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Une radiotélévision libre des Mille Collines pour appeler au génocide du peuple palestinien ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 30 - 07 - 2014

« Il ne devrait pas être impossible de prouver, avec suffisamment de répétition et la compréhension de la psychologie des gens intéressés, qu'un carré est en fait un cercle. Ce sont des mots; et les mots peuvent être moulés jusqu'à ce qu'ils habillent et déguisent les idées… La technique du plus brillant des propagandistes ne produira aucun succès, à moins qu'un principe fondamental soit conservé à l'esprit de manière constante - il faut se limiter à quelques points et les répéter encore et encore… Le succès, c'est ce qui est important. La propagande n'est pas l'affaire d'esprits moyens, mais plutôt l'affaire des praticiens… Elle n'est pas supposée être sympathique ou théoriquement correcte… Le point d'un discours politique est de convaincre les gens de ce que nous estimons être correct (Joseph Goebbels, ministre de la propagande nazie : 1897 - 1945 : Journal personnel)
La Radiotélévision libre des Mille Collines (RTLMC) fut, au Rwanda, le canal médiatique utilisé par les dirigeants hutus pour diffuser les messages de haine encourageant le génocide des Tutsis, entre Avril et Juillet 1994. Selon les sources publiées sur différents sites internet, cette station, animée par des prêtres catholiques hutus, fut considérée comme responsable d'au moins cinquante et une mille exécutions sommaires. Elle avait adopté comme slogan : « Les tombes ne sont pas encore pleines » et le mot de code qu'elle utilisait pour inciter au massacre des Tutsis était : « Au boulot ».
Sans doute, sa propagande s'est inspirée des conseils donnés par Goebbels aux propagandistes nazis, et qu'il a soigneusement notés dans son journal personnel. Ou, simplement, la pratique a-t-elle fait redécouvrir aux animateurs de cette radiotélévision les « sages conseils » de ce grand maître de la propagande, dont l'objectif n'est pas de dire la vérité, ou d'informer, mais d'inciter l'auditoire « captif » à penser et à agir en conformité avec les objectifs politiques visés et les actions projetées par les leaders du projet de solution finale.
PROPAGANDE GENOCIDAIRE «A LA NAZIE» UNE CHOSE DU PASSE ?
On aurait cru que la propagande génocidaire « à la nazie » était une chose du passé dans les pays qui ont eu une expérience de première main de l'idéologie nazie, et que ces pays avaient rejeté tant cette idéologie haineuse et dangereuse, que les méthodes qu'elle avait employées pour faire croire, selon les propres termes de Goebbels, rapportés en en-tête, que «le cercle est en fait un carré ».
Probablement, par naïveté, on aurait pensé que, dans un pays, qui se proclame haut et fort « patrie des droits de l'homme», les médias auraient tendance à traiter de manière neutre un problème que tous, à l'unanimité, prétendent s'accorder à répéter qu'il est trop loin pour qu'il puisse soulever des réactions passionnelles.
Contrairement aux principes affichés, on constate que ses organes d'information publics, quel que soit leur support, prennent fait et cause pour la version officielle de l'Etat d'Israël, dont les objectifs génocidaires font partie de sa raison même d'être.
LES THEMES DE LA PROPAGANDE SIONISTE REPRIS SANS RESERVE NI CRITIQUES
Le programme sioniste qui vise à vider de tous les non-juifs la terre de la Palestine historique, n'est pas un secret d'Etat jalousement gardé par les autorités israéliennes, qui ne s'en sont jamais cachées. L'opération militaire actuelle n'est qu'une des étapes de ce nettoyage ethnique à visage découvert.
Pourtant, on entend à longueur de lignes imprimées dans la presse dite « libre » de ce pays, et d'émissions de radio ou de télévision, comme de déclarations officielles des plus hautes autorités, qu'il faut garder la tête froide et surtout maintenir un « juste équilibre » dans la présentation des informations sur l'agression de Gaza, car selon cette « ligne rédactionnelle », il ne saurait être justifié de prendre position pour l'une ou l'autre partie, car l'une et l'autre serait aussi responsable des morts et des destructions qui, pourtant ne frappent massivement que les Palestiniens.
Sous cette présentation « neutre » et « sans parti pris », Israël serait, en fait, la victime non seulement d'une agression qu'elle n'a jamais, au grand jamais, provoquée, et qu'elle ne ferait que répondre, comme tout Etat veillant de manière responsable à la protection des biens et personnes de ses citoyens, aux « actes terroristes d'Arabes » (car, faut-il encore le répéter ? Jusqu'à présent Israël ne reconnaît pas l'existence des Palestiniens, et ce malgré des dizaines de « négociations » selon la terminologie israélienne).
On aurait cru que les médias publiques de cet Etat, inventeur et partie prenante tant dans la Convention Internationale des Droits de l'Homme, que corédacteur de la convention internationale sur le génocide, allaient faire preuve, de manière réelle, de cette présentation « équilibrée » de l'agression israélienne contre le peuple assiégé de Gaza. Or, ce que l'on constate, c'est le contraire. Les médias lourds publics, qui ne reçoivent qu'une partie de leurs financements des agences publicitaires, et sont indifférents au nombre de spectateurs qu'ils attirent, sont ceux qui montrent le plus d'acharnement à reprendre les mots d'ordre de la propagande israélienne, répétant ad libitum, comme le conseille Goebbels, quelques contre-vérités, comme : « Les civils tués à Gaza, seraient en fait, les victimes de Hamas qui les utiliserait comme boucliers humains » «Le but d'Israël serait exclusivement de faire arrêter les roquettes lancées par les « terroristes » à partir de Gaza », qu'en fait « Israël ferait face à une menace stratégique provenant des tunnels creusés par les « terroristes » pour attaquer, sans provocation, une population civile portée, par nature, à la paix », que finalement « Israël, pour prouver sa volonté de paix » aurait évacué Gaza il y a 9 années de cela, enlevant toute justification d'attaque contre les populations israéliennes civiles ».
DES VERITES IMPORTANTES A RAPPELER
Le problème avec cette présentation quelque peu biaisée, si ce n'est fausse, est que ces télévisions publiques donnent une image qui tend à faire que le bon droit, comme le droit international, et les considérations humaines seraient, sans aucune réserve, du côté d'Israël et, qu'en fait, le Hamas serait une « organisation terroriste » mû par une haine religieuse irrationnelle » et dont le seul objectif serait de faire souffrir autant les Palestiniens que les Israéliens, et qu'elle aurait un comportement à la fois « illogique et criminel ».
Cette propagande à sens unique, quoiqu'elle se fait sous le couvert de la neutralité absolue, ne mentionne évidemment jamais les déclarations des dirigeants israéliens sur le sort qu'ils entendent réserver aux Palestiniens, sort exprimé de manière non ambigüe dans la phrase maintes fois reprise du général Eytan, l'un des chefs d'état-major de l'IDF, et publiée sur le quotidien Yediot Aharanot du 13 avril 1983, et reprise par le New York Times du 14 avril 1983 : « Nous déclarons ouvertement que les Arabes n'ont aucun droit à s'établir ne serait-ce que sur un centimètre carré d'Eretz Israël. Vous autres, bonnes âmes devriez savoir que les chambres à gaz d'Adolf Hitler seraient pour eux un palais de récréation. La force est la seule chose qu'ils comprennent et qu'ils comprendront jamais. Nous utiliserons la force extrême jusqu'à ce que les Palestiniens viennent à nos pieds en rampant ».
N'a-t-on pas la sinistre impression que c'est exactement l'esprit dans lequel l'IDF s'acharne sur les Palestiniens dans ce qui est appelée la guerre entre Israël et le Hamas ?
Mais, hélas pour cette propagande qui vise à justifier le massacre d'innocents exclusivement palestiniens, et la destruction massive des infrastructures de la bande de Gaza ! C'est que la réalité contredit, comme l'indique déjà clairement la déclaration de Eytan, toutes les affirmations des autorités israéliennes. On voudrait ici rappeler certains faits qu'omettent de présenter les médias publics de la patrie des droits de l'homme :
1. Selon l'ONU, Gaza n'est pas libre et est toujours occupée par Israël, non seulement parce que cette dernière, impose à ce territoire un blocus total, aérien, maritime et terrestre, mais également parce que les autorités israéliennes se sont taillées, à l'intérieur de ce territoire, une zone tampon couvrant 14 pour cent de sa superficie, et au moins 48 pour cent de ses terres cultivables, sans compter 85 pour cent du territoire maritime le long de ses côtes. De plus, les Israéliens se sont donné le droit de continuer les assassinats ciblés et les arrestations de citoyens ghazaouis, comme de maintenir leur soumission au droit pénal interne israélien. De même, et de manière quasiment ininterrompue entre les campagnes militaires strictement parlant, dont celle-ci, lancée le 6 juillet de cette année n'est que la dernière en date, ces autorités d'occupation procèdent, sous différents prétextes, à des incursions armées, au meurtre de Palestiniens, et à des destructions d'infrastructures par bombardement maritime, aérien ou terrestre. En fait, Gaza est un champ de tir à volonté « ouvert » pour les autorités israéliennes. Les Ghazaouis ne sont pas soumis, comme le prétendent les autorités israéliennes, à des incursions et à des campagnes de punition collective, parce qu'ils ne cesseraient de provoquer et d'attaquer sans rime ni raison le territoire d'Israël. Le peuple de Gaza est à la fois encore occupé, assiégé et agressé de manière continuelle; et les roquettes constituent le seul moyens pour cette population assiégée et encore sous occupation depuis 9 ans, de riposter à cette agression multidimensionnelle et perpétuelle de la part d'Israël, et d'attirer l'attention de la communauté internationale, au cœur très sensible lorsque ses intérêts le demandent, et insensible quand ça ne l'arrange pas d'avoir pitié.
2. Les bombardements terrestres, aériens et maritimes effectués par l'IDF, et dans lesquels sont utilisées des munitions puissantes, qui infligent des dégâts et causent des victimes civiles non armées, pour leur écrasante majorité, sont trop systématiques et trop massifs pour les cibles et le type de riposte adéquat aux mesures de défense utilisées par les Ghazaouis, pour être justifiés par des motivations strictement militaires. Si vraiment les autorités israéliennes avaient en vue seulement de s'attaquer à ceux qui « les agressent », et dont ils se vantent de connaître de la manière précise tant l'identité que la position géographique, on n'aurait pas vu cette proportion terrible des morts civils composés essentiellement de femmes et d'enfants, et cette démolition aussi systématique de cibles visiblement sans intérêt militaire, comme les écoles, les mosquées, les centrales de distribution d'eau, les hôpitaux, et même les aires de jeux pour enfants le jour de l'AId. Il y a derrière ces bombardements aveugles, une volonté démontrée sans conteste de tuer le maximum de Palestiniens. Un site (http:/www.imemc.org/article/68429) donne en continu, par jour et par localité, les noms, prénoms et âges des Palestiniens tués sous les bombes ou les obus israéliens. On y découvre, par exemple, que le 26 Juillet, à Khan Younes, toute la famille al Najjar, composée de 15 personnes, dont l'âge s'étend de 2 ans à 59 ans, a été tuée. Les Israéliens vont-ils proclamer que Samir Hossein al Najjar, âgé de 2 ans, aurait été surpris à lancer une roquette sur Israël, ou que se serait protégé derrière lui un combattant du Hamas ? Ces mêmes autorités vont-elles nous faire croire que Hussam Hussein al Najjar, âgé de 7 ans, était en train de creuser un de ces fameux tunnels, qui ferait naître tant d'effroi en Israël et constituerait un péril stratégique pour un pays détenteur non seulement d'un arsenal atomique d'au moins 400 bombes, mais également de l'armée la plus puissante du Moyen-Orient ? Les autorités israéliennes pourraient faire avaler la grosse couleuvre qu'en fait toute cette famille, dont Ghalia Mohammed al Najjar, femme âgée de 56 ans, et évidemment, ses deux enfants de 2 et 7 ans, auraient été membres d'un groupe associé aux Brigades Azzedine al Qassam ? Ou y aurait-il sous le bâtiment dans lequel habitait cette famille, un tunnel « construit en ciment armé » menant directement à Tel Aviv ? Nul ne peut croire que la famille al Najjar méritait d'être tuée jusqu'au dernier de ses membres, parce qu'elle aurait constitué une menace stratégique à la survie de l'Etat d'Israël. On peut reprendre la même affirmation pour la majorité des victimes de l'agression israélienne, victimes d'une opération de représailles dont l'ampleur ne peut être expliquée que par la volonté d'Israël d'utiliser n'importe quel prétexte, d'inventer n'importe quel mensonge pour faire avancer son projet de liquidation, tel que qualifié par le général Eytan, d'un peuple qu'il lui est d'autant plus facile à liquider physiquement qu'il ne reconnaît pas son existence.
En conclusion : On peut comprendre qu'Israël mente systématiquement, pour couvrir le crime de génocide, dont il ne s'est jamais caché, d'ailleurs. Mais que ces mensonges soient repris, à la virgule près, par des médias publics de la patrie des droits de l'homme, qui proclame que ses citoyens ne doivent pas être contaminés par la fièvre et la passion soulevées à la suite de cette agression, est une chose non seulement inacceptable, car ces distorsions de la vérité au profit exclusif d'Israël font de ce pays le complice du génocide en direct du peuple palestinien, mais également parce qu'ils donnent un démenti cinglant à la position de neutralité proclamée haut et fort face à ces évènements.
On aurait naïvement pensé que l'indignation devant les mensonges de la propagande israélienne à la Goebbels aurait été telle que les mass media et les autorités de ce pays, qui se targuent de défendre les valeurs humaines universelles, auraient refusé de se laisser dicter les informations que diffuse la machine à propagande sioniste, mais que le gouvernement même de ce pays aurait été jusqu'à prendre les décisions les plus radicales et les plus en conformité avec ses valeurs proclamées, à savoir, non seulement rompre ses relations diplomatiques avec Israël, jusqu'à ce qu'il accepte de renoncer à son projet génocidaire, mais également interdire toute propagande sioniste encourageant le génocide du peuple palestinien, comme est interdit - et ce n'est que louable - tout comportement qualifiable d'antisémite.
La question qui reste finalement à poser est la suivante : Une radiotélévision libre des Mille Collines est-elle acceptable et même digne d'encouragement seulement si elle appelle au génocide du peuple palestinien ? Ou, pour être plus précis, le génocide du peuple palestinien est-il reconnu comme projet légitime par la Communauté internationale ? Alors on comprendrait pourquoi la propagande israélienne est le moule qui forme l'information diffusée par les médias publics de ce pays sur le massacre collectif du peuple de Gaza !


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