A la veille des Assises nationales sur le secteur de la Santé qui s'ouvrent aujourd'hui à Alger, le président du Conseil national de l'ordre des médecins, Med Bekkat Berkani, a estimé hier sur les ondes de la Chaîne 3 que «l'étape du constat sur la situation actuelle du secteur de la Santé en Algérie est largement dépassée». Reconnaissant que la crise dont pâtit le secteur était «multidimensionnelle» à l'issue d'un diagnostic exhaustif effectué lors des Assises régionales, l'invité de la radio a appelé l'ensemble de la corporation des médecins et paramédicaux à prendre part aux Assises nationales «dont nous attendons qu'elles mettent la santé sur le bon rail», a-t-il affirmé. La révision de la loi sur la santé, devenue obsolète, la restructuration du secteur privé et le statut social et la formation des travailleurs de la santé sont «autant de problèmes à prendre urgemment en charge pour arriver à une meilleure prise en charge médicale d'une population de plus en plus nombreuse», a encore expliqué M. Berkani ajoutant que la révision de la santé était de la «responsabilité du pouvoir politico-administratif». A partir des recommandations qui se dégageront des Assises nationales, le gouvernement «doit s'emparer du dossier de la santé au vu de son caractère multisectoriel pour le placer au centre du débat en ce sens», a indiqué le président du Conseil national de l'ordre des médecins, estimant que l'Etat «se devait de se réapproprier le secteur de la santé dans une proportion de 80%, avec les 20% restant qui doivent revenir au privé», a-t-il souligné. Avec un retard cumulé depuis de nombreuses années, le secteur de la santé «doit bénéficier de toute l'attention des pouvoirs publics avec l'adoption d'un certain nombre de lois, de règlements comme la dépénalisation effective de l'acte de gestion, la décentralisation de la gestion au niveau local, ou encore une gestion efficiente des plans de carrière des personnels hospitalo-universitaires qui est une immense richesse pour le pays », a expliqué l'invité de la radio, rappelant que «tout sera mis sur la table lors des Assises nationales prévues les 16 et 17 juin en cours». Au sujet du gel de l'activité complémentaire par le ministre de la Santé, le président du Conseil de l'ordre des médecins a estimé que «L'Etat doit la santé à chaque citoyen comme le prévoit la Constitution, et des solutions restent à imaginer pour une meilleure complémentarité entre secteur public et privé en fonction des possibilités financières des uns et des autres», a-t-il indiqué. La création de pôles régionaux de santé pour soulager l'administration centrale, accompagnée d'une hiérarchisation des soins «demeure l'autre urgence à adopter au plus tôt pour redonner confiance au citoyen dans la santé publique», a, par ailleurs, affirmé l'invité de la radio, plaidant pour le maintien de la gratuité des soins qui est «une obligation de l'Etat». La nécessité de sortir du tout-curatif pour mettre la prévention au cœur de la politique nationale de santé a été l'autre cheval de bataille de M. Berkani qui a rappelé au passage que l'Algérie compte plus de 40.000 cas de cancer «à cause justement d'une politique de prévention défaillante». Accorder une priorité aux régions enclavées comme le Grand Sud et les Hauts-Plateaux «en développant des moyens d'évacuation sanitaire plus modernes, en démocratisant le transport aérien par exemple; construire de nouveaux hôpitaux dignes de ce nom dans ces régions discriminées par rapport au nord du pays», a souligné le président du Conseil national de l'ordre des médecins pour qui l'introduction des soins palliatifs pour les patients en fin de vie était «un débat de société au vu de ses incidences au triple plan humain, psychosociologique et économique». A une question sur le manque de transparence dans le transfert des malades pour des soins à l'étranger, M. Berkani, précisant au passage que le pays comptait plus de 55.000 médecins, a estimé que la «solution se trouvait plus dans le fait de ramener des compétences algériennes établies à l'étranger plutôt que de transférer nos malades moyennant des sommes faramineuses». Le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, avait, dès son installation, promis la refonte du système et appelé les acteurs de la santé à apporter leur contribution lors des Assises nationales qui s'ouvrent aujourd'hui, en vue d'enrichir la nouvelle loi sur la santé et d'élaborer une carte sanitaire adaptée aux mutations que connaît la société.