Il y a très exactement 26 ans, en ce 28 février 2014, le regretté Mourad Bloud nous quittait à l'âge de 37 ans ! Un quart de siècle s'est écoulé mais on n'oublie pas ce pionnier de la culture et du journalisme diplômé de l'école universelle de Paris, qui a animé la scène médiatique à Tlemcen. Mourad Bloud était né le 28 février 1951 et est donc mort le 28 février 1988, une date qui rappelle à ses confrères, ses amis et tous les membres de sa famille une immense peine. Bachelier en philosophie, instituteur à l'école normale, professeur de lettres françaises, il change par la suite carrément de cap, en devenant correspondant du journal «La République», collaborateur de l'APS, journaliste-chef de bureau régional de «La République», puis «El-Djoumhouria» à Tlemcen. En fervent défenseur de la justice sociale, il mène un véritable combat contre l'analphabétisme, la toxicomanie et la consommation d'alcool. D'ailleurs, ses trois textes théâtraux «La vigne», «La bouteille», «Qui en est la cause ?» ont fait le tour d'Algérie. Aujourd'hui, sa disparition tragique est toujours gravée dans la mémoire de tous ceux qui l'ont connu. Avant même que sa trajectoire soit brutalement arrêtée, le regretté qui plaidait pour le rôle irremplaçable du livre après l'avènement des technologies de communication, écrivait bizarrement, quelques jours avant son tragique décès, son dernier papier: «Lirons-nous demain ?». Contacté par notre journal, son ancien ami, l'ex-rédacteur en chef régional de l'APS et journaliste-écrivain, El Hassar Benali, pense très fort à lui en ces moments: «Avec mon ami Mourad Bloud, allah yarhamou, j'ai partagé une amitié réelle basée sur le respect et l'engagement. Certes, tous les deux, nous étions complices de moments professionnels qui nous ont davantage rapprochés. Je pense par là à nos analyses et à nos critiques de moments graves dont on ne pouvait malheureusement témoigner ouvertement en écrivant nos articles, étant donné «la réserve» imposée aux journalistes liés au service d'organes dépendant de l'Etat. Alors, nous conservions le secret de nombreux événements vécus en contact des hommes et des événements, ce dont nous discutions longtemps. Je me rappelle tout l'intérêt qu'il accordait aux événements consacrés à la vie citoyenne lors de rencontres ou de colloques organisés par le mouvement associatif qui a joué un rôle important dans la vie culturelle et intellectuelle de la cité. De ce côté, il était très attentif aux pulsions de la cité participant à l'organisation de nombreux événements dont le cinquantième anniversaire de la fondation de «Dar el-Hadith». Le combat pour une grande liberté d'expression fut l'un des grands défis de l'époque pour ces deux journalistes : «Le moment qui nous a le plus unis fut notre engagement au sein de l'Union nationale des journalistes. Ayant été élus tous les deux membres de son conseil durant les années 80, nous jugions de l'importance de la lutte qu'il fallait mener pour faire avancer l'idée d'une plus grande liberté pour la presse, réagissant contre les contraintes qui réduisent notamment les journalistes du service public à se comporter comme des «robots» du proprement politique, sans critique, sans états d'âme, tournant carrément le dos à l'opinion du peuple, pendant cette période marquée fortement par la pensée unique. Mon ami et regretté Mourad bloud avait les qualités d'un homme sérieux et de bonne éducation, et surtout, il était dévoué à la cause du développement de son pays». Aujourd'hui, ses confrères de la presse, sa famille et surtout son ex-ami intime, Meziane Mohamed d'Abou-Techfine (ex-Bréa) n'ont qu'un seul souhait, c'est de voir son nom gravé en lettres d'or sur le mur d'un site, un boulevard ou une institution.