Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, s'est dit «inquiet» de la victoire du Front national en France. Interrogé pour savoir s'il s'agissait d'un «parti raciste», il a répondu: «Oui, et je pense que nous devrions être inquiets face à de tels développements dans le reste de l'Europe». Une réponse édifiante sur le devenir de cette nouvelle Europe qui ne sent pas bon pour l'immigration. Marine Le Pen a gagné son pari et l'Europe est menacée même de l'intérieur. La montée de l'extrême droite n'a jamais été aussi palpable que lors de ces dernières européennes où les «Chemises grises» ont été la «mauvaise» surprise de ces élections. Que ce soit en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche ou encore dans la très attendue Grèce, les partis d'extrême droite ont été les grands vainqueurs d'une abstention qui n'a jamais cessé d'être exponentielle. En France, le Front national de la fille de Le Pen a glané 25,4% des voix, un score historique, boosté par la politique trop molle du président Hollande qui, de l'avis de la majorité, aura été le grand allié du parti de la droite radicale de par sa politique inconsistante et son gouvernement incapable de juguler la crise sociale qui secoue son pays. La France ne fait pas exception dans cette Europe de plus en plus à droite puisque les europhobes de l'Ukip britannique étaient eux aussi largement en tête avec un score record de 29% sur deux tiers des régions. Son chef de file, Nigel Farage, a promis un «séisme». Un tremblement de terre déjà ressenti au Danemark, le Parti populaire, formation anti-immigration, est arrivé en tête avec près de 27% des voix. En Allemagne et malgré la victoire du parti de Merkel, le nouveau parti anti-euro AfD, qui plaide pour une dissolution de la monnaie unique, fera son entrée au Parlement avec un score d'environ 7%. Un petit parti europhobe polonais, le Congrès de la nouvelle droite (KNP), a obtenu 7,2% des voix et pourrait envoyer quatre députés au Parlement européen. En Autriche, le parti d'extrême droite FPÖ, qui espère constituer un groupe avec le FN, progresserait nettement et arriverait en troisième position, avec près de 20% des suffrages, en hausse de plus de cinq points par rapport à 2009. En Hongrie, le scrutin a été largement dominé par le parti conservateur Fidesz du dirigeant Viktor Orban, mais l'extrême droite ultranationaliste de Jobbik arrivait en deuxième position avec près de 15% et trois sièges. La forte poussée de l'extrême droite en Europe se traduit également par l'entrée du parti néonazi grec Aube dorée au Parlement. Crédité de 9 à 10% des voix, il pourrait envoyer trois élus à Strasbourg. En Grèce, l'euroscepticisme se traduit aussi par l'arrivée en tête du parti de la gauche Syriza d'Alexis Tsipras, qui obtiendrait six sièges, contre cinq à Nouvelle démocratie (droite), le parti au pouvoir. L'euroscepticisme se confond alors avec une montée en puissance des partis d'extrême droite convergeant vers la «criminalisation» de l'immigration, thème cher au FN et à ses petits frères européens. Pourtant, et selon une nouvelle projection communiquée dans la nuit de dimanche à lundi par le Parlement européen, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) restent en tête avec 212 sièges sur 751, contre 186 pour les socialistes. Les libéraux obtiendraient 70 eurodéputés, suivis par les Verts (55). Les quatre partis pro-européens passent de 612 à 523 sièges. Quant aux différents partis europhobes, qui ne constituent pas un bloc homogène, ils compteraient au total plus de 140 députés. Des partis europhobes, on entend ceux de l'extrême droite qui ont enregistré une poussée significative en réaction des politiques d'austérité imposées aux gouvernements en place en Europe. Mais pas que. La Suisse avait déjà voté pour une limitation de l'immigration contre tout principe européen et Sarkozy, quelques jours avant le vote européen, a appelé à un Schengen II limitant et contrôlant cette immigration qui devient, aux yeux de l'Européen moyen, le synonyme d'un danger social et racial.