L'ex-centre de torture de Sebdou (40 kilomètres au sud du chef-lieu de wilaya), plus communément appelé le château d'eau, sera très transformé en musée. Afin que nul n'oublie, cette décision a été prise par le wali de Tlemcen, M. Saci Ahmed Abdelhafid, à l'occasion de la commémoration jeudi du 69e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, qui ont constitué un tournant dans l'histoire du mouvement nationaliste pour le recouvrement de l'indépendance. Plus de 700 moudjahids ont trouvé la mort, ou torturés dans ce centre lugubre par les forces coloniales. La torture a été pratiquée durant la période 1954-1962. Rares sont ceux qui sortent vivants après des jours et des nuits de torture. En plus des supplices, les moudjahidine de toute la région de Sebdou, Sidi-Djilali, Bouihi, El-Gor, El-Aricha et Béni-Snous sont soumis à la famine, au froid et à l'humidité. Même les femmes n'ont pas échappé aux affres des tortionnaires. Le premier responsable de l'exécutif a instruit les services de la direction des moudjahidine de procéder immédiatement à la réhabilitation de cet ex-centre de torture réputé à l'époque par ses tortures indescriptibles et féroces. Parmi les rescapés encore vivants de cet ex-centre de torture, l'on peut citer le héros Si Redouane Lachgueur, bras droit de feu Houari Boumediene, qui a sauté d'une fenêtre du haut de ce château pour fuir cet espace exigu où l'on ne peut même pas s'allonger. Il faut souligner dans ce cadre que depuis la conquête coloniale la torture est un procédé courant des forces de l'ordre en Algérie qui l'utilisent pour terroriser les populations autochtones. Cette pratique de haine et d'humiliation a été utilisée tout au long de la présence coloniale en Algérie sur des Algériens suspectés d'entretenir des liens avec l'Armée de libération nationale, d'abord pour obtenir des informations sur les moudjahidine, puis pour briser les grèves, meurtrir des suspects, instruire les affaires pénales les plus ordinaires et terroriser les populations. Selon les témoignages d'un moudjahid, ancien détenu au centre de torture de Sebdou : «On tortura jusqu'à l'aube ou presque dans ce sinistre centre de torture. Au travers de la cloison, j'entendais les hurlements des moudjahidine et les plaintes étouffées sous le bandeau mis dans leur bouche pour les empêcher de crier ou de parler, les jurons et les coups. A l'intérieur de ce triste endroit, les tortionnaires nous arrachaient des ongles, nous privaient de sommeil, nous mettaient le poivre dans les zones sensibles, nous fixaient la tête dans des cuves remplies d'eau. Ils nous empoignaient et nous dévêtiraient complètement. Ils nous passaient des fils entre les orteils et entre les doigts, puis faisaient fonctionner la «gégène». De fortes secousses électriques nous faisaient hurler de toutes nos forces . Par ailleurs, lors de cette journée du 8 mai, le wali, en compagnie des enfants de chouhada et moudjahidine, des élus et des autorités locales de Sebdou, s'est enquis des travaux de réhabilitation du cimetière de chouhada à Hay Dalia, situé à l'entrée nord de la ville de Sebdou. Au complexe sportif de proximité, le wali a honoré quatre moudjahidine de Sebdou, dont la moudjahida et veuve de chahid Benhamou qui a enfanté à l'intérieur même du centre de torture de Sebdou. A noter que dans la matinée du 8 mai, le wali en compagnie des autorités civiles et militaires s'est rendu au cimetière de chouhada d'Hennaya où plus de 5 000 chahids y sont enterrés, pour accomplir une cérémonie de recueillement à la mémoire des martyrs de la guerre de libération.