«La question du dialogue public-privé en Algérie» relève de l'impossible, en dépit des engagements et des bonnes intentions de l'Etat, du patronat et des syndicats, notamment quand il s'agit de mettre en œuvre des actions concrètes. Telle est la conviction des experts et des économistes ayant participé, hier, à un débat sur le sujet, organisé par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE), avec le soutien de la délégation de l'Union européenne en Algérie. L'expert Abderrahmane Hadj Nacer a affirmé que le dialogue public-privé dans notre pays répond à un schéma purement théorique, plutôt à un montage constitutionnel trompe-l'œil qui n'a rien à voir avec la réalité. Il affirme que les politiques menées jusqu'à aujourd'hui, en matière de dialogue, sont en fait des stratégies individuelles d'insertion qui n'accrochent pas et qui ne sont pas du tout bénéfiques. L'expert a affirmé qu'on est toujours dans le schéma des années 70. Pis, «on a tellement régressé qu'on a raté l'essentiel». Il prévient : «On va se confronter à une difficulté à remettre de la cohérence». Et d'ajouter qu'«on va encore rencontrer beaucoup de difficultés pour la relance de l'économie algérienne dans une perspective de diversification hors hydrocarbures et de compétitivité internationale». Pour Abderrahmane Hadj Nacer, «on n'est pas dans la gestion rationnelle du débat ou de l'économie en général, mais dans la gestion des rapports de force», a-t-il regretté. Le conférencier s'est permis une parenthèse pour qualifier les rapports de la Banque mondiale et du FMI de «subtiles». Pour lui, les indicateurs relevés par ces institutions internationales n'apportent pas grand-chose à nos décideurs, notamment en l'absence d'indicateurs sur les cinq prochaines années et les enjeux cruciaux. Cette difficulté à instaurer un dialogue transparent, direct et efficace est due, selon l'économiste, Mohamed Bouchakour, au manque d'appropriation par les parties prenantes, ainsi qu'à la prise de décisions souvent «pas très précises» et parfois «décalées» par rapport à la réalité. A cela s'ajoute la marginalisation des capitaines de l'industrie, lors des concertations. Pour l'économiste, il faut commencer à dialoguer, non pas sur les problèmes, mais engager un dialogue sur le dialogue. Et d'ajouter qu'il faut penser aussi à fabriquer un patronat représentatif, car la représentativité au niveau du patronat pose problème. «Il n'y a pas beaucoup de PME, la quasi-totalité des entreprises en Algérie sont des petites entreprises (TPE)». Et de relever le problème de la non-participation de certaines organisations patronales à la tripartie, «ce qui fausse le dialogue dès le départ». Mohamed Bouchakour plaide pour la mise en place d'un comité de travail pour rendre des comptes mensuellement sur le dialogue public-privé.