Oran, une veille d'Aïd. On pourrait dire, Algérie une veille de fête. Faites ce que vous voulez. Tout le monde travaille. Tout le monde est dans les rues. Les artères n'arrivent plus à respirer. Elles étouffent et le climat n'arrange pas les choses. Tous les parkings sont complets. Toutes les aires de stationnement sont occupées. Tous les embouteillages se sont donné rendez-vous à toute heure. Tout le monde crie à la cherté de la vie, mais tous semblent du même avis. La rafle. Acheter, acheter. Tout. N'importe quoi. C'est que des jours fériés pointent à l'horizon. Les prix ont doublé et les besoins n'ont pas besoin de sollicitations. Le futile et l'utile mutilent les bourses. C'est la vie. Chri. jri. Eau gazeuse. Gaz pour briquet. Briquet pour gaz. Charbon. Majmar. Barbecue. Chouailla. Harissa et autres ingrédients font monter la moutarde au nez qu'on a perdu. Ah couteaux, coûte que coûte. Hache. C'est le seul jour de l'année où on peut trouver tous les modèles d'armes blanches de toutes dimensions, les acquérir sans être pris pour un délinquant. A se demander d'où vient tout cet arsenal vendu à l'air libre dans les étables-marchés. Quelle réglementation régit ce genre d'importation ? « C'est de la coutellerie ! » nous répond un commerçant averti. Merci, on le sait. Mais peut-elle être vendue et cédée à des mineurs qui la commercialisent sur la place publique ? Il pouffe de rire notre commerçant et nous dit « j'ai l'impression que vous êtes mouta ou que vous vivez sur Mars ». Octobre. La ville se transforme en boucherie. Et tout le monde trouve sont compte. Sauf les moutons sachant que demain imoutou. Alors ils se mettent sur les terrasses et balcons pour scander des slogans que seuls eux comprennent. Alors ils bêlent, ils bêlent de plus belle ma belle. Surtout ceux qui côtoient les antennes paraboliques. Ils tentent de crier au massacre et appeler à la démocratie animale. Mais trop disciplinées les « paraboles » nous transmettent très tôt le matin «la fameuse chanson de feu Abdelkrim Dali, l'hymne à kebch el Aïd » dont on a droit chaque Aïd el kébir , juste après le « cérémonial du mesjed où les officiels feront le défilé d'embraboussades officielles, qui permettent aux analystes politique d'écrire le lendemain qui du personnel politique est en bonnes grasses avec le patron ». Le sang commence à couler à flots. Les moutons sont réduits au silence. On s'occupe de la douara, notre bouzellouf n'a de tête que pour la corne d'abondance du moment : le melfouf ça marche, ça mâche. Les gouttières, ou du moins ce qui en reste, rotent le sang qu'elles déversent sur les trottoirs qui attendent le transport public, cette plème qui roule quand elle veut. Monsieur «Si-lence» criedans le désert. Comme celui d'où se pompent les richesses qu'on n'arrive pas à transformer en richesses. Kebchna begrounou, on attend toujours l'usine Renault. Jritou, chritou, klitou qui mange le mouton ch era la laine (installez le "i" là où les points ne servent à rien). Aïdkoum mabrouk, mais là c'est de la fête du 1er Novembre qu'il est question. Celle qui ne s'est pas faite avec des cure-dents. C'est aussi un jour férié. Donc fais-rien.