L'offre faite par le Mujao aux autorités françaises d'engager des négociations avec lui en vue de la libération de l'otage français qu'il détient quelque part au Nord-Mali est une « ruse de guerre » de sa part. En faisant sa proposition qu'il a pris le soin de médiatiser, ce groupe terroriste a probablement parié qu'elle est susceptible d'être favorablement accueillie par une opinion publique française sensible au sort de son ressortissant, ce qui inclinerait les autorités à l'accepter, même si officiellement le président François Hollande a fait savoir il y a une semaine à peine que la France renonce à la doctrine de la négociation avec les preneurs d'otages terroristes. Si cela devait être le cas, le Mujao ne manquera pas de poser aux éventuels intermédiaires que choisirait Paris pour négocier en son nom le préalable que la force d'intervention cesse la poursuite et le harcèlement contre ses éléments qui refluent devant elle au Nord-Mali. La réaction française à son offre de négociation a été une fin de non-recevoir en apparence ferme, mais il ne fait aucun doute que l'Elysée est soumis à des pressions de la part de la famille de l'otage en question et de celles dont des proches sont dans la même situation et dont les inquiétudes légitimes sur leur sort trouvent un large écho au sein de l'opinion française. Il y a néanmoins que le président français ne peut revenir sur la décision qu'il a annoncée solennellement sans risquer de voir la France accusée de duplicité sur la question des prises d'otages par les Etats qui sont parvenus à faire entériner par la communauté internationale le principe de la non négociation avec les preneurs d'otages et de la non acceptation de leurs revendications qu'elles soient financières, politiques ou autres. En tout cas, une négociation qui serait engagée par Paris avec le Mujao pour en obtenir la libération de l'otage français qu'il détient mécontenterait incontestablement les autorités algériennes dont le Mujao détient des ressortissants depuis la prise de Gao par lui. Le groupe armé terroriste a pour rappel fait la même proposition de négociation et émis des conditions à la libération de nos compatriotes que les autorités ont refusé de prendre en considération en faisant valoir qu'elles s'en tiennent à la doctrine de l'Algérie qui est celle du refus de céder au chantage des terroristes ravisseurs. Un attachement au principe qui pourrait donner lieu à contestation dans le pays dès lors qu'il se confirmerait que des puissances telle la France n'en sont pas partisans quand c'est le sort de leurs ressortissants qui est en jeu. Bien sûr qu'il y a menace sur la vie des otages détenus par les groupes armés terroristes qui est devenue plus grande encore depuis l'intervention militaire française au Nord-Mali. Ce qui ne justifierait pas pour autant que Paris ouvre des négociations avec ces groupes. S'étant fixé pour but de guerre leur éradication, il sera malaisé à la France de faire accepter qu'elle est en même temps disponible à céder à leur chantage fût-il pour la raison humanitaire toujours mise en avant en guise de motivation. De la façon dont elle a traité la récente prise d'otages survenue sur son territoire dans les environs d'In Amenas, l'Algérie a fait passer le message auquel a été à l'évidence sensible le président français, qu'il n'y a rien à négocier avec les groupes armés terroristes et qu'il est temps que tous les Etats adoptent cette position de fermeté. Ceux qui y dérogeraient signifieront alors que les vies de leurs ressortissants valent plus que celles des autres.