Lakshmi Mittal, le patron d'ArcelorMittal, s'est dit «très satisfait» du nouvel accord signé samedi avec le gouvernement et s'est engagé à développer «à long terme l'usine sidérurgique d'Annaba». Des promesses qui ressemblent à celles de 2001 lorsque l'ex-Ispat a pris 70% du capital d'El Hadjar. Et qui n'ont pas été pour autant respectées. Pour l'ex-patron du syndicat d'El Hadjar, Smain Kouadria, ArcelorMittal Annaba n'a pas rempli ses anciens engagements et son bilan dans le complexe sidérurgique d'El Hadjar est plutôt négatif. ArcelorMittal, dit-il, n'a pas consenti d'investissements «réels» et s'est contenté « d'opérations de replâtrage» et de «maintenance ponctuelle». Sur le plan des ressources humaines, ArcelorMittal a réduit le nombre des effectifs de moitié à 5 200 employés, à travers la mise à la retraite de milliers de travailleurs qui n'ont pas été remplacés, a-t-il indiqué à Maghreb Emergent. L'objectif fixé, de produire 1,5 million de tonnes d'acier par an pas, n'a été réalisé. La production qui tourne actuellement autour de 800.000 tonnes/an (soit son niveau de 2001) n'a dépassé le million de tonnes d'acier qu'une seule fois (1,2 millions de tonnes). Pourtant, en en s'adjugeant en 2001 les 70% des actions du complexe sidérurgique d'El Hadjar avec de nombreux avantages, comme un coût de l'énergie au rabais et des exonérations fiscales, ArcelorMittal s'était engagé à maintenir les effectifs et à rénover les installations du complexe, qui disposent d'une capacité théorique de 2 millions de tonnes/an pour atteindre les 1,5 millions de tonnes par an durant les 5 premières années. Interrogations des experts L'ex-syndicaliste, aujourd'hui député du PT (Parti des Travailleurs), estime que l'accord de 2001 a été mal négocié. « On n'a pas su défendre les intérêts de l'Algérie. Par contre, ce nouvel accord est bien négocié notamment avec la clause qui conditionne le désengagement à la réalisation de bénéfices sur 3 exercices précédents », a-t-il précisé. Pour d'autres experts, l'accroissement des parts de Sider - de 21% - via l'augmentation du capital du complexe d'El Hadjar suscite des interrogations. L'avocat d'affaires Nasr-Eddine Lezzar, a remarqué dans une déclaration à un confrère que l'euphorie de la « renationalisation» faisait oublier des éléments importants. « On oubliait dans l'enthousiasme beat qu'il devenait majoritaire dans le déficit et les pertes et que les caisses publiques algériennes renflouaient la trésorerie d'un groupe privé international (Arcelor) en cessation de paiement ». En septembre dernier, ArcelorMittal a perdu un procès au Sénégal pour « manquement grave à ses obligations contractuelles « concernant l'exploitation des gisements de minerai de fer dans la région de Famélé, un verdict dans ce sens, ayant été rendu par la chambre arbitrale de Paris. Mais pour de nombreux observateurs, demander des comptes à ArcelorMittal sur ses engagements est mal venu dans la conjoncture actuelle pour un pays en mal d'attractivité pour les IDE. L'option choisie épargne à l'Algérie « un nouveau signal négatif en direction des investisseurs étrangers.» estime un observateur de la scène économique algérienne. CLAUSE DE GARANTIE L'accord passé entre le groupe public Sider et ArcelorMittal prévoit un plan d'investissement de 763 millions de dollars (600 millions de dollars crédit bancaire) dont 720 millions destinés au développement du complexe d'El Hadjar et 43 millions pour la réhabilitation des mines d'El Ouenza et Boukhadra. Une clause de l'accord prévoit également qu'ArcelorMittal s'engage à rester dans le capital de sa filiale algérienne pour une durée minimum de 7 ans. En cas de désengagement la cession des actifs (49 %) se ferait sur la base d'un prix prédéfini dans l'accord. « Ce prix est conditionné à la réalisation de bénéfices durant les 3 années qui précédent la sortie pour éviter la mauvaise expérience de OTA et Lafarge », affirme Smain Kouadria. Le management du complexe restera entre les mains d'ArcelorMittal tandis que la présidence du Conseil d'administration reviendra au groupe Sider.