C'est en début d'après-midi que le climat (naturel) a commencé à chauffer, secoué par un début de vent de sable. Il chauffait aussi sous la pression d'une trentaine de jeunes, décidés à en découdre avec les forces de sécurité. Matraque en main et équipements antiémeutes, les brigades d'intervention voulaient les empêcher d'entrer dans la salle où devait se tenir la réunion de Sellal avec les représentants de la société civile et les élus de la wilaya d'Illizi. L'intervention de son homme du protocole, bien qu'il soit sorti d'entre le milieu de ces jeunes, les vêtements complètement poussiéreux, a porté ses fruits. Il leur a demandé de se calmer et leur a promis qu'ils allaient tous entrer dans la salle. Il a même esquivé un jet de pierres auquel avait recouru un autre groupe de personnes en colère. Ces jeunes targuis ne voulaient exposer leurs doléances qu'au 1er ministre. Un de ses conseillers était venu auprès du portail et a ordonné de les faire entrer «tous», avait-il exigé. «Ce sont eux la société civile», avait-il précisé calmement. Le premier à lire son allocution, le P/APW qui avait présenté une triste situation d'une région qui peine à assurer son pain quotidien. Au fur et à mesure qu'il parlait, des cris stridents fusaient de la salle, sorte de youyous mais que les hommes targuis émettent traditionnellement dans des moments de joie. «Salah, ya bandit, tu es là ?», lance Sellal du haut de sa tribune. Il l'a fait parce qu'il a reconnu «le cri» émis par ce personnage qui en est «spécialiste». «Sonatrach a des entreprises dans la région mais le recrutement se fait par (el maarifa) le clientélisme», déclare le P/APW qui ajoute : «Les torchères et les pipes sont à perte de vue mais à côté, vous avez des agglomérations et des quartiers enclavés». Il reproche au gouvernement d'avoir supprimé la TAP (taxe de l'activité professionnelle) à de grandes entreprises opérant dans ces zones, ce qui, dit-il, «fait diminuer de 40 à 50% les recettes de la fiscalité locale comme pour Bordj Omar Idriss et Deb Deb». Il réclame la réalisation d'une route reliant Illizi à Hassi Messaoud «pour faciliter les déplacements des populations autochtones vers les zones industrialisées et en même temps, la création d'un institut pour assurer la formation en sécurité industrielle des jeunes de la région en plus de la réalisation de nouveaux logements pour «au moins reloger les familles nombreuses qui habitent dans des F1 et des F2». Le P/APW nous apprendra qu'«In Amenas n'a pas d'eau potable et que l'octroi de marchés publics dépend toujours d'une législation complexe et compliquée qu'il faut réviser». L'élu d'Illizi affirmera que «nous sommes aux côtés de l'Etat algérien, nous le défendrons et nous nous opposerons à quiconque tentera de le déstabiliser». Il n'oubliera pas non plus de rendre un vibrant hommage au président de la République et déclare le soutenir pour un 4e mandat. Le wali prend ensuite la parole pour dresser le bilan des réalisations de l'Etat dans la wilaya. «Où sont-ils», interrogent à voix basse des jeunes mécontents dès qu'il annonce le nombre d'emplois créés. Le wali fait savoir que la population en quête d'emploi souffre d'un manque accru de qualifications. Au cours de la matinée où la température était glaciale, Sellal a inauguré un tronçon de la route nationale reliant Illizi à Djanet que séparent 400 km et une centrale électrique. Il a inspecté un projet de réalisation de 1.000 places pédagogiques et 5.000 lits d'hébergement, et lancé un autre pour une station de déferrisation des eaux souterraines pour l'alimentation en eau potable de la ville d'Illizi.