Le ministre des Travaux publics et chef du nouveau parti TAJ, Amar Ghoul, essuie dans la presse des accusations d'une grande gravité d'avoir reçu des pots-de-vin dans le cadre du projet d'autoroute Est-Ouest. En Algérie, le journalisme d'investigation étant structurellement problématique, il est très probable, sans préjuger d'ailleurs de la véracité des accusations ou non, que ces révélations obéissent à des considérations politiques. Et si on lit les accusations en question, on constate qu'elles ne touchent pas seulement Amar Ghoul. L'actuel chef du MSP, Aboudjerra Soltani, est mis également en cause à travers les agissements présumés de son fils. Même si Amar Ghoul prend le «gros», c'est pratiquement toute la galaxie des «Frérots» du MSP qui essuie la pire des attaques et sur un registre sur lequel les islamistes sont friands : la probité et la moralité. Une sorte de coup double où le parti originel de Ghoul, le MSP de Soltani, et son petit épigone « non islamiste ?», le TAJ, reçoivent une disqualification sur le mode scandaleux. Le MSP, débarrassé de Ghoul par le départ volontaire de celui-ci, pourra-t-il continuer à assumer le «boulet» Aboudjerra Soltani ? Le pire pour un parti est d'avoir un chef d'où émanent, à tort ou à raison, les miasmes de l'affairisme et de la corruption. Le MSP a dénoncé comme un effet des pratiques frauduleuses son échec relatif aux dernières élections législatives. Il y avait pourtant une participation au gouvernement où il n'a rien gagné et surtout perdu toute capacité à donner l'illusion de faire figure d'opposant. Il y avait aussi le fait que le parti a cessé d'incarner une quelconque option de moralisation en raison justement des informations et des rumeurs qui ont entouré le projet d'autoroute Est-Ouest. Certains analystes disaient que le départ d'Amar Ghoul avait libéré le MSP d'un boulet sulfureux mais les dernières révélations - des documents «officiels» qui auraient été fuités - entachent aussi le chef du MSP. D'une certaine manière, malgré leur divorce, Amar Ghoul et le MSP continuent d'être totalement liés. Pour le meilleur et surtout pour le pire ! Le fait que l'affaire, au plan judiciaire, semble avoir été limitée aux proches collaborateurs d'Amar Ghoul sans s'étendre à lui et sans qu'il soit questionné, ne le sert pas en définitive. Surtout quand on est un homme politique, qu'on a des ambitions et que l'on croit être porté par un courant fort au sein des appareils du pouvoir. Amar Ghoul a lancé son Taj dans une sorte d'euphorie et de facilités qui ont suscité des commentaires amusés sur le nouveau parti né moustachu. C'est cependant une moustache inconsistante. Quand on est une «charika gadra», pour reprendre la formule consacrée en Algérie et qui dispense souvent de trop longues explications, on doit être en mesure de s'assurer qu'aucun dossier ne s'égare en direction d'un journal ayant pignon sur rue en Algérie. Passe qu'il passe sur des sites internet «insaisissables», mais dans un journal local, cela signifie, au moins, que les actionnaires de la SPA pouvoir, la charika gadra en somme, ne sont pas trop d'accord sur le fait de donner à Amar Ghoul une vie après l'autoroute.