Parce que Nelson Mandela a été incontestablement le plus remarquable et fascinant combattant de la liberté au 20ème siècle et pour cela devenu l'icône à l'exemple de laquelle se ressourcent les militants qui se battent pour la même cause, il ne faut pas s'étonner que, lui disparu, sa mémoire est sujette à récupération par les ennemis de la liberté dans le but de semer le flou et le doute sur ce contre quoi il s'est battu et de qui il s'est senti proche et solidaire. Il faut démystifier cette tentative de récupération dont les prémices se sont manifestées à travers les hypocrites couronnes d'éloges que certains « grands » de la planète ont tressées à la mémoire du défunt. La plus révulsant par le cynisme qu'elle dévoile de son auteur est celle de l'Israélien Shimon Peres, président de l'Etat, qui fut le plus constant et indéfectible soutien du régime d'apartheid en Afrique du Sud contre lequel Mandela s'est battu. Quoi qu'en dise le président de l'Etat sioniste, Mandela et lui n'ont pas été dans le même camp, ils ne sont pas battus pour la même vision du monde et ne partageaient pas les mêmes valeurs. Donner à penser le contraire comme l'a fait Shimon Peres est une imposture morale et historique. En combattant le régime d'apartheid, Nelson Mandela et le peuple sud-africain ont eu contre eux l'Etat sioniste dont l'actuel président qui se targue d'être lui aussi combattant de la liberté. Pourtant jamais la voix de Shimon Peres ne s'est élevée contre l'alliance liberticide nouée par son pays avec le régime d'apartheid. Au contraire, il en fut l'un des inspirateurs et certainement le plus diligent à lui donner la redoutable efficacité qu'elle a revêtue dans l'oppression des combattants sud-africains de la liberté. Nelson Mandela s'est certes battu pour la liberté de son peuple mais son combat a aussi visé à celle des autres peuples opprimés dont le peuple palestinien. Ce peuple à qui il a affirmé avec toute la force de sa conviction que la liberté qu'il est parvenu à apporter à son pays l'Afrique du Sud «est incomplète sans la liberté des Palestiniens». Qui justement maintient le peuple palestinien sous l'occupation et la répression tout aussi odieuse que celle qu'a pratiquée le régime d'apartheid en Afrique du Sud : l'état d'Israël et les dirigeants qui comme Shimon Peres ont été ou sont à ses commandes. En louangeant la mémoire de « Madiba», Shimon Peres a cherché à travestir la position de l'Etat sioniste à l'égard de son combat et surtout à faire oublier qu'en étant le président d'Israël dans les prisons duquel croupissent des milliers de combattants de la liberté palestiniens, il n'est pas dans le camp auquel a appartenu le héros sud-africain mais dans celui de ceux qui l'ont combattu. Ce n'est certainement pas lui qui est en droit moral de revendiquer la moindre communion avec sa mémoire et le partage des idéaux. Comme cela serait admis alors que l'Etat qu'il préside est le dernier au monde à s'inspirer du régime d'apartheid contre les Palestiniens et qu'il est le «geôlier en chef» entre autres de l'immense combattant de la liberté pacifiste qu'est le Palestinien Marwan Barghouti en qui l'opinion internationale voit l'héritier de «Madiba» en raison de l'exemplarité et de la pureté morale de son combat et de ses convictions.