Quel usage devrait-on faire des vieux immeubles vidés de leurs squatteurs ? C'est la question qui se pose avec une certaine acuité dans l'hémicycle, depuis le début de l'opération de récupération de ces biens immobiliers appartenant aux domaines publics de l'Etat. Si le processus de reconquête par les pouvoirs publics de ce patrimoine immobilier qui, faute d'une prise en charge postérieure, a été réinvesti par des squatteurs de tous bords, après le relogement de ses anciens occupants dans le cadre du RHP, donne aujourd'hui des signes satisfaisants quant à son aboutissement à terme, il n'en demeure pas moins que la suite à donner à ce dossier est marquée, jusqu'ici, par un manque de visibilité évident. En clair, les autorités locales ne savent pas quoi faire au juste de ce bâti recouvré non sans grand mal. Il est question au total de 200 immeubles, éparpillés à travers plusieurs secteurs urbains, soit un important parc repris d'une main de fer par la wilaya, au bout de plusieurs interventions musclées de délogement des indus- occupants, dont la dernière en date a concerné 21 immeubles, selon le chef de daïra d'Oran, M. Mohamed Bouchama. Partant sur cet état de fait, le wali a ordonné, lors d'un récent briefing, que soit engagée une double enquête. La première, à caractère administrative, vise à déterminer avec exactitude la nature juridique de ces immeubles. Objet de cette démarche : identifier le propriétaire de chaque bien (les Domaines, l'OPGI, la commune ), en vue de la constitution, en partie civile en bonne et due forme, dans le cadre d'actions judiciaires intentées contre les indus-occupants pour, entre autres chefs d'inculpation, atteinte à la propriété immobilière de l'Etat. A cet effet, les listes des immeubles concernés ont été déjà transmises aux Domaines pour une enquête sur la propriété. La deuxième étude, d'ordre technique, vise à diagnostiquer ces vieilles constructions pour distinguer celles sujettes à réhabilitation de celles à démolir pour en récupérer le foncier au profit de projets d'utilité publique. Dans ce contexte, une démarche de dialogue et de concertation sera entreprise à l'endroit des propriétaires privés de vieux immeubles, en leur proposant de choisir entre restaurer par eux-mêmes leurs habitations ou en adosser les frais d'une prise en charge par l'Etat ou bien accepter, le cas échéant, une indemnisation d'expropriation. Par ailleurs, le chef de daïra d'Oran a révélé que parmi les familles délogées de ces immeubles, il y avait certaines originaires d'autres wilayas, comme Tlemcen et Tizou-Ouzou, lesquelles ont été reconduites chez-elles, avec leur bagages, à bord de camions réquisitionnés. Deux autres faits qui en disent long sur le profil des indus-occupants : les services de sécurité ont saisi, dans certains immeubles, tout un arsenal d'armes blanches, dont des cocktails Molotov et autres.