La rencontre qui aura lieu aujourd'hui entre une délégation du bureau national du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST) et les responsables du ministère de l'Education nationale s'annonce sous de mauvais auspices. Les pouvoirs publics n'ont montré aucun signe d'apaisement pour adoucir le conflit qui oppose ce syndicat autonome au ministère de tutelle. Bien au contraire, les pouvoirs publics semblent opter pour une politique de l'intransigeance dans le but «de faire un exemple» aux autres organisations syndicales qui s'apprêtent à lancer de vastes mouvements de contestation à l'approche des échéances électorales pour arracher le maximum de gains. Les organisations syndicales ont compris que la conjoncture politique actuelle est le moment opportun pour contraindre les pouvoirs publics à satisfaire leurs revendications. Le gouvernement qui est désormais dans une posture délicate veut anticiper les mouvements de contestation en brandissant le bâton pour casser la grève entamée la semaine dernière par le Cnapest. Preuve de cette politique de l'intransigeance, le sit-in national du Cnapest qui devait se tenir mercredi matin a été étouffé dans l'œuf par les forces de l'ordre qui ont reçu des consignes strictes pour interpeller n'importe qu'elle personne s'aventurant dans le périmètre de l'annexe (direction des ressources humaines) du ministère de l'Education nationale à Ruisseau. Des militants de cette organisation syndicale ont été embarqués mercredi par dizaines dans des bus par les policiers. Ils ont été ensuite dispatchés dans des zones périphériques de la capitale : Birtouta, Chéraga, les Annassers et Oued Semmar. Même le coordinateur national et les membres du bureau national de cette organisation syndicale n'ont pas été épargnés. La Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) a vivement dénoncé, dans un communiqué de presse, les «entraves de toute nature à l'exercice des droits des travailleurs». La LADDH a aussi rappelé que les droits de manifester sont des droits consacrés par la Constitution et les conventions internationales relatives aux droits de l'homme ratifiées par l'Algérie. La ligue a appelé les autorités à ouvrir le dialogue avec les enseignants et permettre une reprise normale des cours dans le respect de la dignité de l'enseignant et des élèves. Des associations des parents d'élèves ont, de leur côté, dénoncé le durcissement du bras de fer entre le Cnapest et la tutelle qui prend en otage les élèves. Cependant ces appels à l'apaisement ne trouvent pas écho auprès du ministère de tutelle qui a instruit les directions de l'Education à procéder à des ponctions sur les salaires des grévistes. Du côté du Cnapest, l'heure n'est pas à l'apaisement. Les délégués syndicaux restent déterminés à aller jusqu'au bout de ce mouvement de contestation et ce n'est pas la violence du traitement infligé aux militants qui va les dissuader à opter pour la surenchère. Il est à rappeler que le Cnapest avait entamé un mouvement de grève illimitée depuis lundi pour revendiquer notamment la révision du statut des travailleurs de l'éducation, la réhabilitation des anciens enseignants privés de promotion faute de diplôme universitaire, le dossier de la médecine du travail, le logement et la prime de zone.