Alors que toute l'attention des services de sécurité était concentrée sur l'UV N°14, un meurtre commis dans l'après-midi du dimanche à l'UV N°8 (New York, du nom de l'ex-bidonville d'où furent déménagés ses habitants) et qui se situe non loin du premier foyer de tension où les affrontements se font de plus en plus violents, a provoqué un vaste mouvement de colère qui s'est répandu à travers plusieurs quartiers de la nouvelle ville Ali Mendjeli de Constantine. Les proches de la victime, touchée mortellement à la tête par un coup de couteau (long de 36 centimètres) et qui a succombé à ses blessures avant même l'arrivée des secours, avaient envahi l'hôpital Bencharif où fut déposée la dépouille mortelle, terrorisant le personnel médical et saccageant sur leur passage plusieurs portes d'accès aux services des urgences. Puis la foule s'est tournée vers le commissariat, tout près de l'hôpital, où se trouve le jeune auteur présumé du meurtre, qui s'est rendu aux forces de l'ordre public immédiatement après le forfait. Des jeunes ont commencé à lancer des pierres sur le commissariat, d'autres tenteront de le prendre d'assaut pour atteindre le détenu qui s'y trouvait, mais ils seront dispersés à coup de tirs de bombes lacrymogènes. S'ensuivra alors une véritable débandade, des bandes armées de couteaux et d'épées et de cocktails Molotov s'en prendront à un grand centre commercial pour se venger sur le frère du meurtrier présumé, employé au centre commercial en question, mais l'aubaine sera saisie par les malfrats de tout acabit, prêts à se lancer dans des actes de pillage. Les commerçants et les grands centres commerciaux, qui ont flairé la menace, ont baissé les rideaux aux environs de 17 heures, chose qui a donné l'image d'une ville au bord de l'émeute. A la tombée de la nuit, un calme précaire régna sur les lieux, mais les hostilités ont repris à l'autre bout de la nouvelle ville Ali Mendjeli, l'UV N°14 a entre-temps renoué avec les affrontements violents. Une journée d'enfer qui se termine par une nuit blanche pour les habitants et les services de sécurité. D'après ces derniers, deux policiers ont été blessés dans la nuit du dimanche à lundi dans des heurts avec les bandes qui se livraient bataille, et aucune arrestation n'a été opérée parmi les antagonistes. «Les belligérants sont montés sur les toits des bâtiments et il était absolument impossible dans ce cas de les atteindre. D'ailleurs, l'action répressive est considérablement freinée par le risque assez grand de ne pas faire la différence entre les paisibles citoyens et les véritables fauteurs de troubles», avoue un officier de police. Cependant, on apprendra qu'un important renfort de policiers est arrivé de cinq wilayas limitrophes, en l'occurrence Sétif, Bordj Bou Arréridj, Guelma, Jijel et Béjaïa, afin de prêter main-forte aux services de sécurité locaux. L'UV N°14 se trouve ainsi totalement bouclée par un imposant dispositif de sécurité et l'on s'attend de passer à l'action d'un moment à l'autre. On devait procéder à «des arrestations ciblées» à partir de l'après-midi d'hier, comme on nous l'a indiqué.