Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian s'est chargé de remettre «en avant» le projet d'intervention militaire au nord du Mali, en déclarant qu'il n'existait pas «de solution politique» pour «l'instant». Le propos guerrier vient ainsi atténuer le glissement discret de la France vers une vision de la solution qui insiste sur le processus politique. Son message risque d'ailleurs d'être un mauvais signal en direction de Bamako qui répugne justement à s'engager dans un processus de négociation politique avec les mouvements de rébellion targuis. Alors que Romano Prodi, envoyé spécial de l'Onu pour le Mali, a parlé d'une intervention qui ne pourrait avoir lieu avant l'automne, le ministre français choisit de l'écourter de quelques mois sans s'en éloigner. Elle «pourra avoir lieu au premier semestre de l'année prochaine» a-t-il déclaré. Comme s'il s'agissait de démontrer que la France ne s'est pas ralliée à l'idée, désormais assumée par le Conseil de sécurité qui combine entre l'impératif d'un processus politique et l'éventualité d'une intervention militaire ciblée aux seuls groupes terroristes. La résolution du Conseil de sécurité reconnait de fait la légitimité des mouvements targuis à la seule condition qu'ils «rompent tout lien avec des organisations terroristes, en particulier avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et les groupes qui lui sont affiliés». Le discours des officiels français, que ce soit le président François Hollande ou l'ambassadeur français à l'Onu, est allé clairement dans ce sens. Le discours subitement guerrier de M. Le Drian tend ainsi, au moins, à écourter le délai imparti à la solution politique.» Le concept opératoire est entrain de s'affiner. L'intervention militaire pourra avoir lieu au premier semestre de l'année prochaine Pour l'instant, il n'y a pas de solution politique» à la situation au Mali. Un message des plus équivoques puisqu'il semble inciter les gens de Bamako à ne pas aller vers la solution politique. LES JEUX DU MNLA ET ANÇAR EDDINE Certains analystes estiment également que le jeu auquel se livre le MNLA, au sujet des accords conclus avec Ançar Eddine, pourraient être liés également à une démarche des «sécuritaires» français qui refusent de considérer Ançar Eddine comme étant une organisation «acceptable». Mais il peut également exprimer c'est le cas d'Ançar Eddine de divergences internes aux deux mouvements qui doivent tenir compte des pressions de l'Algérie. Le message du ministre français de la défense estime qu'il y a une «logique infernale que nous ne pouvons pas laisser évoluer ainsi». Le durcissement guerrier s'étend jusqu'à la question des otages.»Nous nous occupons de très près des otages et faisons tout notre possible pour obtenir leur libération. Mais cela ne nous empêche pas de considérer que l'enjeu de l'intégrité du Mali est essentiel pour la sécurité de ce pays, comme pour celle de la France et de l'Europe», déclare-t-il.Ce discours dur exprime-t-il des divergences au sein du gouvernement français ou alors s'agit-il d'un partage des tâches dans lequel le ministre de la défense rappelle que l'option militaire reste de mise ? Le vrai problème de M.Le Drian est qu'une force de la Cédéao n'est pas considérée comme étant réellement de nature à résoudre le problème. Il s'agit bien dans l'approche du Conseil de sécurité - et pour laquelle l'Algérie est largement d'accord - de mettre les touaregs du côté des forces qui devront combattre Aqmi et consorts. Affirmer aujourd'hui qu'il n'existe pas de «solution politique», c'est tout simplement vouloir pousser les targuis ou une partie d'entre eux à aller dans le mauvais bord. Des clarifications sont à attendre dans les semaines qui viennent que ce soit des acteurs extérieurs comme la France ou des acteurs maliens. De tous les acteurs maliens, les targuis comme ceux qui tiennent Bamako.