En présence du représentant de la région de Batna et des gens de la corporation, les membres du conseil local de la région de Constantine de l'ordre des architectes ont tenu, jeudi, une conférence de presse dans laquelle ils ont exposé les problèmes que rencontrent leurs adhérents au double plan professionnel et organique. D'emblée, les conférenciers ont tenu à dénoncer la situation de marginalisation dans laquelle est tenu l'architecte algérien, notamment les jeunes qui sortent tout frais émoulus des instituts de formation et se lancent dans la profession. Et une architecte a résumé cette problématique dans une seule phrase : "On ne peut prétendre faire de l'architecture dans notre pays en l'absence totale de l'architecte". Et d'expliquer que l'architecte algérien est marginalisé alors qu'il est le pilier de toute construction. "Pourtant, a-t-elle souligné, cette corporation gère plus de 47% du budget de l'Etat détenu par le secteur de la construction dans la mesure où c'est lui qui établit les plans, qui paie l'entreprise réalisatrice et contrôle l'utilisation de l'argent de l'Etat, etc.". "Contrairement aux autres organisations corporatives, a complété M. Belahcène, président du conseil local de la région de Constantine, notre principal client à nous ce sont les ministères de tutelle, l'urbanisme ou bien le logement". Poursuivant l'exposé sur l'état des lieux de la profession, les conférenciers révèleront qu'il y a plus de 1.600 architectes dans la région de Constantine (300 pour la seule capitale de l'Est) et seuls 20 à 30% d'entre eux travaillent. Le reste se trouve au chômage. C'est le même cas de figure au niveau national où le tableau de l'ordre compte 7.000 architectes. "Seule une minorité a un plan de charges et travaille, alors que la grande majorité est sans emploi. C'est très déplorable quand on sait que chaque architecte emploie entre 2 à 10 personnes en moyenne et il y a même des bureaux où l'effectif peut atteindre jusqu'à 100 employés", a signalé Mme Lamia Djeradi, architecte à Constantine, en notant que les jeunes architectes n'auront sûrement pas beaucoup de chance de participer à la réalisation du programme de 2 millions de logements du président de la République qui a été lancé cette année alors que le chef de l'Etat a donné des orientations pour que nos jeunes architectes soient partie prenante dans ce grand chantier. Et de révéler l'obstacle auquel sont confrontés aujourd'hui ces derniers à cause des conditions posées dans le cahier des charges qui font qu'ils n'arrivent pas à travailler, "pour la bonne raison (ou plutôt la mauvaise) qu'il est exigé d'eux au préalable une attestation de bonne exécution alors qu'ils n'ont pas encore travaillé, a-t-elle souligné. C'est de l'aberration ! Et de ce fait, les architectes revendiquent la participation des membres de l'ordre des architectes à l'élaboration des cahiers des charges pour des raisons évidentes liées à leur connaissance de certains problèmes posés par la construction. Les conférenciers ont tenu à clôturer le premier volet de cette rencontre avec la presse en disant : "Nous voulons faire comprendre à l'opinion publique en général, et à notre administration, en particulier, que l'ordre des architectes n'est pas une association civile mais une institution de la république créée par le décret législatif 94-07 de 1994". Le second volet de la conférence, lui, a porté sur un problème organique interne à l'ordre des architectes, à savoir la constitution de structures parallèles dans les wilayas et qui se disent représenter l'ordre des architectes. Celles-ci sont nées, ont-ils dit, après que le président du conseil national élu au congrès de 2006 eut fait l'objet de poursuites judiciaires. "Mais il a été blanchi par la justice et sa légitimité a été reconnue", ont rétorqué les conférenciers en signalant que le travail organique qu'ils ont mené dernièrement à abouti au renouvellement des conseils régionaux en vue de la tenue des assises prévues les 15, 16 et 17 décembre courant à Oran pour la préparation du prochain congrès. "Dans ce congrès où seront conviés des députés, des urbanistes, des juristes, des sociologues, etc., nous allons faire notre autocritique à propos de ce qui se fait dans le pays dans le domaine du logement car, en fait, nous n'avons pas de véritables villes, mais de simples agglomérations d'habitats ou des cités-dortoirs", a dit Mme Djeradi.