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La participation de l'Iran «naturelle et nécessaire»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 28 - 10 - 2013

Le plus sûr moyen de faire capoter la tenue de la conférence internationale de Genève II sur la Syrie est que les Occidentaux et les Etats régionaux alliés de l'opposition persistent à refuser la participation à celle-ci de l'Iran, allié stratégique du régime de Damas. C'est en tout cas la conviction de l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi qui lui a fait déclarer que la participation de l'Iran à cette conférence est « naturelle et nécessaire ».
Le choix de ces deux qualificatifs par le diplomate international pour la justifier n'est pas simple clause de style. Les termes utilisés par lui reflètent l'exactitude d'une réalité. A savoir que la participation de l'Iran est « naturelle » parce que ce pays appartient à cette région dans laquelle les rapports de force sont impactés par l'évolution du conflit syrien. Qu'elle est « nécessaire » parce que l'Iran est allié stratégique régional du régime de Damas et qu'il ne peut lui être exigé de se désintéresser de ce qui peut advenir à celui-ci.
La conférence de Genève II est censée devoir réunir les protagonistes syriens du conflit en présence de leurs protecteurs internationaux et régionaux dont l'influence sur les camps syriens respectifs est susceptible de jouer en faveur des concessions que chacun devra faire en vue d'une solution politique de leur conflit. Pourquoi alors seul l'Iran en serait exclu alors qu'apparaissent « normales » les participations de l'Arabie Saoudite et du Qatar, voire même d'Etats occidentaux dont la seule explication à leur présence à Genève II est l'hostilité sans retour qu'ils vouent au régime de Bachar El-Assad. Lakhdar Brahimi dit juste quand il estime « naturelle et nécessaire » la présence de l'Iran à la table des négociations. Le problème est qu'il doit en convaincre ceux qui s'y opposent.
Depuis que Washington et Téhéran ont esquissé des ouvertures qui ont suscité des prémices de dégel dans leurs relations, la première a laissé entendre que les Etats-Unis n'excluent plus avec la même radicalité une participation de l'Iran aux négociations de Genève II. Ce qui doit conforter Brahimi à recommander la présence de ce pays. Ce qu'il a probablement fait auprès des Qataris et des Turcs chez qui il s'est rendu dans le cadre du périple qu'il a entrepris dans la région. A Istanbul, il a usé du même exercice face au chef de « l'armée syrienne libre » et d'autres dirigeants des combattants anti-régime. Lesquels persistent non seulement dans le refus d'une participation iranienne, mais aussi au principe d'une négociation avec les représentants du régime de Damas. Cela parce qu'encouragés par Ryadh obsédé par son projet de faire tomber le régime de Damas et d'affaiblissement de l'influence iranienne dans la région.
Téhéran qui a été présenté comme l'obstacle à une solution politique de la crise syrienne fait preuve de dispositions qui affolent la monarchie saoudienne car elles contredisent sa présentation de l'Iran par laquelle elle justifie son rôle dans le conflit. Depuis l'élection de Rohani à la présidence de l'Iran, Téhéran a multiplié les signaux et gestes exprimant la disposition iranienne à traiter autrement que par la confrontation ses problèmes avec les Occidentaux et les pays de la région. La peur panique des Saoudiens de voir leurs alliés et protecteurs occidentaux s'engager dans un dialogue avec l'Iran leur a fait durcir leur position sur le conflit syrien et les pousse à faire obstacle par tous moyens à un rapprochement avec Téhéran, quitte à s'allier ouvertement avec Israël qui poursuit le même objectif de « containement » de la puissance régionale qu'est devenu l'Iran.


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