Le duo Hollande/Fabius n'a pas digéré d'avoir été mis sur la touche par John Kerry et Lavrov qui ont négocié sans les consulter le délicat dossier de l'arsenal chimique syrien et sont parvenus à un accord qu'à défaut de pouvoir dénoncer il en a salué du bout des lèvres le caractère positif et encourageant pour une issue politique à la crise syrienne. Il espère néanmoins toujours faire jouer à la France un rôle central dans les évènements qui sont attendus comme devant découler de l'application du plan américano-russe sur lequel il n'a pas eu son mot à dire. C'est l'objectif de l'offensive diplomatique et des déclarations médiatiques auxquelles se sont adonnés ces derniers jours le président français et son ministre des Affaires étrangères. Une agitation qu'un observateur non averti peut interpréter comme confirmant que Paris est en train de réussir un retour en force auprès des deux capitales américaine et russe qui ont fait du règlement de la crise syrienne leur domaine réservé. La réalité est cependant toute autre ; car si Washington a consenti à ménager la susceptibilité offensée de Paris en dépêchant John Kerry auprès de l'Elysée et du Quai d'Orsay et que Lavrov va recevoir aujourd'hui Laurent Fabius il n'en restera pas moins que le succès ou l'échec du plan américano-russe dépendra de ce dont ont convenu secrètement entre eux, au nom de leurs Etats, John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov. Le duo français n'est pas dupe des résultats qu'obtiendra son agitation diplomatique et médiatique. Elle ne vaut pas en tout cas à la France un succès quelconque dans sa tentative de dissiper internationalement la méfiance et la grande réserve que sa position ultra interventionniste et franchement sans retenue lui a valu au sein de la communauté internationale. Ce qu'en espèrent ces deux acteurs est qu'elle crée l'illusion au sein de l'opinion française que leur pays, grâce à leur persévérance et à leur « habileté » diplomatique, revient par la fenêtre dans un conflit dont il a été chassé par la porte. Mais les Français se sont convaincus à juste titre que le duo Hollande/Fabius, depuis le début ont lamentablement positionné la France dans le conflit syrien, en partie par inexpérience, et en n'ayant pas mesuré que des enjeux aussi cruciaux pour l'Amérique et la Russie les deux pays préféreront lui apporter une solution réciproquement satisfaisante. 60% d'entre eux ont estimé déplorable et humiliante pour la France la gestion du conflit par la paire Hollande/Fabius. Et ce n'est pas parce que Hollande les a regardés dimanche « les yeux dans les yeux » pour tenter de les convaincre du contraire qu'ils vont changer d'opinion. Au contraire, la lecture que leur président a faite pour eux de la pièce diplomatique qui se joue autour du conflit syrien les conforte dans leur jugement que la France n'est qu'un partenaire de second rang qu'Américains et Russes ont convenu de mettre devant le fait accompli dont ils ont arrêté les étapes et les gestes qui vont le rendre irréversible. Malgré la suffisance de leur posture publique, Hollande et Fabius ont amèrement compris qu'ils sont réduits à celle de « Don Quichotte » et ont tenté pathétiquement et dérisoirement à la fois de la valoriser en allant quêter « l'appui » de la Chine. Fabius n'a eu droit à Pékin qu'à un intérêt poli dont n'ont pas été exclues des piques ironiques sur la « place et l'influence » spécifiques de la France sur la scène internationale.