François Hollande qui doit se rendre dimanche en visite officielle en Israël n'a pas de soucis à se faire sur l'accueil qui lui sera réservé. Il n'a pas à craindre en effet un boycott de sa visite par quiconque dans ce pays, comme l'en avait menacé le président de la Knesset (Parlement israélien) mécontent qu'il n'ait pas prévu durant son séjour de s'adresser à l'institution qu'il préside comme l'avait fait son prédécesseur Nicolas Sarkozy. Tel-Aviv déroulera au contraire le tapis rouge et encensera de façon marquée l'hôte français. Et pour cause, François Hollande et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius sont désormais considérés en Israël comme des alliés fiables de l'Etat sioniste après avoir fait capoter les négociations de Genève sur le nucléaire iranien. Tout comme Tel-Aviv, Paris ne voulait pas d'un accord sur cette question qui n'aurait pas donné pleine satisfaction à l'Etat sioniste à son exigence de la renonciation pure et simple par l'Iran à son programme nucléaire. Par sa «fermeté», elle a par conséquent empêché la conclusion d'un accord entre les cinq + 1 et l'Iran qui était pourtant apparu possible aux autres Etats occidentaux membres des cinq + 1 au vu des ouvertures et gestes de bonne volonté faits en leur direction par la nouvelle direction de la République islamique présidée par Hassan Rouhani. Ce faisant, Hollande s'est acquis la reconnaissance des Israéliens d'avoir été à contre-courant de la dynamique de rapprochement qui s'est fait jour dans les relations irano-occidentales dont ils redoutent des conséquences négatives pour la «sécurité nationale» de leur Etat. La question se pose de savoir si après s'être distingué dans la défense de « l'intérêt national » d'Israël sur le dossier du nucléaire iranien, François Hollande auréolé de la confiance dont il bénéficie désormais auprès de Benyamin Netanyahu et de la classe politique israélienne osera montrer autant de « fermeté » face à eux sur le dossier palestinien dans lequel l'Etat français défend une position qui irrite et indispose en Israël. Ce qui n'est pas sûr qu'il fera au vu de la réaction française très simple voire carrément inaudible aux provocations israéliennes à l'endroit des Palestiniens visant à provoquer le retrait de ces derniers de la table des négociations qui ont pris la forme d'autorisations accordées par le cabinet Netanyahu à la réalisation de vastes projets d'extension de la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Mahmoud Abbas à qui François Hollande rendra visite à Ramallah ne manquera pas de lui demander une condamnation ferme et sans équivoque de ces provocations. Hollande ne pourra faire l'impasse sur le sujet mais il nous semble clair qu'il s'y prendra pour ne pas «braquer et fâcher» ses amis israéliens à qui il cherche à faire admettre et soutenir que la France a été et reste une puissance mondiale qui a son mot à dire sur les grands dossiers internationaux et spécialement ceux du Proche-Orient. Ce qui au grand dam de Paris n'est pas la vision des Etats-Unis et de la Russie qui n'acceptent pour la France qu'un rôle d'acteur à la marge. D'où le réveil d'un axe Paris - Tel-Aviv qui pour imposer ses vues n'hésite pas à saborder toutes les initiatives destinées à asseoir une paix au Moyen-Orient ne faisant pas la part belle aux «intérêts nationaux» de la France et d'Israël. Ce à quoi l'ont assiste dans le conflit syrien, sur la crise du nucléaire iranien et qui risque de se produire sur le dossier palestinien.