Le mouvement «Barakat» était hier encore une fois au rendez-vous devant la faculté centrale, à Alger. Une centaine de manifestants hostiles au quatrième mandat se sont rassemblés près de la place Audin pour exprimer leur rejet de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika. Le fait le plus marquant est l'attitude des services de sécurité qui ont cette fois-ci géré différemment la situation. Tout en laissant les manifestants «s'exprimer» publiquement, les policiers veillaient à garantir une libre circulation automobile. Cela s'est traduit par l'absence de fourgons de police sur les lieux de la manifestation, quelques véhicules de police bleus stationnaient un peu plus loin du rassemblement. A noter en outre qu'aucun des manifestants n'a été interpellé par les policiers qui formaient un cordon tout autour. Les adhérents du mouvement «Barakat» ont scandé durant plus d'une heure «y en a marre, y'en a marre de ce pouvoir» ; «non au quatrième mandat» et «l'Algérie libre et démocratique». Les manifestants ont même salué la gestion efficace des services de sécurité, des youyous ont été lancés. Selon un membre de Barakat, «notre police a agi de la sorte, suite à des instructions données par le général-major Abdelghani Hamel». Et de souligner : «Le mouvement Barakat est libre et autonome, nos actions sont algéro-algériennes et elles le resteront. Nous ne ferons jamais appel ni aux instances étrangères ni à l'ingérence étrangère». Pour sa part, Ghoul Hafnaoui a affirmé que Barakat refuse toute invitation émanant d'ambassades étrangères à Alger et refuse toute casquette politique. «C'est un mouvement regroupant exclusivement des citoyens ; c'est un acquis pour les Algériens ; ont doit le préserver en tant que tel». Le mouvement Barakat semble décidé à poursuivre son action à travers une pression pacifique pour le changement. «Des actions sont prévues pour réclamer un débat sur la révision de la Constitution», affirment des membres du mouvement en précisant que leurs actions seront, dans les jours qui viennent, diversifiées par rapport à la forme, au contenu et au lieu. «Mais nos actions sont et resteront des actions pacifiques». A souligner que Annie Steiner, une militante algérienne d'origine européenne, ayant milité pour «l'Algérie algérienne» était présente a côté des manifestants. Elle a refusé de faire des déclarations à la presse. RASSEMBLEMENTS PRES DE LA GRANDE POSTE En voulant protester à part, des dizaines de manifestants du «Front du Refus» se sont rassemblés devant la Grande poste. Parmi eux, les membres de la Coordination des familles des disparus qui ont appelé au boycott des présidentielles du 17 avril. Ils réclament justice et vérité sur les disparus. Un peu plus loin, le Comité national des rappelés du service national ont tenu, eux aussi, leur rassemblement pour réclamer leurs droits. A Constantine, près d'une dizaine de jeunes hommes se sont rassemblés hier vers 11 heures 30 au square Bennacer pour protester contre la candidature pour un 4ème mandat du président de la République sortant, Abdelaziz Bouteflika. Les policiers qui ont eu vent du rassemblement ont occupé les lieux bien avant déjà et sont restés à l'intérieur d'un fourgon qui était en stationnement un peu à l'écart et n'en sont pas sortis. Les protestataires, qui étaient au début pas plus de cinq jeunes puis, une fois que leur nombre a atteint la dizaine, ils se son enhardis et sortis du square et, arrivant sur les allées Benboulaïd, ont entamé le chant de «Kassamen». Chant qui a été vite suivi de slogan «non pour le 4ème mandat», «non à l'état DRS», «nous voulons choisir librement notre futur président», etc. Les allées commençaient à se remplir de curieux. C'est le moment choisi par les policiers d'intervenir pour mettre fin au rassemblement qui s'est formé autour des manifestants et d'inviter tout le monde à se disperser. Un seul a refusé d'obtempérer et a continué d'entonner des slogans hostiles au 4ème mandat. Il n'a pas tardé à être interpellé et emmené au commissariat qui se trouve dans les environs.