Une majorité de députés britanniques a dit «non» à une intervention militaire de leur pays en Syrie. Ce n'est pas seulement le souvenir, encore vivace, des méfaits de Tony Blair, le menteur, qui motive ce refus. Il est bien entendu difficile d'oublier les états de service des mensonges de Blair, caniche de Bush, qui se soldent par des centaines de milliers d'Irakiens tués et un Irak durablement déstabilisé et en voie de dislocation. Ces mensonges irakiens ont été si gros que l'ancien secrétaire d'Etat Colin Powell n'ose plus apparaître en public. Ce n'est pas le cas du menteur Blair qui continue, à ce jour, de justifier le carnage, assuré d'être un criminel de guerre qui jamais ne rendra compte. L'histoire a déjà jugé ce sinistre personnage et les députés britanniques qui ne l'ont pas oublié viennent d'enfoncer le clou. Mais M. Cameron ne doit pas se consoler en laissant croire que les députés britanniques ont voté contre Blair. Ils ont bien voté contre sa proposition d'attaquer la Syrie pour la simple raison que rien ne vient étayer les accusations lancées contre Damas d'avoir utilisé des armes chimiques. Cameron exprime une conviction mais il n'a pas, selon ses propres propos, la certitude à «100%». Une majorité de députés britanniques a tout simplement estimé aussi que l'intérêt national du pays ne se confondait pas automatiquement dans un suivisme aveugle des Etats-Unis dont Tony Blair a été l'illustration la plus humiliante. David Cameron a surtout pris acte du fait que le Parlement britannique exprime l'opinion publique du pays et a de ce fait renoncé contraint à une action militaire. «J'en prends note et le gouvernement agira en conséquence», a-t-il déclaré. Les députés britanniques ont tiré bien entendu la leçon du menteur Blair, ils seraient bien moqués s'ils n'en avaient pas tenu compte. Mais l'un des aspects les plus scandaleux dans le mensonge irakien a été la facilité avec laquelle la démocratie et la représentation parlementaire ont cédé aux manipulations des spin doctors et des va-t-en-guerre. La guerre contre l'Irak a été une agression impériale, elle a été aussi et profondément une défaite de la démocratie. Que M. Blair, Bush et les Dark Vador de la Maison Blanche ne soient pas traînés devant le Tribunal pénal international est une question de rapports de force. Mais au plan moral et politique, ces Occidentaux donneurs de leçons ont été littéralement disqualifiés. En infligeant un camouflet à David Cameron, les députés britanniques ont essayé de reprendre en main le rôle de la représentation nationale. Ils ne laissent pas faire par les spin doctors et par les médias embedded. Ils veulent avoir les vraies infos pas la propagande et ils se posent la question basique de leur intérêt à aller faire la guerre en Syrie. Il est clair que la «défection» de Cameron imposée par le Parlement britannique ne va pas dissuader Barack Obama de frapper la Syrie. C'est devenu comme une affaire de chef de gang de quartier, du moment que le chef a parlé de «frapper», il faudra frapper. Tant pis pour la vérité et les innocents. Il n'en reste pas moins que le refus des députés britanniques de se laisser embarquer dans une guerre que l'on justifie, sans preuve, par une intense propagande montre que les capacités de manipulations ont des limites. La démocratie résiste aux manipulateurs.