L'affaire qui oppose les pharmaciens à la direction du commerce au niveau de la wilaya de Constantine, et qui a pris fatalement une dimension nationale, suscite encore des réactions en chaîne. Saisi dans le cadre réglementaire par le Syndicat des pharmaciens d'officines à propos de cette «offense» commise à leur égard par la direction du commerce, l'ordre des pharmaciens de la région de Constantine, qui couvre les wilayas de Mila, Oum El-Bouaghi, Jijel et Constantine, se mêle intimement de ce dossier où la crédibilité du pharmacien est malmenée par cette action en justice engagée par la direction du commerce contre 39 d'entre eux pour vente de compléments alimentaires contenant du cyclamate, matière dont la consommation régulière provoque le cancer. « De par les prérogatives qui nous sont confiées par la législation et la réglementation en vigueur, et devant la gravité de la situation, dans la mesure où les confrères se retrouvent traduits en justice, nous nous proposons de donner notre avis et apporter les clarifications nécessaires dans cette affaire, en particulier, et l'exercice pharmaceutique, en général», peut-on lire sur l'invitation à une conférence de presse, annoncée pour le jeudi prochain (6 mars) et transmise hier à notre rédaction par la section ordinale des pharmaciens de la région de Constantine. Contacté hier, le président de l'ordre des pharmaciens, M. Kamel Baghloul, estimera d'emblée qu'il y a « conflit de compétence » entre la tutelle de la santé et celle du commerce. Ajoutant dans ce sillage que l'alibi de la présence du cyclamate dans les compléments alimentaires, qui a été avancé par la direction du commerce dans son action judiciaire contre les 39 pharmaciens, n'est pas fondé, voire erroné, selon les explications fournies par notre interlocuteur. « La vente de produits contenant du cyclamate n'est pas interdite par la loi, et les spécialistes précisent à ce sujet qu'il peut y avoir danger sur la santé du consommateur uniquement lorsqu'on s'adonne à une consommation régulière de produits composés, entre autres, de cyclamate », soutient M. K. Baghloul. Ce dernier affirme qu'un fabricant local de médicaments commercialise d'une façon régulière des produits contenant des cyclamates sans que quiconque manifeste son opposition sur ce registre. « Des produits commercialisés par un producteur national de médicaments sont vendus régulièrement aux consommateurs et sans ordonnance, pourquoi alors se dresser contre des pharmaciens qui viennent au bout de la chaîne commerciale ?! », s'est-il indigné.