« Pour une première en Algérie, le patronat, composé de neuf organisations, va parler d'une même voix lors de la prochaine tripartite, qui se tiendra probablement à la fin du mois ou au plus tard le 3 octobre prochain», a déclaré hier Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), au micro de la Chaîne 3. Plusieurs réunions de préparation de la prochaine tripartite, qui sera presque entièrement consacrée à l'économie nationale, ont été organisées au siège du FCE pour «examiner les dossiers qui seront présentés au gouvernement», a indiqué Réda Hamiani. Soucieux de consacrer ce qu'il a appelé «une volonté de dialogue et de concertation», le président du FCE a parlé d'un «moment historique où le patronat va dialoguer sérieusement avec le gouvernement, auquel nous comptons présenter deux documents bien distincts », a-t-il dit. Le premier document, à portée politique, concerne «la stratégie globale à mettre en œuvre avec le gouvernement au sujet du rôle que doit jouer notre industrie, et le soutien à apporter à l'entreprise algérienne, même si une certaine convergence de points de vue se dégage avec nos partenaires de la tripartite», a encore expliqué l'invité de la radio. Le second document, «plus opérationnel», concernera lui «l'ensemble des suggestions que le patronat souhaite mettre sur la table pour améliorer le climat des affaires et tirer la croissance vers le haut, l'objectif final étant de sortir du piège de la dépendance de l'extérieur», a ajouté Réda Hamiani. Au sujet des résultats attendus de la prochaine tripartite, le président du FCE a émis le vœu de voir les autorités du pays «lever quelques ambiguïtés et anticiper sur la conduite à adopter en matière de politique économique à l'horizon 2020-2030». L'autre souci du patronat est aussi d'arriver, lors de cette 15ème tripartite, à une évaluation générale de la situation du pays, en partant du «doing business de 2011, composé de deux cents points», a expliqué Réda Hamiani, regrettant, au passage, le «net décalage entre la volonté affichée du gouvernement et la réalité du terrain, matérialisée par une administration qui traîne les pattes», a-t-il dit. Exprimant le vœu de voir le PM, Abdelmalek Sellal, changer de cap pour «mettre en adéquation les mesures prises avec la réalité du terrain», le président du FCE s'est dit optimiste au vu de ce qu'il a appelé le «style de gouvernance de M. Sellal, fait de pragmatisme et de réhabilitation du rôle de l'administration, une démarche que nous apprécions énormément», a-t-il déclaré. Face au constat fait par les experts concernant la fragilité de l'économie algérienne mono-exportatrice, Hamiani a expliqué que cela «est principalement dû à la lenteur des réformes engagées depuis longtemps, mais sans incidence réelle sur le terrain de la réalité», a-t-il martelé. Estimant que «seul le retour de la confiance chez les différents acteurs du développement économique est capable d'impulser une nouvelle dynamique, à même de tordre le cou aux nombreux dysfonctionnements et autres handicaps dressés sur le chemin de la relance économique, avec en point de mire la signature d'un pacte économique et social stable et à longue durée», a-t-il affirmé. L'instabilité du cadre juridique en matière de politique économique, la lourdeur des procédures trop complexes, la nécessité de changer de mentalité pour se tourner résolument vers l'avenir, l'impérieuse reconsidération du rôle de l'administration, véritable talon d'Achille dans la conduite des affaires économiques, le «tournant» pris par le nouveau gouvernement dans la facilitation de l'acte d'investir, l'inversion de l'équation en faveur de la production nationale plutôt que le tout-importation, le partenariat public-privé, la reprise de la base industrielle du pays et la réouverture des entreprises fermées, la réintroduction ou non de la demande d'importation à la demande de l'UGTA ont été les autres points débattus par Réda Hamiani.