Sur le conflit syrien, les Occidentaux se retrouvent confrontés à une situation qui tourne au cauchemar pour eux. Ils savent désormais que dans ce pays ne se font face que les forces du régime et les combattants islamistes extrémistes appartenant soit au Front El Nosra, soit à l'Etat islamique, groupes tous deux inscrits dans leurs listes des organisations terroristes représentant une menace pour les sécurités nationales du camp occidental. Le bras armé de l'opposition syrienne dite modérée l'ASL sur laquelle les Occidentaux ont fondé des espoirs s'est proprement effondré et se retrouve dans l'incapacité de peser sur l'issue du conflit qui ne dépend plus que du résultat de la confrontation entre l'armée régulière du régime et les groupes islamistes extrémistes. Pour quelle stratégie ont-ils opté face à cette tournure prise par la guerre en Syrie qui met fin aux illusions qu'ils ont entretenues sur les capacités militaires de l'ASL et par voie de conséquence sur le rôle que pouvait jouer l'opposition modérée qu'ils voyaient ni plus ni moins arrivant au pouvoir à Damas à l'effondrement « inéluctable » du régime de Bachar El Assad ? Elle est on ne peut plus « brumeuse » si l'ont tient compte qu'ils déclarent ne vouloir ni la victoire et donc du maintien du régime, ni celle des groupes islamistes extrémistes qui en cas où ils déferont ce régime ne feront aucune place à leur protégée qu'est l'opposition syrienne dite modérée. Sous prétexte que l'Etat islamique menace l'Etat irakien au bord de l'effondrement suite à la déroute que ses combattants ont infligée à l'armée de Baghdad, les Etats-Unis s'activent à former une coalition internationale dont la « légitimité » leur servirait d'écran à une intervention militaire incluant comme champ opérationnel le territoire syrien dont l'Etat islamique occupe une large portion. Mais en réalité le volet syrien de cette intervention vise l'objectif de s'en prendre également aux forces du régime de Damas. Ce que les pétromonarchies de la région mettent comme condition pour leur adhésion à la coalition que John Kerry s'active à mettre en place. Elles ont même plaidé pour que le Front El Nosra pourtant qualifié d'organisation terroriste ne soit pas la cible de cette intervention. Pour qu'il en soit ainsi, ce groupe islamiste extrémiste « conseillé » par ses sponsors monarchiques fait depuis peu des gestes dont il espère qu'ils auront pour effet d'atténuer la réputation sanglante et extrémiste qui est la sienne auprès des Occidentaux. D'ici à ce que ce Front El Nosra ne soit comptabilisé parmi les membres de la coalition anti-Etat islamique et anti-régime syrien dans le même temps, il s'écoulera peu de temps car les Saoudiens, les Qataris et même la Turquie et la Jordanie y travaillent fébrilement auprès des Occidentaux. N'ayant pas le projet d'instaurer un khalifat islamique dont la seule évocation terrorise les émirs, le Front El Nosra ne les inquiète pas car ayant pour doctrine religieuse le wahhabisme dont leurs Etats sont les propagateurs. Son arrivée au pouvoir à Damas arrangerait les affaires de l'Arabie Saoudite et des émirats du Golfe. Pour les Syriens, cela reviendrait à échanger une dictature laïco-communautariste contre celle d'un groupe religieux non moins dictatorial et absolument plus rétrograde. Ce que les Occidentaux s'apprêtent à leur imposer en se prêtant servilement aux exigences des pétromonarchies pour qui cette issue au conflit syrien est un objectif au service duquel ils ont mis toute l'influence dont elles disposent grâce à leurs faramineuses ressources financières et énergétiques.