Avancée, au dernier moment, d'une semaine, la traditionnelle fête patronale ou la «ouâda» du saint marabout Sidi-Safi a eu lieu samedi dernier. Bravant la poussière soulevée par les chevaux, les gens sont venus, comme d'habitude, par milliers et de tous les coins de la région et même de l'étranger pour assister à la célèbre ouâda de Sidi-Safi, plus connu sous le nom de Bouchaâla. Fête religieuse ancestrale, cette ouâda qui s'est installée pour l'éternité dans les us et coutumes de toute la population locale et régionale, se veut un hommage à la mémoire de cet illustre descendant de Fatima-Zahra, fille du Prophète Mohamed (QSSSL). Solidement ancrée dans les traditions, la ouâda est aussi un lieu de rencontre, un rendez-vous pour oublier les querelles. Une fête commémorée depuis les temps anciens, dans un climat chaleureux et une convivialité fraternelle. Très populaire dans la région, cette manifestation socioculturelle est célébrée selon la Tarîqa El-Adrissia, une voie spirituelle très attachée à la doctrine du soufisme remontant au 17ème siècle. La matinée est souvent consacrée à l'accueil des invités et des cavaliers. Comme chaque année, il y a eu beaucoup de monde. Venus de tous les azimuts des vieux, des jeunes, des enfants accompagnés de leurs parents malgré la rentrée des classes. L'évènement le plus attendu est certainement la fantasia. Un spectacle grandiose donné cette année par près de 200 cavaliers venus de plusieurs wilayas. La fantasia s'est déroulée dans l'après-midi du samedi, sur un terrain situé à l'entrée ouest de la ville. Déjà vers 15h, des salves de baroud annoncèrent le début des festivités. Un plateau culturel riche en couleurs. Une ambiance avec ses traditions et ses pratiques qui, à chaque année, font dévoiler une bonne partie du patrimoine culturel pour le plus grand bonheur des invités. Comme dans toutes les manifestations de ce genre, le couscous est servi un peu avant le coucher du soleil. Pour tout dire, la ouâda de Sidi-Safi a un cachet particulier. C'est toute la population de cette agglomération qui participe au festin, appelé communément «el maârouf». Le couscous est servi sous des tentes dressées pour la circonstance ou dans les maisons. Côté culte, des groupes de tolba se forment pour la récitation de quelques versets du Saint Coran. C'est ainsi que pendant tout un après-midi et une partie de la nuit, les gens se retrouvent dans la joie, dans la vénération et dans la nostalgie. C'est ce qu'on appelle tout simplement le rendez-vous (ou el-ouâd), une rencontre pour, peut-être, pouvoir oublier ou tout simplement «effacer» les dits et les non-dits. Pour ceux qui veulent en savoir plus : la zaouïa de Sidi-Safi, située à mi-chemin entre Béni-Saf et Sidi-Safi, reçoit des visiteurs chaque jour depuis la nuit des temps. Ils viennent «chercher» la baraka. Les enfants maladifs, les bébés surtout, y trouveraient un soulagement.