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«L'exploitation du gaz de schiste au Sud pourra servir l'agriculture»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 06 - 2014

Dans cette interview le professeur, Abdelhakim Bentellis, géophysicien, spécialiste en réservoirs pétroliers, nous livre son point de vue sur l'exploitation du gaz de schiste, en Algérie.
Q.O.: L'Etat algérien vient de donner son feu vert pour l'exploitation du gaz de schiste. Selon vous, faut-il ou pas exploiter cette ressource tant controversée ?
Il ne s'agit pas de poser la question de «faut-il ou pas» exploiter cette ressource ?». Le débat est mal placé, tant au niveau national que dans plusieurs autres pays.
Q.O.: Vous voulez que le débat soit orienté dans une seule direction ?
Non, j'ai toujours privilégié qu'il y ait deux avis différents. Il s'agit d'abord de placer cette éternelle «interrogation» dans un contexte mondial et dans le cadre global de l'exploitation des ressources de la planète mais aussi dans le cadre de la consommation mondiale des ressources énergétiques. Concernant l'Algérie, il faudrait privilégier un débat Algéro-algérien, qui inclurait des scientifiques du domaine de l'énergie et de l'environnement, des économistes et bien sur des politiciens.
Q. O.: Qu'entendez-vous par débat algéro-algérien ?
C'est de «contextualiser» le débat sur un plan stratégique à long terme. Et donc, prévoir l'échéance 2030-2040 en garantissant à nos générations futures, comme le font les nations développées, une sécurité en matière de ressources énergétiques. Les USA avec le développement des exploitations du gaz de schiste dépasseront, d'ici cinq ans, l'Arabie Saoudite en matière de production d'hydrocarbures. Ils se détacheront de cette dépendance ; alors que chez nous on continue, sans aucune base de données techniques, d'évoquer le risque voire même une catastrophe en cas d'exploitation du gaz de schiste.
Justement, concernant l'Algérie, le débat est plutôt politique, contrairement à beaucoup d'autres pays où l'exploitation du gaz de schiste concerne en premier lieu les scientifiques ?
Il est évident que chaque scientifique doit accompagner les orientations politico-économiques de son pays. Son rôle est de participer à la mise en place d'une économie basée sur une technologie innovante.
L'exploitation de cette ressource posera-t-elle des problèmes d'ordres environnementaux ?
Les détracteurs du gaz de schiste parlent du danger environnemental. Certes, l'exploitation du gaz de schiste est difficile mais elle n'est pas dangereuse. Nous avons acquis une grande expérience dans les techniques d'exploitation et je peux vous dire que beaucoup de pays, développés technologiquement, font appel à notre expérience.
Mais les techniques d'exploitation font appel à des fracturations» de sol «qui peuvent être catastrophiques…
La fracturation hydraulique n'est nullement un problème, nous maitrisons cette technique. Les gens «diabolisent» cette technique. Savez-vous qu'on fracture depuis plus de vingt ans pour les réservoirs compacts de pétrole, dans les régions de Hassi Berkine et Hassi Messaoud. Nous avançons dans ce sens avec les nouvelles études. Les techniques utilisées aujourd'hui ne sont pas celles des années 80.
N'y a-t-il pas d'autres techniques d'exploitation ?
Il y a la fracturation pneumatique qui est presque identique à la fracturation hydraulique. Sauf que celle-ci reviendrait plus chère et plus risquée puisqu'à la place de l'eau on utilise un autre gaz. Or, un gaz peut «s'échapper». Donc pourquoi aller vers une autre technique du moment que nous avons, au Sud, des quantités énormes d'eau.
Mais certains évoquent une probable pollution de la nappe Albienne et une contamination de «l'océan» enfoui sous le sous-sol Algérien ?
Il faut savoir que du côté de Ain Salah et d'Adrar, la profondeur de la nappe Albienne est aux environs de 500 mètres, quant aux roches mères, elles sont à plus de 2000 mètres. Il y a donc un grand «écart» entre les couches «géologiques» des réservoirs d'eaux et ceux des hydrocarbures. On a donc suffisamment de données tant sur le plan de la composition géologique des sols que sur celui des ressources hydriques. De plus, pour la nappe de l'Albien dont tout le monde évoque le risque, ce dernier est minime pour ne pas dire nul, car cette nappe est séparée de la roche-mère où se situe le gaz par une série de couches imperméables. Le seul ennui lors de l'exploitation du gaz de schiste proviendrait des adjuvants chimiques nécessaires à la fracturation hydraulique. Pour cela nous étudions la manière de les récupérer dans des bassins spéciaux.
Est-ce que l'Algérie a pris ses prédispositions pour éviter une probable catastrophe écologique ?
L'exploitation ne peut se faire sans l'expertise préalable des géophysiciens et des spécialistes des réservoirs des sous sols. D'ailleurs, le Président de la république a lui-même insisté sur le volet écologique. Pour revenir à la fracturation destinée au gaz de schiste, il faudrait juste prendre plus de précautions. Pour l'Algérie, contrairement à plusieurs Pays qui ont opté pour l'exploitation du gaz de schiste, tout plaide pour cela. Chez nous, les gisements se trouvent dans de vastes zones désertiques et inhabitées, alors qu'aux Etats-Unis USA les puits de gaz de schiste sont proches des zones urbaines. Par conséquence, en Algérie, les effets sur la faune, la flore et les ressources aquifères seraient minimes par rapport à ce qui est véhiculé actuellement, notamment dans les autres pays.
Qu'en est-il alors de la pollution par le fort taux de CO2 dont vous-même vous faites référence dans l'une de vos récentes études ?
Certes, il y aura de grande quantité de CO2 , mais combattre pour la nature et contre le CO2 , c'est combattre le développement. Il ne peut pas y avoir de développement sans émission de CO2 . Un pays développé voudra garder son développement. Un pays en voie de développement voudra se développer. Nous avons proposé sa séquestration au moyen de plusieurs procédés.
Lesquels ?
Injecter plus haut dans un aquifère d'eau douce. Mais cela n'est pas évident au vu du projet d'alimentation en eau de la ville de Tamanrasset à partir des forages dans la région d'In Salah. Le 2eme procédé, par injection dans des réservoirs d'huile ou de gaz en fin de cycle ou de vie même si l'opération peut être coûteuse à cause du transport de ce CO2 (construction de gazoducs… etc.). Enfin, il y a la possibilité de l'injecter dans une couche de charbon (ex : au Champ Touat) pour récupérer du méthane.
Vous semblez ne pas prendre en considération la population locale qui commence à décrier une éventuelle exploitation du gaz de schiste ?
Au contraire, dans une zone où il n'y a pas d'installation de surface, on peut produire de l'électricité à l'aide de ces gaz non conventionnels. Cette électricité peut permettre de dessaler l'eau de formation qui existe en quantité considérable. A son tour, cette eau peut permettre le développement de l'agriculture de la région entière. Le plus important c'est d'oublier, pour ces hydrocarbures, l'aspect rente mais réfléchir sur l'aspect sécurité énergétique d'ici 2025 ou 2030. Il faudrait aussi que l'exploitation de ces gaz de schistes permette le développement des énergies renouvelables. Pout l'Algérie, le solaire et la géothermie sont la meilleure option.
Bio-express :
Le Professeur Abdelhakim Bentellis, qui a à son actif plusieurs études et communications sur les gaz de schiste, est vice doyen à la faculté des sciences de la terre de l'USTHB. Spécialiste en réservoirs pétroliers, il est aussi membre du conseil scientifique de l'IAP (Institut Algérien du Pétrole) et représentant de l'université au comité d'orientation et de recherche de SONATRACH/IAP. Il vient d'être nommé directeur de la post-graduation au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique.


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