La hausse intempestive à répétition des prix des fruits et légumes a poussé un certain nombre de familles à se rabattre sur les produits provenant des vergers et autres petites exploitations agricoles, essaimés sur les territoires des communes de Bousfer et d'El-Ançor, dans la daïra d'Aïn El-Turck. Un semblant de concurrence à la spéculation, qui sévit notamment dans cette activité commerciale, semble à priori être imposé par les exploitants des ces vergers. En effet, la pomme de terre, la tomate, le poivron, le concombre et les haricots verts, pour ne citer que ceux-là, ainsi que les fruits de saison, ramenés par les agriculteurs des villages de Sidi Hamadi et Guedarra, dans la commune d'El-Ançor, constituent une véritable aubaine pour la ménagère avertie. Leur fraîcheur et leur prix abordable justifient le rush que connaissent les marchands ambulants et autres étalages proposant à la vente ces produits dans les quartiers populaires des communes d'Aïn El-Turck, de Bousfer et d'El-Ançor. A titre d'exemple, la tomate provenant d'un verger du village de Sidi Hamadi, situé dans une zone frontalière délimitant la daïra d'Aïn El-Turck à celle de Boutlélis, est actuellement proposée à 80 dinars le kilo dans le quartier St-Maurice, au sein de la commune d'Aïn El-Turck. Pour le même poids, elle est cédée à partir de 100 dinars dans le marché des fruits et légumes de ladite commune. Même constat pour les oignons et les concombres, qui se négocient respectivement à partir de 60 dinars et de 120 dinars le kilo dans les marchés desdites communes alors que ceux provenant des vergers, ils sont cédés à partir de 45 et de 100 dinars pour le même poids. Des différences de prix atteignant les 15 dinars, voire plus parfois, sont constatées dans les marchés desdites communes et ce, par rapport aux produits provenant des vergers, qui sont proposés à la vente par des revendeurs. Malheureusement, plus particulièrement pour les petites bourses, les petites quantités rapportées par ces agriculteurs sont rapidement épuisées. «Nous ne disposons que d'une petite superficie de terre agricole. La récolte n'est pas très importante, mais nous n'avons pas à nous plaindre, du moment que nous écoulons tous nos produits», a commenté un fellah de la région de Guederra, dans la commune d'El-Ançor. Notre interlocuteur a confié qu'il revend en gros les légumes rapportés de son petit verger à un revendeur d'eau potable, installé dans le bourg Commandant Ferradj communément appelé douar Maroc, sis au sein de la commune d'Aïn El-Turck. Ce dernier a fait remarquer que «les temps sont durs et je ne gagne pas grand-chose en revendant uniquement de l'eau potable. Mon fournisseur en légumes est un ami de longue date et il me concède ses produits à des prix très abordables. J'en fais de même avec mes clients, qui sont en grande majorité issus d'une couche sociale modeste». Toujours est-il que les petites récoltes ramenées de ces vergers, qui irritent grandement les marchands des fruits et légumes installés dans les marchés de ladite daïra, suscitent l'effet contraire chez les ménagères au faible revenu. «Il m'arrive même d'acheter directement du verger appartenant à un membre de ma famille. La différence du prix est énorme par rapport au marché et la fraîcheur prime encore beaucoup plus», a confié un père de famille, demeurant dans la bourgade Ouadite, sise dans la commune de Bousfer. Notre interlocuteur a renchéri : «J'effectue presque tous mes achats, dictés par la nécessité quotidienne de la cuisine et cela me permet d'amortir mes dépenses en me référant aux prix affichés dans les souks. Je ne puis me permettre d'acheter des oranges à 230 dinars le kilo pour garnir ma modeste table alors que je peux m'en procurer pour la moitié du prix et même moins dans les vergers». Le même son de cloche s'est fait entendre chez nombre de smicards, responsables de famille, qui s'approvisionnent auprès des revendeurs de fruits et légumes provenant des vergers.