Le 'rideau de fer'' que le Maroc est en train de construire, officiellement pour lutter contre le terrorisme et le trafic de drogue sur ses frontières-est avec l'Algérie, va être allongé davantage pour englober trois régions par où transitent, selon les autorités sécuritaires marocaines, l'essentiel du trafic de personnes et par où des terroristes pourraient s'infiltrer. Selon une source sécuritaire marocaine, citée par les médias locaux, Rabat a décidé de porter la longueur de la barrière métallique, en cours de réalisation, sur le tracé de la frontière avec l'Algérie, de 70 km, initialement, à 110 km. A fin-août dernier, le taux de réalisation était de « de 38% », soit 41 km, explique la même source, selon laquelle la hauteur de cette muraille métallique, qui devrait être achevée, fin 2014, est de 3 m et sera construite dans 3 régions frontalières de l'Algérie: Oujda, Berkane et Jerada. Plus concrètement, cette barrière métallique va de la ville côtière de Saidia, près de la ville algérienne de Marsat Ben M'hidi, à Sidi Aissa, dans la région de Jerada, près des zones désertiques du Maroc. La même source sécuritaire marocaine a précisé, par ailleurs, que cette muraille métallique a été décidée pour lutter contre le trafic de drogue, d'êtres humains et le terrorisme. Le ministre de l'Intérieur marocain, Mohamed Hassad, a indiqué, lors d'une séance parlementaire que l'objectif de la construction de cette muraille métallique, en fait des barbelés d'une hauteur de 3 m, est d'empêcher que des groupes terroristes ne se faufilent au Maroc, outre la lutte contre le banditisme et les trafics en tout genre. L'annonce de la réalisation de cette muraille de fer a été faite, fin 2013, au plus fort moment des protestations espagnoles sur le laxisme marocain, quant à la gestion des flux migratoires de Subsahariens, qui entraient en Europe, à partir de l'enclave de Melilla, près de Nador. Derrière le fallacieux prétexte de la lutte contre le terrorisme (qui viendrait de l'Algérie) et du trafic de drogue, Rabat veut, en fait, plaire à Bruxelles, en verrouillant, encore plus, ses frontières avec son voisin maghrébin. Selon des observateurs maghrébins, le Maroc n'est pas plus inquiété des trafics de drogue, notamment car il est le premier producteur et exportateur mondial de cannabis et résine de cannabis (chira), mais veut, plutôt, verrouiller davantage sa politique migratoire, pour protéger l'Europe, des assauts de migrants subsahariens. L'épisode des 11 et 12 août derniers, durant lesquels des milliers de Subsahariens avaient envahi, littéralement, l'Espagne, en est un parfait exemple. Car la décision de construire cette « muraille de la honte » est venue après une rencontre entre de hauts responsables du ministère de l'Intérieur, de l'Armée et de la Gendarmerie, à Oujda, en décembre 2013. A cette époque, le quotidien Akhbar Al Youm' avait rapporté que ce projet, qui porte sur la réalisation d'une barrière de barbelés, entre la ville de Saidia et celle de Figuig, au sud, a été initié par le commandant de la Gendarmerie royale Hosni Benslimane, l'inspecteur général des Forces armées royales Abdelaziz Bennani, et le ministre de l'Intérieur Mohamed Hassad, pour lutter contre les arrivées de clandestins et le trafic de drogue, au Maroc. En 2013, il n'était pas dans l'ordre du jour des sécuritaires marocains de lutter contre les terroristes, d'origine marocaine, venant de Syrie. Le même quotidien marocain avait, à ce moment, donné la véritable explication des objectifs de ce projet, qui serait « lié à la politique de régularisation exceptionnelle des étrangers, au Maroc ». Plusieurs ONG marocaines et internationales de défense des droits des migrants ont dénoncé ce projet. Pour ces ONG, cette frontière de barbelés servira « les activités des mafias spécialisées dans le trafic en tout genre », notamment des personnes. Pour autant, des observateurs de la scène maghrébine relèvent que le projet marocain est une réponse à celui de l'Algérie de sécuriser ses frontières, avec le Maroc, en creusant des tranchées, sur une distance de 700 km pour lutter contre le trafic de drogue et du carburant. En 2013, au moins 60 tonnes de drogue ont été introduites en Algérie, alors que le trafic du carburant, en dépit de toutes les mesures de sécurité et de prévention, alimente le marché parallèle marocain.