Tenue durant la campagne électorale, en faveur du candidat de leur parti, la guéguerre reprend, de plus belle, entre les différents protagonistes du FLN. En effet, dès l'annonce des résultats par le ministre de l'Intérieur, le contesté SG du parti FLN, Amar Saâdani, a tenté de reprendre l'initiative à son avantage. Dans une conférence de presse, organisée au siège de son parti, Saâdani, anticipant sur la feuille de route du président, reconduit pour un quatrième mandat, réclame le poste de Premier ministre du prochain gouvernement au profit de son parti. Par cela, le SG du FLN a visé deux objectifs : attaquer Sellal, déjà traité de novice en matière politique et surtout relancer la course, au sein des cadres du parti, pour ce poste. Ainsi, il espère relancer les alliances et les contre-alliances et surtout les allégeances à sa personne. Dans la même conférence, Saâdani s'est déclaré favorable à une dissolution des assemblées élues, notamment l'APN, et l'organisation d'élections législatives anticipées, directement, après la révision constitutionnelle, prévue, selon lui, au printemps prochain. Concernant les questions organiques du parti, Saâdani annoncera la traduction de ses détracteurs devant la commission de discipline du parti. Il vise, entre autres, le groupe de Belayat. Ce dernier n'a raté aucune occasion pour répliquer, en remettant sur le tapis l'idée de convocation d'une session du Comité central du parti pour élire un SG. Par cela, il réitère la non-reconnaissance de son groupe pour celui jugé «coopté d'en haut» et ne bénéficiant d'aucune légitimité de la part des instances dirigeantes du parti. Lors de ses passages, dans certains médias, Belayat est parti jusqu'à remettre en cause l'implication de Saâdani dans la campagne électorale, au profit du candidat Abdelaziz Bouteflika. Certes, au courant de cette campagne, l'actuel SG n'a pas réussi à attirer les feux de la rampe. Son discours, lors de son meeting à Oran, à la salle Es Saâda', n'a pas excédé cinq petites minutes. Lors des deux derniers meetings, animés par Sellal, durant les quarante-huit heures précédant la clôture de la campagne, Saâdani s'est contenté au simple rôle de figurant, derrière Sellal. Mais Belayat, dans ses interventions, s'est, notamment, attelé à récuser l'idée d'élections législatives anticipées, avancée par Saâdani et réclamée, depuis longtemps, par Louisa Hanoune, la responsable du PT. D'ailleurs, certaines sources vont jusqu'à évoquer un deal passé entre Hanoune et Saâdani, concernant cette question, lors de leur entrevue, avant le lancement de la campagne électorale. En refusant l'idée de dissolution de l'actuelle APN où le FLN est majoritaire, Belayat sait, pertinemment, qu'une telle perspective serait fatale pour son entreprise de convoquer une session du Comité central. En effet, l'appel à des élections législatives anticipées susciterait la course des candidatures parmi les militants et les cadres du parti FLN, et reléguerait, de fait, aux oubliettes la revendication de Belayat et de son groupe, toujours motivés par la reprise des rênes du parti et la destitution de Saâdani. Dans ce conflit entre deux protagonistes déjà connus, il y a une nouvelle donne: Abdelaziz Belkhadem, ex-SG du parti déchu, nommé, quelques semaines avant les élections présidentielles, au poste de ministre conseiller. Avec qui s'alignera ce dernier ? A moins d'un déplacement de ses ambitions personnelles vers d'autres perspectives puisque, selon certaines hypothèses, il a des chances de figurer parmi ceux pressentis à occuper le poste de vice-président.