L?ancien Premier ministre Ahmed Benbitour, candidat à l?élection présidentielle, a rendu public le «manifeste pour l?Algérie», mais refuse de le présenter en tant que programme électoral. Le manifeste s?adresse, selon son rédacteur, à tous les Algériens et toutes les Algériennes «conscients de la gravité de la situation», reprenant ainsi la même analyse livrée depuis quelques semaines. Il met en garde contre la reconduction de cette situation qui pourrait faire «exploser le pays» ou faire perdurer «la régression et le statu quo». Benbitour prône alors le changement qui ne pourrait intervenir que grâce à «un partenariat» qui ne saurait signifier «un partage du pouvoir ou autres cohabitations malsaines au nom d?un quelconque gouvernement d?unité nationale dont les pratiques et malversations ne sont plus à décrire». Selon lui, l?armée ne doit ni «reproduire le passé ni observer le silence en signe de neutralité», mais « démilitariser les esprits et contribuer, avec d?autres acteurs politiques, économiques et intellectuels ainsi que les médias, à un engagement irréversible du pays vers une transition démocratique». «Nous sommes tous responsables du labyrinthe dans lequel nous nous retrouvons actuellement», écrit Benbitour qui ne disculpe pas la société civile de sa participation à ce malaise. La société civile doit d?ailleurs s?impliquer dans la constitution «d?un front patriotique de transition» qui induit la mise en place d?un «vaste programme de bonne gouvernance» pour endiguer la crise au bout d?une année et achever la transition en 2005, à la suite de quoi il y aurait des élections locales et législatives. Tous les acteurs de la société : armée, associations, partis, doivent, selon lui, s?allier autour de ces objectifs et empêcher de la sorte Bouteflika d?accéder à un second mandat présidentiel. D?ailleurs, Benbitour pense que le règne de Bouteflika est caractérisé par «l?enterrement de la presse indépendante et les partis d?opposition». Le document de Benbitour se veut une vision et un projet pour mettre en place «les mécanismes de l?alternance au pouvoir», thème autour duquel peuvent se fédérer d?autres composantes de la classe politique et de la société civile.