En application de l'accord auquel elle a souscrit, sur le placement sous contrôle international de l'arsenal chimique syrien, Damas a très rapidement fait parvenir à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OAIC) chargée d'encadrer cette opération une liste de ses stocks dont le détail a aux dires d'un haut responsable américain « agréablement » surpris l'administration US parce que plus complète que ce qu'attendaient les responsables de celle-ci. C'est une preuve que Bachar El-Assad a décidé d'exécuter scrupuleusement les engagements pris par son régime dans le cadre de l'accord précité. Un comportement qui fait tomber à l'eau l'argument présupposé des Occidentaux de la mauvaise foi du régime syrien sur lequel ils s'appuient pour réclamer au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution sur la Syrie placée sous le chapitre VII de la charte de l'ONU qui reviendrait à légitimer le recours à l'intervention militaire contre ce pays en cas de « manquement » à ses engagements. Il conforte en tout cas l'opposition des alliés du régime syrien au sein du Conseil de sécurité au vote d'une telle résolution, qui s'en prévalent comme démonstration de sa sincérité. Washington mais surtout Paris continuent néanmoins à faire le forcing auprès de Moscou pour tenter de l'emmener à accepter la référence au chapitre VII. Le Kremlin a mal pris l'insistance américano-française que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a qualifiée de « chantage » à la Russie. Pour le chef de la diplomatie russe, la « position arrogante » de ces partenaires occidentaux est une menace sur le processus qui a commencé pour placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle international. Moscou n'est pas dupe que les Occidentaux n'ont pas renoncé à l'idée d'une action militaire contre le régime syrien même si celui-ci se conforme en tout point aux stipulations de l'accord sur son arsenal chimique. Lavrov le leur a crûment reproché en les accusant d'être « aveuglés » par l'idée de faire tomber ce régime. Ils sont effectivement si obnubilés par le projet qu'ils poursuivent en Syrie qu'ils rejettent tous les gestes de bonne volonté dont Damas a été l'émetteur pour montrer sa disposition à aller vers une solution politique négociée au conflit qui ravage la Syrie. Leur entêtement, Lavrov, encore lui, l'a mis au compte de l'intérêt pour eux de prouver « leur supériorité » à l'égard de son pays qui ne cherche lui « qu'à résoudre le problème des armes chimiques ». Washington sait parfaitement que l'accord russo-américain sur la Syrie exclut la référence au chapitre VII de la charte des Nations unies mais s'est vue obligée par Paris à en faire la lecture belliqueuse qui cadre avec la posture ulra-interventionniste adoptée par François Hollande et son calamiteux ministre des affaires « étranges ». Ce qui ne fait que confirmer la dangereuse propension des Occidentaux à n'interpréter la légalité internationale que sous le prisme de leurs intérêts. S'il fallait aux Russe la confirmation de cet état de fait qu'ils ont constaté à leurs dépens dans les crises du Kosovo et de Libye, les Occidentaux la leur ont fournie en s'adonnant à une lecture spécieuse du contenu de l'accord sur l'arsenal chimique syrien ouvrant pour eux, si elle est acceptée par les alliés de Damas, la voie à leur intervention militaire unilatérale et sans lien réel avec le sujet de cet accord. Autant dire qu'avec leur fixation sur le but de guerre contre Damas, les Occidentaux ne sont pas prêts à obtenir le déblocage qui sortirait le Conseil de sécurité de sa paralysie sur la crise syrienne.