Alors qu'une partie de la clas-se politique en est encore à s'interroger si Bouteflika envisage de briguer un quatrième mandat malgré son état de santé qui est jugé en ce milieu comme étant un handicap ne lui permettant plus de remplir pleinement ses fonctions présidentielles, l'intéressé a depuis son retour au pays été à l'origine de la reprise au pas de charge des commandes du FLN par ses inconditionnels au sein de ce parti et l'inspirateur de l'opération de même nature qui est en train de se développer à l'intérieur du RND, l'autre machine électorale à disposition du pouvoir. Cette normalisation dont ont fait l'objet les deux principaux partis du pouvoir s'est accompagnée d'un remaniement gouvernemental par lequel Bouteflika a placé aux postes ministériels les plus sensibles, pour ce qui est de l'organisation et de l'encadrement d'une consultation électorale, des personnalités qui lui sont inconditionnellement acquises. Enfin et contredisant tout ce qui s'est dit sur sa supposée impuissance à s'imposer au DRS présenté comme étant résolument opposé à un quatrième mandat pour lui, le président a procédé par touches successives à sa neutralisation en tant que force susceptible de contrecarrer un tel projet s'il venait à prendre forme. Si tout cela n'est pas suffisant pour éclairer la «comprenette» des acteurs politiques sur le scénario électoral qui a les faveurs de Bouteflika, la soudaine et manifestement orchestrée agitation dont font montre les traditionnels et professionnels «chauffeurs de bendir» devrait dissiper leur naïve croyance en l'impossibilité d'un quatrième mandat. Leur incrédulité fait le jeu du concerné qui par son silence sur ce qui a trait à ses intentions pour l'échéance présidentielle les conforte en leur attitude dont quand ils se départiront il sera trop tard pour eux pour espérer peser d'une quelconque façon sur le cours des événements. Malade et comme ils le prétendent dans l'incapacité de briguer sa succession, Bouteflika n'en est pas moins parvenu à tétaniser ces milieux et à les enfermer dans un attentisme qui les fait apparaître aux yeux de l'opinion comme d'impénitents velléitaires sur le courage desquels il ne faut pas trop tabler pour bousculer les desseins de Bouteflika et de son clan. Quand ils se feront à l'évidence de ceux-ci et à celle de l'ineptie de la croyance qu'ils ont eue en de divergences de fond entre les clans du pouvoir sur lesquelles il leur sera possible de jouer contre le président sortant et le sien, certains d'entre eux s'enfonceront encore plus dans le silence qui leur a servi de stratégie n'occultant pas l'éventualité qu'il leur soit fait appel en tant que «recours». La plupart des autres s'arrangeront pour «changer de veste» et échafauder les arguments «imparables» avec lesquels ils justifieront leur retournement. C'est l'honneur d'une poignée d'acteurs politiques d'avoir ouvertement et sans attendre le feu vert de quiconque des cercles du pouvoir pris position contre un quatrième mandat pour Bouteflika et qui tentent d'insuffler et d'organiser une alternative à cette néfaste «fatalité». Ils ont le mérite de la cohérence en ce qu'ils développent contre cette perspective et dans leur démarche pour tenter de lui faire barrage. L'ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour en est un symbole dont il faut saluer la constance et la détermination même en ne partageant pas obligatoirement le programme qu'il a conçu et propose aux Algériens.