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De «KungFuFighter» à «DefenDoor», le Tunisien Walid Sultan Midani fait ses jeux
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 07 - 11 - 2012

À 3 ans, le Tunisien Walid Sultan Midani jouait à KungFuFighter sur Super Nintendo. Adulte, il en fait son métier. Walid est PDG de DigitalMania éditrice "DefenDoor", un jeu destiné à Facebook. Dans cet entretien, il nous fait visiter son entreprise, son équipe, et ses projets dont l'opération de crowdfunding sur la plateforme indiegogo.com pour récolter (en 30 jours) les 100.000 $ nécessaires au développement de "DefenDoor".
Pouvez-vous nous donner l'historique du jeu "DefenDoor" ?
Walid Sultan Midani : Le concept de DefenDoor est une création de DigitalMania. En mars 2012, les membres de l'équipe ont décidé de commencer un brainstorming pour la création d'un jeu : sympa, facile à jouer et addictif, à mettre dans un premier temps sur Facebook, puis sur d'autres plateformes. L'idée qui a découlé de DefenDoor est la suivante : chaque joueur doit défendre sa porte et casser celle d'en face. Pour cela, il a une arme et une mini-armée de personnages tout aussi mignons que dangereux. Et sur cela qu'on a construit, qu'on a imaginé le monde de Zorbia, Zmorda, les Gurus, les Zorbs, les Arenas, … etc.
Vous êtes combien dans l'équipe ?
Nous sommes aujourd'hui 9 personnes et chacun de nous représente une étape dans le processus de création du jeu. Cela va du dessin à la mise en ligne en passant par la modélisation, l'animation, le digital painting, la création de la musique, le développement et l'intégration. Nous concevons aussi nous même le business modèle et la campagne de communication.
Quel a été le financement initial ?
Pour créer la société DigitalMania, j'ai fait appel à la famille proche et puis la Banque de financement des PME (BFPME) et le Fonds de Promotion et de Décentralisation Industrielle (FoProDi). J'ai ainsi pu lever 260.000 Dinars pour démarrer cette aventure.
Avez-vous reçu des aides de la part des professionnels IT en Tunisie ?
D'une certaine manière oui. Microsoft Tunisie nous a sélectionné pour son programme de parrainage de startups. Sinon tout le soutient était plutôt de l'étranger surtout venant de Unity Technologies qui sont les créateurs du moteur de jeu que nous utilisons.
Vous venez de lancer DefenDoor sur la plateforme "indiegogo.com" de crowdfunding.
Nous sommes sur www.indiegogo.com/defendoor pour faire une deuxième levée de fonds sous la forme de préventes. Nous comptons donner l'occasion aux internautes d'acheter en avant première du contenu de notre jeu à un prix promotionnel. Ce n'est donc ni des dons, ni de l'investissement classique. Notre objectif est de récolter 100.000 dollars qui serviront à payer l'infrastructure nécessaire pour héberger ce genre de jeu (massivement multi-joueurs), et pour pouvoir lancer une campagne de communication à l'international. Bien entendu ceci servira aussi à continuer à améliorer DefenDoor et son contenu.
Existe-t-il d'autres éditeurs de jeux en Tunisie ?
Certaines sociétés existantes comme des webagency se mettent au développement de jeux mais dans un but publicitaire. Par ailleurs, beaucoup de jeunes nous contactent pour se lancer dans cette aventure et certains devraient donner naissances à leurs jeux dans pas longtemps.
Sur quels OS est disponible votre jeu ?
DefenDoor sera sur Facebook puis passera sur Facebook mobile.
Parlez-nous de DigitalMania. Comment a-t-elle été créée, par qui et dans quel contexte ?
Après plusieurs années d'expérience dans l'organisation d'évènements jeux vidéo nationaux et internationaux. J'ai décidé de créer une société dont le but est de réaliser des jeux vidéo. L'équipe a été formée après le lancement de DigitalMania. Nous nous sommes mis à apprendre comment développer des jeux vidéo. Nous sommes donc complètement autodidactes dans ce domaine.
Pensez-vous que la formation dans les universités tunisiennes est suffisante pour permettre à des diplômés de se lancer dans des projets de startups en TIC ?
Théoriquement oui bien sur, beaucoup d'universités même technologiques enseignent le management, le marketing et la gestion d'entreprise. Les pépinières d'entreprises facilitent aussi beaucoup la chose. Après, la pratique est tout autre. Le jeune entrepreneur, même formé, devra faire aux aléas de l'entreprenariat et cela s'apprend sur le tas. Surtout quand le porteur du projet n'est pas accompagné ou suivi.
Avez-vous été contacté par des firmes étrangères d'édition de jeux vidéo et online ?
Nous avons participé au Game Developer Conference et à la Gamescom en août dernier à Cologne. Ce sont des évènements européens majeurs dans notre secteur. A cette occasion nous avons eu beaucoup de contacts avec de grandes firmes de développement de jeux et nous le sommes encore.
Quel est le modèle économique de DigitalMania ?
Notre vision est à 100% produit. Ceci veut dire que notre objectif est de créer nos propres jeux et de les vendre directement aux consommateurs. Nous avons eu à faire de la prestation de services à un moment donné pour "survivre", et maintenant nous avons des partenaires avec qui nous travaillons pour leur réaliser des jeux, des jeux pour la publicité et autre applications web et mobile.
En dehors de DefenDoor, quelles sont les autres activités de DigitalMania ?
Avant de vous parler des autres jeux, il faut comprendre que le projet DefenDoor comprend lui même plusieurs projets. En effet, nous souhaitons réaliser la série TV DefenDoor et lancer les goodies, figurines et autres peluches de nos personnages. Nous avons aussi deux autres projets de jeux : Sel3a (Dude en anglais) et Alouch. Sel3a sera un jeu de plateforme où un jeune Tunisien doté d'un ballon magique aura à parcourir le monde pour accomplir plusieurs missions. Alouch sera un jeu Facebook massivement multi-joueurs.
Avez-vous pensé à l'ouverture de capital de DigitalMania ?
Bien entendu, j'ai moi même pitché devant des capital risqueurs, des business angels et autres fonds d'investissements. Le projet plait, l'équipe séduit et le marché est plus qu'alléchant. Après, tout est une question de feeling et nous sommes en ce moment en négociation avec certains. Mais vu que cela a beaucoup trainé, nous avons décidé de nous lancer dans le crowdfunding.
Pensez-vous que le crowdfunding puisse remplacer les sources d'investissements classiques (crédits bancaires, recours à de grandes entreprises...) ?
Absolument, mais pas pour tous les types de projets. Je crois vraiment qu'il pourrait facilement remplacer les méthodes classiques pour tout ce qui est destiné au grand public et qui comporterait une innovation technologique, artistique ou même sociale.
Faites-vous connaître votre métier à de plus jeunes générations (lycées et écoles) ?
Nous avons eu à nous déplacer énormément dans les écoles d'ingénieurs et les facultés artistiques. Ceci dit notre outil N°1 est l'Internet et les réseaux sociaux. Plusieurs groupes de jeunes se sont constitués en communauté de développeurs de jeux en herbe et nous les encourageons avec tous les moyens dont nous disposons.
Quels sont les métiers à développer pour renforcer l'industrie des jeux vidéo et online en Tunisie et au Maghreb ?
Une question bien difficile, car comme dans toute création artistique c'est avant tout une question de sensibilité et de créativité. Donc les métiers de level designer, game designer, story teller, sound designer, Visual effects etc... sont plus que requis. Sinon, techniquement, il faut intégrer un peu plus le traitement de l'image dans les écoles d'ingénieurs, la 3D et la création graphique. Et dans les écoles de management et de marketing on parlera bien sur de producteur, de community management… etc.


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