De Washington, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a réaffirmé la ferme intention de l'Algérie de ne pas intervenir militairement en Libye, faisant prévaloir la Constitution algérienne «qui interdit à nos troupes de traverser les frontières». De nouveau et pour la énième fois, Alger affiche clairement sa position vis-à-vis du dossier sécuritaire libyen et prône la voie du dialogue pour en terminer avec les violences armées qui minent ce pays depuis la chute du régime de Kadhafi. Et cette sortie de crise, Alger la voit indéniablement dans la mise en place d'un gouvernement de consensus avec l'aide des pays limitrophes. Ainsi, M. Sellal écarte toute action militaire concertée en déclarant qu'« il faut parvenir à créer un consensus pour mettre en place un gouvernement et des institutions capables de diriger le pays ». Lors de la rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye, les 27 et 28 mai à Alger, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, avait indiqué pour sa part que la Libye a besoin du soutien des pays voisins pour régler ses problèmes internes « sans interférence étrangère ». Le Premier ministre insistera sur la vision de l'Algérie à propos du règlement de la crise libyenne qui doit revêtir un cachet régional, basé sur un processus de rapprochement en Libye au détriment d'une quelconque intervention étrangère. M. Sellal sera clair sur cette question, affirmant ne pas accepter « d'interventions étrangères à nos frontières » quand on connaît les conséquences de l'intervention de l'Otan en Libye sur instigation française et qui a conduit le pays dans l'impasse. « Une intervention étrangère : on sait quand elle démarre mais on ne sait pas quand elle se termine », explique-t-il, soulignant les risques de déstabilisation de la région en réponse aux velléités américaines d'intervenir militairement en Libye. Il reconnaîtra pourtant la difficulté d'un retour à la normale puisque le pays ne dispose ni d'une armée ni d'une police pour rétablir l'ordre. A ce propos, il réitérera le soutien de l'Algérie à la Libye pour l'accompagner dans les domaines de la sécurité et de la justice, en indiquant que le Premier ministre libyen Abdallah Al-Theni l'avait sollicité pour une formation rapide des forces d'intervention militaire et policière de son pays. En mars 2012, Daho Ould Kablia, alors ministre de l'Intérieur, avait évoqué cette question rappelant la position de l'Algérie qui s'oppose à toute tentative visant la sécurité et la stabilité de la Libye et sa disponibilité à l'aider à tous les niveaux, notamment dans les domaines de la formation militaire, la police, la protection civile et aussi l'administration. Le Premier ministre proposera en outre l'expérience algérienne en matière d'approches efficaces dans le règlement des conflits régionaux, citant le dossier malien où la fin du conflit a un fort accent algérien. Lors des débats consacrés à la sécurité et à la paix en Afrique, tenus à l'occasion du premier sommet afro-américain, qui s'est achevé ce mercredi à Washington, M. Sellal a expliqué cette approche louée par les pays africains et les Etats-Unis. Une initiative diplomatique algérienne qui « a porté haut l'image de l'Algérie qui a réussi à créer un climat de négociation entre les différents protagonistes », dira-t-il. Au cours de ces débats sur la sécurité en Afrique, M. Sellal a exposé la vision algérienne qui s'appuie avant tout sur le fait que c'est aux Africains eux-mêmes de prendre en charge le dossier de la sécurité sur le continent noir. Une revendication qui, précisera-t-il, a été prise en compte par l'Administration Obama qui a dégagé un budget de 110 millions de dollars pour participer au financement de la création d'une force africaine d'intervention rapide.