Des indices de plus en plus précis font croire que le Président Bouteflika se portera candidat à sa propre succession en 2014. Des acteurs politiques qui estiment que cette option sera désastreuse pour le pays tentent d'y faire barrage. Trois personnalités politiques, farouchement opposées à la gestion qualifiée de «chaotique» du chef de l'Etat, lancent un appel pour une alliance stratégique entre les forces du changement. Les signataires de cette initiative, en l'occurrence Ahmed Benbitour, Soufiane Djilali et Mohamed Mechati, veulent faire du prochain scrutin une occasion pour amorcer un changement pacifique en Algérie. Lors d'une conférence-débat animée à la salle Zinet de Riadh El Feth, l'ex-chef de gouvernement et premier candidat déclaré à la présidentielle de 2014, M. Benbitour, et le président du Parti Jil jadid, M. Djilali, ont dressé un tableau des plus critiques de la situation qui prévaut actuellement dans le pays. Pour eux, l'autoritarisme et le pouvoir personnel ont dénaturé les institutions de notre pays et causé également leur paralysie. «Si la situation actuelle perdure, nous allons vers une explosion sans précédent. Pour y remédier, un changement pacifique s'impose pour sortir le pays de ce gouffre», expliquent les deux hommes. De l'avis des conférenciers, Bouteflika est responsable de la crise que vit notre pays aujourd'hui, il n'est donc pas question de le laisser briguer un quatrième mandat. Benbitour et Djilali appellent les forces concernées par le changement, notamment «les personnalités politiques indépendantes, les partis politiques, les candidats potentiels à la prochaine élection présidentielle ainsi que toutes les autres composantes de la société civile, à la formation d'une alliance stratégique entre les forces du changement». Un changement qui devrait se faire d'abord à travers la mobilisation des citoyens, inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants, autour de trois points essentiels. Il s'agit en premier lieu de dire «non à un quatrième mandat du chef de l'Etat en exercice, non aussi à l'allongement du mandat actuel, au rejet du projet de révision de la Constitution et enfin s'opposer à la manipulation des résultats de l'élection présidentielle d'avril 2014», énumère un appel rendu public à l'occasion. Il s'agit également, de l'avis de Benbitour, de travailler à éviter et à contrer, dans toute la mesure du possible, les dérapages prévisibles vers la violence, dans la situation actuelle de gestion irresponsable des affaires publiques et enfin définir un «code d'honneur» pour une élection présidentielle transparente et pour l'ancrage du pays dans un système démocratique au service exclusif du peuple. Cette initiative signée par les trois (Mohamed Mechati n'a pas pu assister à la conférence-débat) n'est pas une alliance électoraliste ni politique, mais se veut, selon Benbitour, une sonnette d'alarme quant au danger d'un quatrième mandat pour Bouteflika. «Durant ses 14 ans de règne, qu'est-ce qu'il a fait ou apporté à l'Algérie ?», s'est interrogé M. Djilali. Pour lui, le bilan de Bouteflika est un «désastre» et s'il n'y avait pas le pétrole, la situation aurait été plus catastrophique. Selon Soufiane Djilali, le pays sombre dans une anarchie indescriptible. «La rupture entre le pouvoir et la nation est consommée», affirme le président de Jil Jadid. «Nous avons subi un acte de guerre, des étrangers sont rentrés par la frontière et ont frappé le cœur de l'économie, et le Président n'a pas soufflé mot. Bouteflika a-t-il la capacité de gérer les affaires du pays ?», s'est-il demandé.