En osant un effort surhumain, pour réprimer tout l'émotionnel e tout le sensible de mortel, disons que ce n'est qu'un jeu sportif et qu'il fallait un vainqueur et un perdant. Mais comme me twittait un ami après le match, juste au coup de sifflet final : j'ai regardé la rencontre, contre les ruses ; assis, mais crois-moi, j'ai mouillé par deux fois mon maillot, enfin, mon tricot de peau. Une pareille victoire au delà d'être la première de l'histoire footballistique du pays ; elle fut sans autre prétention lexicale, seigneuriale. A aucun moment du match les verts sur la pelouse du stade de Curitiba, baptisée, la cité modèle de l'Amérique Latine, n'avaient montré un soupçon d'abattement physique ou bien moral. Le match durait 90 minutes, se disaient-ils, et qu'il fallait en conséquence, être là. Ils furent alors, maitres incontestés du terrain, avec la classe qu'il faut. Ils le firent avec maestria, doublée d'une intensité qui imposait à leurs adversaires le temps du match, le respect. Magistraux ils rejoignirent les Green Eagles nigérians, qualifiés quelques heures auparavant. Pour la première fois dans les annales de la coupe du monde de football, le continent africain va placer deux équipes en huitième de finale. Ainsi l'histoire de l'Afrique depuis que le monde est monde, ne s'écrira pas sans les algériens. Point de chauvinisme primaire, mais c'est ainsi. Car au-delà de la méditerranée, quelques tristes coqs en baudruche dégonflés, toujours par guéris d'un traumatisme psychologique que se lèguent des générations de français nostalgiques d'un temps éculé, avaient surnommé les fennecs, l'équipe de France bis. OK, si cela peut faire avancer la paix par le sport dans le monde, nous sommes tout de suite preneurs, que dis-je, de potentiels demandeurs. Et comme à leur habitude empruntant en quasi vassaux, ce qui vient d'outre atlantique, certains français toujours prêts à dégainer, reprenant un article du quotidien américain, The Washington Post, interrogeant les rapports entre le football et la politique, qu'il consacrait dans son édition du 06 juin 2014,aux rapports footballistiques entre l'Algérie et la France, en titrant: l'autre équipe de France: football et indépendance en Algérie. Dès lors, le journal gratuit, 20 minutes se permet et parle du «vivier zmigri »de l'équipe d'Algérie. Le Figaro quant à lui, nous fait découvrir que les joueurs de cette équipe d'Algérie: «ne maitrisent pas la langue arabe». Et après ! De qui est composée l'équipe de France de foot messieurs dame ? Les Benzéma, Valbuena, Mtuidi, Vranne, Pogba et Mamadou Sakho, pour ne citer que ceux là, ne sont pas que je sache, de purs gaulois nés au village d'Astérix, en Armorique. Mais éloignons-nous de ce travers vicié, antinomique du sport, de sa pratique et de son esprit. Regardons plutôt l'harmonieux, dans ces cosmopolites brassages, qui fait rêver à travers tous les coins de la terre. Les grands championnats de foot du monde sont l'œuvre de tout ce que produit l'humanité de talents footballistiques, qui possèdent en commun, au-delà de leur nationalité d'origine, de leurs couleurs de peau, de leurs langues et de leurs religions, le don et l'habileté de faire chavirer les foules. Les locaux d'entre les verts, ceux qui vivent et jouent au foot ailleurs, les nationaux d'entre eux et les binationaux furent sur la pelouse du stade de Curitiba, les éléments d'un groupe cohérent, qui arracha et maintint le nul qualificateur au second tour, de haute lutte. Ils imposèrent leur rythme et leur façon de jouer à leurs adversaires. Et nous appréciâmes du beau jeu estampé algérien, comme nous vîmes des tirages de shorts et de maillots, mais aussi des joueurs ruses harassés, la langue pendante, voulant marquer un deuxième but, mais en vain. La prestation de Feghouli fut déterminante, malgré la blessure. Et pour que Slimani réalise la qualification au deuxième tour, il fallut la maitrise du terrain par chacun de ses coéquipiers, managés par l'excellence du jeu de Brahimi et de Djabou. La ligne de défense assurée par Haliche, Belkalem, Mesbah et Mandi fut souveraine et décisive. Le milieu fit le reste quand Medjani et Bentaleb demeurèrent les intraitables maitres de leurs espaces de jeu. Un très grand Raïs M'bolhi sauveteur de plusieurs tirs cadrés, fut le métronome qui donna la mesure et le tempo à l'ensemble, d'accomplir cet exploit. Le public algérien au stade brésilien ne priva pas l'équipe de son soutien, et en Algérie, qui s'était figée 90 minutes durant face aux écrans, la fête fut grandiose. Les algériens vivants à l'étranger furent également au rendez-vous festif avec, quand même une pointe de nostalgie. Bien sûr cela n'a pas plus en France aux élus du front national, et à tous leurs affidés, qui avaient dès avant le début de la coupe du monde, anticipé en montrant les crocs, alertant pour se faire gratuitement de la publicité, qu'ils gâcheraient la fête des algériens vivant en France. Ils le feront surement lors du prochain match contre l'équipe d'Allemagne, la mannschaft. Cette rencontre nous rappellera d'excellents souvenirs vécus lors d'un certain match d'une veille de ramadhan de l'année 1982, fortement ressemblante à celle de 2014. Est-ce là un signe du destin ? Qu'importe, les algériens joueront au foot et s'ils se qualifient, ça ne sera qu'une revanche sur l'histoire dans les mémoires ce sport roi, qui avait été éclaboussées, un certain 25 juin 1982, par l'hypocrisie et la perfidie, d'une alliance germanique entre l'équipe de la république fédérale d'Allemagne et celle d'Autriche. Mais à quelque chose malheur est bon. Car depuis ce coup bas fait au sport ; en pareilles circonstances, toutes les équipes jouent aux mêmes horaires, pour qu'il n'y est plus de triche. Oui le cas algérien avait fait avancer les règles du football, vers plus d'équité entre tous, plus de justice et plus d'impartialité, en pérennisant la primauté du talent et rien d'autre. Ainsi, si le sport en général et le foot en particulier, pouvaient faire ancrer de pareilles valeurs, qui profiteront sans doute; à toute l'humanité, nous acceptons de sportivement perdre. Cependant, tout évolue, le mur de Berlin n'existe plus heureusement, car, qu'on le veuille pas, sa symbolique avait à l'époque facilité cette alliance austro-allemande de l'ouest, antisportive, pour éliminer mon pays. Sans aucune inimitié, c'était dans l'air d'un temps, depuis révolu. Désormais, tous les humains qui jouent ou qui regardent jouer au foot, ont le droit de nourrir l'espoir de battre d'autres équipes, qui du moins en théorie, leur sont inaccessibles. En jouant héroïquement les verts pourront faire durer ce bonheur. Alors bon vent aux fennecs.