La célébration, aujourd'hui, de la Journée de l'enfant africain était propice pour évoquer la situation faite à l'enfance en Algérie, notamment la frange la plus fragile de cette catégorie, l'enfance assistée. Et à ce propos, la question a été posée si cette enfance bénéficie réellement d'une assistance de la part du secteur auquel elle a été confiée ou si cette enfance n'est pas en fait abandonnée à son sort. Aussi, les participants à l'édition hebdomadaire de «Forum» de la radio régionale de Constantine, qui ont mis en débat ce thème, ne se sont pas entendus, loin s'en faut, sur la nature de la situation faite aux enfants confiés à la garde du secteur de l'action sociale de la wilaya. Les invitées qui se sont affrontées sur le plateau savaient de quoi parler puisque la première, Mme Souheila Smati, préside la commission des affaires sociales de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), et la seconde, Mme Ourahmoune Fadéla, conduit le service des établissements spécialisés à la direction de l'action sociale de la wilaya (DAS). L'élue de l'APW a attaqué tout de suite en affirmant que le problème de la (mauvaise) prise en charge de la frange des enfants assistés qui étaient hébergés au centre de Ziadia réside dans la mauvaise gestion et l'application de la loi au niveau de cette structure. « Les responsables ne sont pas arrivés à se hisser à la hauteur de la responsabilité humaine et sociale dont ils ont été investis », dira-t-elle. «Aussi, poursuit-elle, lors d'une inspection effectuée dans ce centre en janvier dernier, nous avons trouvé une situation catastrophique, surtout en matière d'hygiène. Et le mot n'est pas assez fort, dit-elle, car cette institution ressemblait à une prison ». Et de justifier son affirmation par l'inscription qui ornait l'entrée du centre qui disait : «Ici finit la vie». Et le fait que la direction des affaires sociales ait transféré ces enfants au centre des personnes âgées de Hamma Bouziane ne change rien à l'affaire, a estimé Mme Smati qui a signalé que 8 couples mariés faisant partie de cette catégorie de la société étaient hébergés dans cette structure et évoluaient dans une situation irréelle, dormant à côté des chiens. Et pour corser le tout, l'intervenante ajoutera qu'il y a des enfants assistés qui sont en prison pour divers délits et d'autres qui errent dans la rue. En réponse à l'avalanche de critiques visant son secteur, la représentante de la DAS a protesté vigoureusement en faisant valoir une situation maîtrisée, non sans reconnaître qu'il y a un déficit structurel réel dans la prise en charge des enfants de différentes catégories confiés à la DAS (les assistés, les enfants handicapés, etc.). Et après avoir fait un état des lieux, elle indiquera qu'il existe à Constantine trois structures pour la prise en charge de cette catégorie et qui sont gérées directement par la DAS. La pouponnière du Chalet des pins qui abrite une vingtaine d'enfants dont l'âge varie de 1 à 6 ans, une structure B qui abrite les enfants de sexe féminin et compte 30 enfants et enfin la structure C située à Hamma Bouziane avec 20 enfants. Répondant directement à sa contradictrice, Mme Ourahmoune rétorquera : «Vous généralisez pour des cas isolés et nous n'avons pas d'enfants qui errent dans la rue Madame». «Et puis, a-t-elle ajouté, il faut reconnaître honnêtement que l'accompagnement de ces enfants ne relève pas de la seule compétence de la DAS. Il y a aussi les secteurs qui doivent y contribuer. Et puis, il faut que l'on sache que notre institution accompagne l'enfant assisté jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de la majorité qui est de 18 ans ! » Et d'expliquer que la DAS ne rencontre pas des difficultés particulières dans la prise en charge des enfants assistés. Elle reconnaîtra que la structure de Ziadia avait certes connu une situation très difficile par le passé mais depuis que la direction a pris la décision de transférer les enfants à la structure de Hamma Bouziane, la situation s'est stabilisée et les enfants évoluent bien. La participation au débat des représentants de la presse a tourné essentiellement sur les textes réglementaires de la kafala et leur application sur le terrain.