Fini «les déclarations de bonnes intentions» et «les visites de prospection répétées». Les officiels français évoquent des projets concrets. 13 accords ont été signés, hier, entre des entreprises algériennes et françaises, dans différents domaines, l'agriculture, l'agroalimentaire, l'énergie, les transports et la santé. Et ce, après un partenariat industriel qui est déjà engagé, avec des projets à l'exemple de l'usine Renault, la nouvelle usine Sanofi, l'unité de production de gaz industriel d'air liquide et la poursuite des investissements engagés par le Groupe Lafarge. Sans oublier le projet du Groupe Schneider Electric. «Nous sommes sur la bonne voie», a déclaré, hier, le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, à la clôture de la rencontre économique franco-algérienne organisée conjointement par le FCE et le MEDEF à l'hôtel Aurassi d'Alger. Il a également salué «les mesures prises par le gouvernement algérien qui ne peuvent que favoriser nos échanges, en améliorant l'environnement des affaires et en renforçant la sécurité juridique», a-t-il souligné. Les 13 accords signés entre les deux parties à l'issue de ce forum «sont un motif de satisfaction témoignant de l'avancée appréciable dans la mise en œuvre des partenariats entre les entreprises», précise pour sa part, notre Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Il s'est dit convaincu que «nous sommes capables d'évoluer ensemble vers une véritable coopération industrielle de nature à modifier la structure de nos échanges basés aujourd'hui sur les ventes de produits industriels à forte valeur ajoutée d'un côté, et achat d'hydrocarbures de l'autre». Abdelmalek Sellal a plaidé pour un partenariat industriel à la hauteur des volumes des échanges et à la hauteur des potentialités algériennes. Sur le plan purement économique, le président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), Jean Burelle, a affirmé que les entreprises françaises sont déterminées à aller de l'avant en nouant des partenariats industriels avec leurs homologues algériennes. Mais, il a tenu à préciser que les entreprises françaises sont disposées à conclure des partenariats en Algérie ou avec d'autres pays, avec les garanties d'«une sécurité juridique et avec moins de formalités administratives». Il insiste «les entreprises françaises ont besoin d'un cadre juridique stable pour mieux développer des partenariats». Il s'est dit en outre convaincu que le développement du partenariat industriel n'a pas besoin seulement de l'argent mais plutôt de la ressource humaine. «L'industrie a besoin de la classe ouvrière, des ingénieurs et des techniciens», dira-t-il avant d'expliquer que «c'est la raison pour laquelle notre délégation visitera aujourd'hui l'école polytechnique d'Oran». Le ministre algérien du Commerce, Mustapha Benbada, a souligné que l'Algérie a beaucoup attendu pour avoir les fruits de la coopération avec les pays de l'Union européenne en matière d'investissement productif dans le cadre de l'accord d'association avec l'Union européenne, mais en vain. Le résultat était peu probant. Mais, dit-il avec optimisme «on essayera d'y remédier en intensifiant les contrats et les partenariats du genre pour dépasser la simple dimension commerciale». Enfin, le Premier ministre français et la ministre du Commerce veulent que la France demeure le premier partenaire de l'Algérie. Abdelmalek Sellal, les rassure en affirmant que la France demeure le quatrième client de l'Algérie. «Certains disent que la France a reculé à la deuxième place derrière la Chine en tant que fournisseur, l'explication pourrait être que la France recule légèrement pour mieux sauter», soutient Sellal. RETOUR DES PME FRANÇAISES APRES UNE PERIODE D'EFFACEMENT Le Premier ministre Français, Jean-Marc Ayrault, a annoncé le retour des PME françaises en Algérie. Il a précisé que beaucoup d'entre elles sont aujourd'hui présentes pour d'éventuels partenariats avec des entreprises algériennes. La ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, a précisé que 30% des PME françaises ont quitté l'Algérie entre 2005 et 2011 et qu'elles sont de retour. Elle dira encore que sur 50 PME 20 ont noué des partenariats commerciaux, industriels et technologiques avec des entreprises algériennes. Elle précise «des partenariats notoirement lancés». Mais, pour M. Jean-Marc Ayrault le succès de ces partenariats ne sera effectif que si les grands groupes et PME font alliance. «DES GRANDS GROUPES ALGERIENS SONT INVITES A INVESTIR EN FRANCE» Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg a, lors de son intervention, affirmé qu'il est possible de voir les produits algériens dans le futur sur le marché français. Il a souligné que cela est possible en invitant les grands groupes algériens à investir en France. Le patron du grand Groupe Cevital, Issad Rabrab, a affirmé que cela est possible ; «on peut racheter des entreprises aujourd'hui à 10 ou 15% de leur valeur en Europe, en assurant le transfert technologique vers l'Algérie et la sauvegarde de quelques emplois en Europe», a-t-il souligné. Rabrab précise que la loi sur la monnaie et le crédit permet théoriquement aux entreprises de pouvoir exporter des devises pour les investissements à l'étranger, mais le blocage est au niveau de la Banque d'Algérie, seule Sonatrach a obtenu des autorisations», a-t-il regretté. Arnaud Montebourg a évoqué le projet Renault en Algérie en affirmant que ce projet ne va pas concurrencer les voitures Renault dans l'espace européen puisque les voitures made in Alegria ne seront pas exportables vers le marché européen, «elle seront destinées au marché local et aux pays africains», dira-t-il encore.