficit» en structures commerciales en Algérie. En mars 2012, il y avait (seulement) 1.500 marchés tous types confondus. Curieusement, a-t-il ajouté, le nombre de marchés informels, lors du dernier recensement, s'élève à 1.512. Ceci alors que 706.623 commerçants informels - et donc une demande de quantité égale de postes à mettre en place pour recaser ces gens - ont été répertoriés. Pour sa part, Dahou Ould Kablia s'est voulu rassurant quant à ce point, en évoquant de «multiples sources de financement» de structures commerciales légères (budget de l'Etat, budget de wilaya, budget de commune, fonds commun des collectivités locales ), faisant savoir dans la foulée que les instances centrales ont fait appel à Batimétal pour la confection d'un modèle d'étals pliables, tout en laissant la liberté aux walis de choisir des entreprises pour la fourniture de matériel adéquat en vue du redéploiement des marchés, fixes ou amovibles. Juste après l'intervention du ministre du Commerce, la parole a été donnée aux 13 walis des wilayas de la région ouest du pays, notamment pour relever leurs préoccupations majeures dans ce chapitre. Peu à peu, au fil des idées, le wali de Tlemcen s'est retrouvé à évoquer des points, certes «hors sujet» par rapport au menu de la rencontre, mais qui, néanmoins, ont un rapport de près ou de loin avec le commerce informel. «Dans notre wilaya frontalière, il y a beaucoup plus grave que le commerce informel du coin. Nous avons réussi à éradiquer le marché informel à Tlemcen mais pas, loin de là, la contrebande. Il y a des zones qui nous sont carrément interdites. Nous n'y avons aucune autorité, croyez-moi. Rien que durant les cinq derniers mois, 700 quintaux de kif ». Là, le wali de Tlemcen a été interrompu par Ould Kablia, qui lui a souligné que ce point sera débattu lors de l'ouverture du dossier de «lutte contre la délinquance et la criminalité». A l'issue de l'intervention, succincte mais pointue, du chef de l'exécutif, dans laquelle il a souligné que le phénomène du marché informel à Oran a été circonscrit et le problème se limite à présent au centre-ville d'Oran, le ministre de l'Intérieur a surpris plus d'un dans l'hémicycle en révélant que les marchés de la «Bastille» et de «Tahtaha» (M'dina J'dida), de par leur caractère empreint d'histoire et de patrimoine, figurent en bonne et exceptionnelle place dans les copies de son département ministériel et ceux du gouvernement également. Ils feront l'objet de projets spéciaux, a-t-il expliqué. Répliquant aux critiques formulées par un wali concernant, en substance, la manière avec laquelle a été exécutée la réalisation du programme présidentiel des 100 locaux à usage professionnel par commune, allant jusqu'à remettre en question l'opportunité de ce dispositif national de lourde facture, DOK dira: «Ce n'est pas l'Etat, mais plutôt vous les responsables locaux qui avez choisi les sites d'implantation et les entreprises de réalisation», avant d'ajouter un peu plus loin : «Personnellement, je suis gêné par rapport à ce dossier. Les critiques fusent de toutes parts, et nous, au ministère, on est tenu par un bilan périodique sur l'avancement du projet à transmettre à la présidence». S'agissant de ce dossier, justement, Ould Kablia a rappelé que sur un total de 115.000 locaux commerciaux, 80.806 ont été achevés, alors que 13.671 sont en cours de réalisation. Reste un nombre de 7.997 locaux non lancés, ces derniers seront annulés. A la place, on réalisera des marchés de proximité, ce qui atténuera, par là même, la tension qui existe sur les prix des produits de première nécessité, notamment en période de fête, a-t-il expliqué en substance. Il a fait savoir, d'autre part, que les grandes villes telles Alger, Oran et Constantine seront dotées de boulangeries industrielles, dont l'objectif principal sera de remédier aux pénuries de pain qui se produisent lors des pics de demande, comme c'est le cas durant le mois de Ramadhan, la période des congés et les fêtes religieuses et nationales. Ont pris part à cette rencontre régionale, les ministres de l'Agriculture et du Développement rural, du Commerce, de l'Habitat et de l'Urbanisme, de l'Industrie, de la Petite et Moyenne entreprises et de la Promotion des investissements ainsi que celui de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville. Treize wilayas y ont été représentées par leurs chefs d'exécutif respectifs, à savoir, Oran, Chlef, Tlemcen, Tiaret, Saïda, Sidi Bel-Abbès, Mostaganem, Mascara, El-Bayadh, Tissemsilt, Naâma, Aïn Témouchent et Relizane.