Le commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Ahmed Boustila, s'est déplacé hier dans la wilaya de Tébessa pour inspecter ses troupes basées tout au long de la frontière algéro-tunisienne longue de 965 km. Depuis la chute du régime de Benali, la Tunisie, faut-il le rappeler, vit une crise sécuritaire sans précédent. Cette crise a bien évidemment des conséquences directes sur notre pays qui tente depuis plusieurs années de sécuriser ses frontières est de tous ces groupes armés ou djihadistes qui ont fait leur apparition en particulier après le démantèlement de l'Etat Libyen et la disparition de milliers d'armes appartenant à l'ex-armée de Kadhafi. Il faut savoir en ce sens que des unités militaires de combat de l'Armée algérienne ont pris position le long de la frontière avec la Tunisie pour faire face à toute tentative d'intrusion d'éléments terroristes sur le sol algérien. Des accords de coopération sont par ailleurs signés entre les deux pays pour coordonner un certain nombre d'opérations militaires pour traquer des groupes terroristes qui ont trouvé refuge, selon les autorités tunisiennes, sur le mont Chaambi, pas très loin de la frontière algérienne. C'est dans ce contexte difficile que le patron de la Gendarmerie nationale s'est rendu dans la région pour vérifier personnellement le dispositif mis en place pour lutter contre l'infiltration d'éléments armés sur notre territoire mais aussi faire face au phénomène de la contrebande qui a pris de l'ampleur du fait de l'absence d'une véritable autorité de l'Etat de l'autre côté de la frontière. En une année (juin 2013-juin 2014), la Gendarmerie nationale a installé pas moins de 16 postes avancés, aux frontières tunisiennes notamment à Bouchebka et Laouinat, proches du mont Chaambi. Ils sont en tout 30 postes avancés dotés de cameras thermiques pour détecter toute intrusion de terroristes ou de contrebandiers. Selon diverses sources sécuritaires, le mont Chaambi, distant d'à peine 20 km des frontières algériennes est devenu un fief de djihadistes algériens, tunisiens, libyens, maliens, syriens et de plusieurs autres nationalités. Les terroristes, selon les mêmes sources, tentent de constituer une autre nouvelle nébuleuse en se démarquant de toutes les factions qui écument la région, notamment AQMI. L'Etat algérien, qui a pris conscience très tôt de ce danger, a mis le paquet pour doter la Gendarmerie nationale de matériels ultra sophistiqués pour répondre efficacement à la menace qui pèse sur notre pays. Les Gardes-frontières (GGF), les unités d'intervention et les unités territoriales, déployés sur les frontières sont désormais dotés de ce qui se fait de mieux en matériel et munis désormais d'armes très modernes et très perfectionnées. En fait, la Gendarmerie nationale s'adapte au fur à mesure pour faire face à l'évolution de la situation sécuritaire dans la région. Il faut savoir par ailleurs que sur les 24 armes automatiques saisies par la gendarmerie à l'échelle nationale durant les six derniers mois, 20 armes ainsi que 10000 balles ont été saisies aux frontières de l'Est, ce qui indique clairement que la frontière avec la Tunisie est devenue une plaque tournante du trafic d'armes. En outre, durant la même période, pas moins de 21 tonnes de cannabis ont été également saisies par la gendarmerie dans la même région alors que jusqu'ici le trafic de drogue, le kif plus précisément, est pratiqué à l'Ouest tout près du plus grand producteur de cannabis au monde, le Maroc. La valeur marchande de tous les produits saisis en seulement 6 mois à Tébessa s'élève à 29 milliards de centimes en plus de la saisie de pas moins de 79 véhicules utilisés par les contrebandiers. La connexion entre terrorisme, trafic de drogue et contrebande est ainsi définitivement établie pour la simple raison que les terroristes et les trafiquants empruntent les mêmes pistes pour traverser la frontière. Par ailleurs, le général-major Boustila s'est réuni hier avec les responsables des groupements des GGF pour s'enquérir personnellement de la situation et donner de nouvelles instructions à ses éléments. Ahmed Boustila a visité plusieurs postes avancés et un escadron de GGF à Bouchabka (Tébessa). Le commandant de la Gendarmerie nationale est par ailleurs entré dans une colère noire lors de sa visite d'inspection dans les chantiers de construction d'un centre d'instruction et du siège de l'Intervention rapide (GIR). Le patron de la gendarmerie a menacé de traîner devant la justice l'entreprise publique chargée de la réalisation des deux infrastructures qui accuse un retard considérable dans les travaux alors que la situation dans la région nécessite la présence de plus d'éléments. TROIS HELICOPTERES AUGUSTA POUR SURVEILLER LES FRONTIERES Le patron de la Gendarmerie nationale a inspecté par ailleurs une escadrille composée de trois hélicoptères basée à Tébessa. Les hélicoptères, dotés de caméras infrarouges, sont chargés exclusivement de la surveillance de la frontière avec la Tunisie. Entrée en service il y'a quelques temps, l'escadrille, lors de ses patrouilles aériennes, a pu identifier des dizaines de nouvelles pistes utilisées par les contrebandiers. Les hélicoptères construits en Italie et dotés des dernières technologies ont, en fait, u ne seule mission : surveiller le tracé frontalier qui traverse les wilayas d'El-Tarf, Souk-Ahras et Tébessa. Selon des officiers de la gendarmerie, les hélicoptères sont une partie importante du plan mis en place par le commandement dans sa lutte contre le terrorisme, la contrebande et la criminalité transfrontalière. Le colonel Sid Ali Chérif nous a indiqués cependant hier que la criminalité et la contrebande ont diminué après l'installation des postes avancés. Le colonel, qui commande 14 groupements de GGF, soutient toutefois que ses éléments restent plus que jamais sur leurs gardes pour faire face à toute menace.