Ce jeudi a eu lieu la traditionnelle fête patronale ou la «ouâda» du saint marabout Sidi Safi. Une fête perpétrée et commémorée depuis les temps anciens, dans un climat chaleureux et une convivialité fraternelle. Très populaire dans la région, cette manifestation socioculturelle est célébrée selon la tarîqa el-adrissia, une voie spirituelle très attachée à la doctrine du soufisme remontant au 17ème siècle. C'est ainsi que depuis 1997 elle se déroule au village qui porte le nom du saint fêté. La matinée fut consacrée à l'accueil des visiteurs dont un comité s'en est chargé. Comme les années précédentes, il y a eu beaucoup de monde. Des gens, vieux et jeunes, venus d'un peu partout même de l'Algérie profonde. Le moment le plus attendu est certainement, la fantasia. Un spectacle grandiose donné, cette année, par plus d'une centaine de cavaliers, venus de plusieurs régions de l'Ouest. La fantasia s'est déroulée dans l'après-midi, sur une aire située à l'entrée ouest de la ville. Déjà vers 15h, des salves du baroud annoncèrent le début des festivités de la ouâda de Sidi Safi. Un plateau culturel riche en couleurs. Une ambiance avec ses traditions et ses pratiques qui, à chaque année, nous font dévoiler une bonne partie du patrimoine culturel pour le plus grand bonheur des invités. Comme dans toutes les manifestations de ce genre, le couscous est servi un peu avant le coucher du soleil. La Ouâda de Sidi Safi a un cachet particulier : c'est toute la population de cette agglomération qui participe à ce festin appelé communément «maârouf». Le couscous est servi sous des tentes dressées pour la circonstance, dans les maisons et même à l'intérieur de la grande mosquée. Côté religieux, des groupes de tolba sont formés pour la récitation de quelques versets du Saint Coran. Cette séance reprend ses droits jusqu'à la prière d'El-Inchâ. Il y a aussi des hadiths et des «madaïh». C'est ainsi que pendant une journée et une nuit, les gens se sont retrouvés dans la joie, dans la vénération et dans la nostalgie. Ce qu'on appelle tout simplement le rendez-vous (ou el-ouâd), une rencontre dans la joie et l'harmonie. A travers la région, vous entendrez souvent appeler de Sidi Safi Bouchâalâ : ceci pourquoi ? Sid Essafi, de son vrai nom Sid Ahmed ould Sidi Brahim ould Sidi el-hadj Hamrelain, ould Sidi Benameur, ould Sidi Omrane, est issu de la famille El-Adarassa, famille descendante de Fatima-Zohra fille du Prophète Mohamed (QSSSL). Sidi Ahmed est né en 1720 près de Tighenif, plus précisément dans la localité de Sidi Kadda ben Mokhtar (Mascara), où il naquit au sein d'une famille modeste composée de 04 enfants qui étaient, dans leur majorité, des tolba. Ce prénom Es-Safi (qui signifie le saint), il l'hérita de son frère Mohamed. Lui aussi un homme sage, pieux et plein de bonté, qui réconciliait les hommes entre eux. Une zaouïa porte d'ailleurs son nom près de Tighenif. C'est entre 1750 et 1755, alors âgé d'à peine 35 ans, que Sidi-Ahmed (ou Sidi Safi Esseghir môl el kôba) vint s'installer dans cette région de Oulhaça Cheraga, autrefois connue sous le nom de Andak, encore sous l'empire du roi Ahmed Ben Khelifa, plus connu sous le pseudonyme Lazreg. Dans cette région, il fut respecté et très apprécié du fait qu'il fut un homme pieux et plein de bonté. Il réconciliait les femmes, les hommes et les tribus en réglant leurs différends. Devenu très influent et ayant conquis les cœurs des gens, il inquiéta quelque peu l'administration du colonisateur de l'époque -les Turcs- qui, pour l'éliminer, le condamnèrent à être brûlé vif dans un puits tari. Ses bourreaux ne s'en remettront jamais : jeté dans le puits en feu, Sidi Ahmed jaillit au milieu d'un autre puits mitoyen, plein d'eau cette fois-ci. Craignant une colère divine, le commandement turc ordonna sa liberté. Sidi Ahmed ne sera plus inquiété. Jusqu'à sa mort, vers le début du 19ème siècle, Sidi Ahmed ou Sidi-Essafi Esseghir se consacrera aux bonnes causes. Aujourd'hui, sa zaouïa, à mi chemin entre les communes de Sidi-Safi et Béni-Saf, connaît chaque jour des visiteurs. Les enfants malades y trouvent un soulagement certain, dit-on.