Le classement des opérateurs mobiles dans l'attribution «provisoire» de la licence 3G+ a donné une longueur d'avance à Mobilis sur ses concurrents Nedjma et Djezzy, respectivement deuxième et troisième. Mais la véritable bataille pour attirer le plus d'abonnés se jouera certainement sur la qualité du réseau et l'innovation dans les services offerts aux «mobinautes» algériens. La présence de l'opérateur public sur l'ensemble du territoire en terme de couverture GSM (de 2e génération), ainsi que les investissements déjà consentis dans le cadre de la première licence de téléphonie mobile et ceux à venir pour la licence 3G+, ont été les éléments clés de la pole position accordée à Mobilis (filiale d'Algérie Télécom). Selon la ministre de la Poste, des Technologies de l'Information et de la Communication (MPTIC), Mme Zohra Derdouri, l'ordre d'attribution des licences 3G+ aux trois opérateurs, par l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), a été établi selon des «critères objectifs » basés sur « plusieurs facteurs », notamment « ce qui a été réalisé par ces opérateurs dans le cadre des licences GSM (2G), leurs projets par rapport à la 3G+, leur déploiement ainsi que les moyens et les investissements qu'ils comptent engager», a indiqué Mme Derdouri en marge de la cérémonie d'attribution provisoire des licences 3G+ qui s'est déroulée lundi dernier. Ainsi, et outre les quatre wilayas (Alger, Oran, Constantine et Ouargla) qui seront ouvertes dès le départ à la concurrence des trois opérateurs, la première place décrochée par Mobilis permettra à l'opérateur public de choisir les fréquences et le lot (parmi les trois désignés par le cahier des charges) de wilayas qu'il considère le plus rentable pour son déploiement. Pour rappel, selon le cahier des charges, les 44 wilayas restantes ont été divisées en trois lots. Le premier lot comprend Blida, Tlemcen, Tizi-Ouzou, Annaba, Sétif, Chlef, Batna, Bejaia, Jijel, Skikda, M'Sila, Mascara, Bordj Bou-Arreridj, Tipaza, Boumerdès et Mila. Le deuxième lot est composé des wilayas de Biskra, Djelfa, El Oued, Adrar, Laghouat, Bechar, Tamanrasset, El-Bayadh, Illizi, Tindouf, Naâma et Ghardaïa. Et le troisième lot couvrira les wilayas restantes, à savoir : Oum El-Bouaghi, Bouira, Tébessa, Tiaret, Saïda, Sidi Belabbès, Guelma, Médéa, El-Tarf, Tissemsilt, Khenchla, Aïn-Defla, Souk-Ahras, Aïn-Temouchent et Relizane. A LA CONQUETE DES WILAYAS Cependant, les wilayas acquises par chacun des trois opérateurs, dans le cadre de l'exclusivité territoriale accordée pendant une année par le cahier des charges, seront ouvertes à la concurrence après cette durée au bout de laquelle les opérateurs peuvent se lancer dans la conquête des autres territoires. Selon la ministre, les trois opérateurs seront « présents assez rapidement » dans toutes les wilayas d'Algérie. Le processus de couverture de l'ensemble des wilayas, tel que fixé par le cahier des charges, table sur une durée de cinq ans après l'attribution définitive des licences. La couverture totale de l'ensemble du territoire national interviendra d'ici 2018. Cette concurrence, qui sera ouverte au bout d'une année sur l'ensemble du territoire, se jouera certainement sur la qualité et la fiabilité des réseaux de la 3G+ établis par chacun des trois opérateurs, mais également sur le degré d'innovation des services offerts aux abonnés. Si le tarif de l'abonnement sera un facteur très important dans le choix de l'opérateur par les mobinautes, il n'entrera en compte qu'à partir de la deuxième année de déploiement de la 3G+, soit après l'ouverture à la concurrence de l'ensemble des wilayas pour tous les opérateurs. Une année semble donc suffisante pour Mobilis, Nedjma et Djezzy, d'affûter leurs tarifs, qui seront probablement déclinés en différentes offres, pour capter le maximum d'abonnés. La ministre a, d'ailleurs, confirmé lundi dernier que la tarification sera «décidée par la concurrence» entre les trois opérateurs, précisant toutefois que l'ARPT va contrôler les coûts afin qu'ils ne soient pas excessifs. Mais, pour cela, il faudra donc que le régulateur algérien de la Poste et des Télécommunications établisse d'autres « critères objectifs » pour pouvoir juger du seuil à partir duquel les tarifs proposés par les opérateurs deviennent excessifs. LA BATAILLE DE L'INNOVATION La commercialisation de la 3G+ est prévue dès le 1er décembre prochain. Les trois opérateurs se disent déjà prêts. Mobilis a dès lundi dernier lancé une campagne de publicité radiophonique donnant rendez-vous à ses futurs abonnés de la 3G+ au premier jour de décembre 2013. Lundi dernier, le PDG de Mobilis, Saad Damma, a affirmé que l'opérateur public est déjà « prêt » à offrir les « meilleures prestations » de la 3G+ à ses abonnés. Concernant la tarification, Saad Damma a indiqué qu'il y aura plusieurs tarifs selon la formule proposée, ajoutant que ces tarifs « peuvent baisser lorsque le nombre d'abonnés atteindra un certain seuil ». De son côté, Joseph Ged, le directeur général de Nedjma, classé second dans le verdict de la Commission d'appel à la concurrence de l'ARPT, s'est dit lui aussi « prêt » pour le lancement effectif de la 3G+ en décembre prochain. «Nous allons être les premiers à mettre en place de nouveaux services sur le marché algérien», a-t-il déclaré, annonçant même des « surprises pour le consommateur algérien». Satisfait aussi « d'être dans la course en se positionnant troisième dans l'attribution des licences 3G+», le directeur exécutif de Djezzy, Vincenzo Nesci, a exprimé sa reconnaissance aux « autorités algériennes » d'avoir permis à l'opérateur « d'obtenir sa licence », a-t-il déclaré en marge de l'annonce des résultats, ajoutant que son entreprise s'attellera à « faire le nécessaire pour l'installation et la mise à jour des équipements». Les trois opérateurs ont conscience que la véritable bataille se mènera sur le terrain de l'innovation et des applications liées à la 3G+. Djezzy a déjà annoncé qu'elle établira des accords avec des sociétés de développement d'applications mobiles, et d'aller à la recherche de sous-traitants pour lui fournir une base de services du haut débit mobile. Mobilis, par la voix de son PDG, a annoncé il y a près de deux semaines, qu'il allait conclure, d'ici la fin de l'année, la signature d'une convention avec l'Ecole supérieure de l'Informatique (ESI Oued Smar) pour accompagner les diplômés dans des projets de création de Startups. « A travers cette convention, nous avons décidé de mettre en valeur notre activité de découverte de talents et de les aider à créer des petites entreprises dont l'activité peut entrer en interaction avec les métiers d'un opérateur 3G », avait déclaré le PDG de Mobilis.