Au moins quatre Palestiniens ont été tués hier vendredi par deux frappes israéliennes dans la bande de Ghaza, au lendemain de l'assassinat de trois responsables de la branche armée du mouvement Hamas par des bombardements ciblés à Rafah, fermant pour le moment toute fenêtre de trêve dans les combats. Environ 70 Palestiniens sont morts depuis la rupture du cessez-le-feu de neuf jours mardi soir et l'échec des négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens au Caire. Le nombre de victimes de l'agression israélienne, depuis le 8 juillet, qui en est à son 46eme jour, est de 2.083 morts et plus de 10.000 blessés. Un bilan extrêmement lourd et disproportionné par rapport aux accusations israéliennes quant à la menace pour sa sécurité que représente la résistance palestinienne. Jeudi, plus d'une trentaine de Palestiniens, dont plusieurs enfants, ont été tués par les frappes israéliennes, selon les secours locaux. Parmi ces victimes de la barbarie sioniste, trois responsables des brigades Azzedine el Qassam: Mohammed Abou Chamala et Raëd al-Atar, ainsi que Mohammed Barhoum. Ils ont été tués à Rafah par un raid de l'aviation sur renseignements du Shin Beth, les services de renseignement israéliens. Le raid a fait au moins quatre autres morts dans cette ville du sud du territoire à la frontière égyptienne, ont indiqué les secours. Il n'a laissé de l'immeuble dans ou près duquel se trouvaient les victimes qu'un cratère et un tas de ruines. Pour autant, «l'assassinat des dirigeants des Brigades Ezzedine al-Qassam est un crime qui ne brisera pas notre détermination, ni n'affaiblira notre résistance, mais dont Israël devra payer le prix », a prévenu un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri. Leur assassinat a été précédé par une autre opération ciblée qui a visé mardi soir le chef des Brigades al-Qassam, Mohammed Deif. Sa femme et leur garçon de sept mois ont été tués dans cette attaque. Ils ont été enterrés mercredi. Un autre enfant de l'insaisissable Deif, Sara, 3 ans, a été retirée morte des décombres jeudi, selon les secours. L'escalade meurtrière israélienne est appelée à s'étendre avec le rappel de dix mille réservistes jeudi. Et, depuis jeudi minuit, l'aviation israélienne a lancé «plus d'une dizaine de raids » dans la bande de Ghaza, a indiqué un porte-parole de l'armée. INUTILES ET INEFFICACES EFFORTS DIPLOMATIQUES Plusieurs fois accusé de crime de guerre à Ghaza et contre la population palestinienne, Israël ne semble pas pour le moment exprimer de regrets ni une quelconque volonté de cesser son agression devant la tiédeur de la réaction internationale. A l'ONU, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, prépareraient une résolution d'un cessez-le-feu immédiat qui doit être soumis en urgence au Conseil de sécurité. Selon des diplomates, cette résolution répond aux inquiétudes des Israéliens en matière de sécurité, prévoit la réouverture des frontières, ainsi que la levée des restrictions économiques et humanitaires dans l'enclave palestinienne afin d'engager un effort de reconstruction de grande ampleur. Cette initiative vise, expliquent encore les mêmes diplomates, à obtenir le soutien unanime des 15 membres du Conseil de sécurité. Une résolution proposée par la Jordanie a rencontré des résistances, surtout de la part des Etats-Unis. Des responsables de l'ONU ont pour leur part appelé à cesser le feu en soulignant que les hostilités compromettaient leur capacité à répondre aux besoins pressants des quelque 1,8 million d'habitants de Ghaza où près de 435.000 Palestiniens ont été déplacés depuis la reprise des bombardements de l'armée israélienne mardi, rompant un fragile cessez-le-feu qui a, en même temps, mis fin aux négociations pour trouver un compromis politique. De son côté, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a rencontré hier vendredi pour la seconde fois le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaal, sous les auspices du Qatar. Rien n'a filtré de ces discussions. Il s'agit d'un « suivi » de la réunion de jeudi qui avait duré près de trois heures au palais du souverain qatari cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, selon une source palestinienne. EXECUTIONS DE «COLLABOS» Mais, l'évènement de la journée de vendredi a été l'exécution de 18 supposés collaborateurs d'Israël dont 6 en place publique, juste à la fin de la prière du vendredi à Ghaza. Sans surprise, ces exécutions, selon la télévision du Hamas, ont été accomplies après la sentence de tribunaux spéciaux. Six de ces exécutions ont été accomplies à la fin de la prière hebdomadaire. La télévision de Hamas précise que « 18 collaborateurs » ont été exécutés. A la fin de la prière du vendredi, devant la plus grande mosquée de Ghaza, Al Omari, des hommes en uniforme des Brigades Ezzedine al-Qassam ont débarqué de leurs voitures six « collaborateurs ». Sous les yeux de centaines de fidèles, ils ont vidé les chargeurs de leurs armes automatiques sur eux, selon ces témoins. Onze autres « collaborateurs » ont été supprimés plus tôt près du siège de la police et un autre encore sur une place proche, selon le site du Hamas, Majd. Par ailleurs, les Brigades al-Qassam ont menacé de leurs roquettes l'aéroport de Tel-Aviv et forcé Israël à reporter l'ouverture de son championnat de football, prévu samedi. Le site Majd a prévenu également hier vendredi que la «résistance n'épargnera personne» qui collaborerait avec l'entité sioniste. La résistance a renforcé «la lutte sur le terrain contre la collaboration avec l'ennemi qui pratique des assassinats», ajoute le site Majd du Hamas, citant un haut responsable de la sécurité à Ghaza, selon lequel la résistance palestinienne a procédé aux exécutions après «une procédure judiciaire». «La résistance n'épargnera aucun collaborateur, tous seront jugés par des tribunaux révolutionnaires et écoperont des peines prévues pour leur crime», a dit ce responsable. La résistance palestinienne a déjà exécuté plusieurs collaborateurs d'Israël depuis le début de l'agression militaire contre Ghaza.