Les Algériens sont légitimement inquiets des risques de collapsus général du système et sont naturellement à l'écoute de ceux qui appellent à des solutions consensuelles pour un changement de régime. Les appels au consensus et à une transition ont, au plan des idées, supplanté les polémiques de la campagne électorale. Refuser le statuquo en évitant un glissement vers les violences reste un souci majeur. Il s'agit donc de faire jouer à la politique son rôle qui consiste à trouver les solutions les moins coûteuses, celles qui préservent au mieux les intérêts de la nation. Cet appel au consensus et à la transition, rejeté de manière trop désinvolte par les « communicateurs» de Bouteflika, est réaliste. Il n'est question ni de tabula rasa ni d'épuration, il s'agit bien d'émerger de l'informel pour aller vers la loi, l'Etat de droit, les institutions. Avec l'engagement solennel de résorber le déficit central de ce pays par la garantie des droits et les libertés des citoyens. Ce changement, c'est aussi cela le réalisme, ne vise pas à exclure, l'administration actuelle ne sera pas révoquée, mais elle réapprendra à fonctionner conformément à la loi. L'appel au consensus n'est donc pas une proposition «d'arrangement» entre appareils, clans ou groupes. C'est un appel à un nouveau contrat social et il doit se faire avec les Algériens, sans exclusive. L'armée, nécessairement, est partie de ce contrat social. Mais il faut avant tout veiller à poser un diagnostic correct. Quand Omar Aktouf appelle «l'armée à tout stopper» et à mettre en «place un «intègre» gouvernement de salut public», il prend bien l'effet pour la cause. L'armée, avec des risques qui se sont amplifiés avec le temps, a fait le gouvernement pendant des années pour lui déléguer le pouvoir sans la responsabilité qui l'accompagne. Ce qu'il faut modifier est bien ce principe de «cooptation» qui évite la reddition de comptes devant les citoyens. Et dont le bilan est, en définitive, imputé à l'armée. Ce nouvel appel à une forme de «despotisme éclairé» - même temporaire - de l'armée qui coopterait des «compétences» fait partie des vieilles lunes qui reviennent régulièrement au firmament des idées reçues. On souhaite une transition à la tunisienne mais sans le peuple et sans les forces politiques, qui sont tout simplement niés. Dans le cas de l'Algérie - où la population est mise sur la touche depuis cinquante ans -, cela équivaut tout simplement à un renouvellement du statuquo. L'armée se chargeant de «choisir» les «bons» technocrates qui, par on ne sait quelle magie, feraient mieux que leurs prédécesseurs. Ainsi l'armée offrirait un chaperonnage politique à un «nouveau personnel» technique éventuellement puisé dans la diaspora, résolvant quasiment ainsi la quadrature du cercle politique. Cet appel traduit une vraie inquiétude sur les risques actuels pour le pays entièrement liés à une crise de régime. Mais la réponse proposée s'apparente à une reconduction du coup de force qui ne fait qu'aggraver le problème. L'armée algérienne est dans la politique depuis l'indépendance, son rôle ne s'est pas réduit après la mort de Houari Boumediene. Suggérer qu'elle prenne les «choses en main» en désignant des «hommes intègres» pour continuer l'œuvre «interrompue» de Boumediene est une vision assurément réductrice. L'histoire a continué après Boumediene, l'armée a changé, l'Algérie aussi. C'est à partir de ces réalités, parfois amères, qu'il faut imaginer les solutions et non pas en rêvant d'illusoires retours vers le passé. Ce n'est pas de moins de politique dont a besoin l'Algérie. La politique est interdite depuis 1962 et le respectable Houari Boumediene est très largement responsable de cette interdiction et de l'esprit de «tutelle» sur le peuple. IL FAUT A L'ALGERIE DAVANTAGE DE POLITIQUE. LA VRAIE, CELLE DES LIBERTES PUBLIQUES ET DE LA DEMOCRATIE. PAS UN ERSATZ OU UN SIMULACRE. ET C'EST DE LA VRAIE POLITIQUE, DU DROIT ET DES REGLES UNIVERSELLES D'ACCESSION DEMOCRATIQUE AU POUVOIR QU'APPARAITRONT DES HOMMES REDEVABLES DEVANT LES ALGERIENS. ET NON PLUS LES SEMPITERNELS COOPTES ET QUI EN DERNIERE ANALYSE PORTENT SYSTEMATIQUEMENT TORT A CEUX QUI LES ONT CHOISIS.