N'est-il pas admis, amis lecteurs, que nos responsables, très peu loquaces, ne communiquent guère. Sinon très peu, ou alors très mal. Et quand ils le font, c'est toujours en réaction, par rapport à tel ou tel événement, ce qui est de nature à corser davantage « l'affaire». Il en est de même de nos élus, qui ne se soucient guère d'informer ceux qui leur ont conféré mandat. Vous l'aurez certainement remarqué, nos édiles et autres parlementaires une fois élus, arrivent même à oublier leurs promesses de campagne notamment celles consistant à rendre compte de leurs actions et des objectifs visant l'amélioration des conditions de vie des citoyens. La communication n'étant pas leur point fort, ils laissent leurs administrés dans le désarroi, poussant même certains d'entre eux, à publier des lettres ouvertes et s'adresser en dernier ressort, au premier magistrat du pays pour le règlement de problèmes basiques, à solution locale. Là, n'est pourtant pas le propos, car présentement, j'ai envie de pousser « un coup de gueule ». Il concerne quelques professeurs d'université ou du moins une petite minorité d'entre eux, en quête de « starisation ». Ces gens là veulent à tout prix passer à la télé, parler à la radio et se faire appeler « khabir », « moukhtass fi echououne kada oua kada » ou « bahit acadimi », c'est-à-dire expert, en tout et en rien, en somme. QUI SONT-ILS ? COMBIEN SONT-ILS ? Des experts de salon, disons-le sans ambages, une petite poignée située loin de la réalité et qui se font passer pour des stratèges aux lieux et places des compétences avérées, celles qui ont côtoyé le monde extérieur et acquis ainsi, de solides connaissances et des expériences potentielles bénéfiques. Défenseurs de portes ouvertes, adeptes de la langue de bois, ces aspirants-experts-économistes-politologues, en herbe, ne manquent pas d'air, si l'on en juge par leur niveau d'audace. En effet, alors qu'ils n'ont pas vocation à le faire, ils n'hésitent jamais à donner leur avis, franco de port, face à la caméra, ou pour peu qu'on leur tende un micro. Généralement, ils manquent d'informations les plus élémentaires et les plus utiles à l'élaboration d'une vision claire des sujets qu'ils abordent. Ils ne disposent d'aucun élément pour en faire l'évaluation. Qu'à cela ne tienne, nos experts traitent tous les sujets, de manière désinvolte, avec cette facilité déconcertante qui sied aux ingénus. Parmi eux, il y a ceux qui développent un commentaire teinté de chauvinisme étroit et se disent nationalistes. D'autres, estampillés idéologiquement, n'hésitent pas à défendre des thèses portées par des fondamentalistes notamment, quand il s'agit d'évoquer le sujet de la condition féminine. Tel que distillé, leur avis et c'est là que réside le danger, peut être perçu comme le sentiment prédominant dans notre pays voire même, comme la position officielle. A ce sujet, gardons toujours à l'esprit, que ces gens là, heureusement minoritaires, interviennent souvent en direct sur les ondes radios et les canaux de télévisions étrangères, et l'impact de ce qu'ils avancent, comme analyses , affirmations, ou éléments de langage redondants, se paye cash. D'ailleurs beaucoup de chaînes satellitaires s'arrachent ces experts de pacotille, dans l'espoir de faire du « buzz ». Au diable donc, la vérité ou la fiabilité des faits ou des chiffres avancés, ce qui importe pour ces médias, c'est leur intérêt et celui de leurs sponsors. Je vous laisse imaginer, amis lecteurs, les dommages collatéraux induits par ces « mouhalilines syaciyines » sur la crédibilité du mode de communication de : Nos institutions. Notre classe politique en général. Nos intellectuels. Notre université. En effet, quelque part, ils occupent de manière volontariste, le vide laissé en la matière, par ceux qui sont sensés prendre en charge la communication, quelle soit officielle ou qu'elle participe de l'avis social, économique et/ou scientifique. Ces « douktours » cherchent en fait à se distinguer par une posture différente, mais néanmoins « intéressée », de l'ensemble des professeurs, beaucoup plus préoccupés par le suivi de leurs chaires et l'avenir de leurs étudiants. Ces derniers d'ailleurs ne se sont pas trompés pour dire, avec beaucoup de retenue, que ces professeurs gagneraient à se limiter à enseigner, plus ou moins correctement, le module pour lequel ils sont payés. A propos de rémunération justement, l'intervention de « ces experts » se fait-elle à titre onéreux ? Perçoivent-ils des jetons ? Sont-ils mandatés pour intervenir en cette qualité ? et par qui éventuellement ? Sont-ils connus par leurs publications ou des livres qu'ils auraient écrits et qui les conforteraient dans ce statut d'expert ? Engagent-ils directement ou indirectement l'université dont ils dépendent ? Autant de questionnements qu'on est en droit de se poser et d'adresser en même temps à leur tutelle, pour lui demander : De les inviter pour le moins, à faire montre de plus de retenue, compte-tenu de la gravité des sujets abordés. D'élever, conséquemment, le niveau de leur prestation. Car , ce que l'on a retenu de leurs interventions passées, outre la langue de bois, c'est l'indigence du discours développé, tenant de la discussion de bureau ou de quartier, entre potes et collègues, où les mots fusent comme une logorrhée. Au mieux, comme je l'ai affirmé précédemment, ils reprennent « des éléments de langage » avancés éculés, redondants, galvaudés, qui ne font pas avancer le « schmilblick ». MAIS POURQUOI PERSISTENT-ILS ALORS A : Faire des interventions très minimalistes, comme celles que font les personnes à court d'idées. Se confondre en conjectures sur des thèmes divers, sans éléments en main, pour en faire l'évaluation. Parler de choix stratégiques et sécuritaires, indûment. La réponse est simple: C'est pour sortir de leur anonymat, apparaitre à la télévision, épater leur famille et accessoirement se manifester auprès « de qui de droit », sait-on jamais. Oui mais nous, on a rien à faire de leur égo. Car, les choses étant aujourd'hui ce qu'elles sont, c'est-à-dire très graves, et l'attaque d'In Amenas en est l'illustration, il n'est plus tolérable de laisser n'importe quel discoureur, intervenir sur une quelconque chaîne et semer la confusion. A fortiori une chaîne de télé arabe, celle par exemple « qui nous veut du bien ». Celle qui n'a de cesse de vouloir s'installer chez nous. Celle qui excelle dans l'art de s'attacher les services de ce type de « khabir », « moukhtass fi echououne kada oua kada » ou « bahit acadimi ». Celle qui se fait très justement recaler à chaque fois, eu égard, à ses visées anti-Algériennes et ses velléités d'exportation de révolution. De ce qui précède il ne nous reste qu'à organiser d'ores-et-déjà notre défense, dans cette guerre annoncée de la communication, en commençant à demander poliment, à Monsieur Harraoubia, de nous délivrer de « ces experts » : FAITES-LES TAIRE, MONSIEUR LE MINISTRE ! A défaut, si l'on doit se conformer à la liberté d'expression telle que consacrée dans notre pays, libre à eux d'aller pérorer sur tous les plateaux, à condition : «qu'ils précisent avant tout propos, qu'ils n'engagent que leur petite personne et que leur «expertise» ne reflète aucunement la position officielle de l'Algérie». Encore moins celle du citoyen lambda qui est, quoiqu'en pense ceux qui se sont arrogés son tutorat, capable d'avoir sa propre opinion sur de nombreuses questions engageant son avenir. Et beaucoup de ceux « qui se sont essayés à la politique lors de ces derniers scrutins » en savent quelque chose.