L'abrogation effective de l'article 87-bis du code du travail sera au centre des travaux de la réunion de la Tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) aujourd'hui à Alger. Cet article, qui a fait couler beaucoup d'encre et largement discuté au sein de la centrale syndicale, a été abrogé officiellement, l'application de cette décision sera discutée donc lors de cette Tripartite, ainsi que cinq autres dossiers dont l'amélioration du climat des affaires, le pacte de croissance et la relance de la production nationale. Salim Labatcha, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs des industries agroalimentaires (FNTA), revient dans un entretien à la radio nationale sur les enjeux des points qui seront discutés lors de cette réunion. L'abrogation de l'article 87-bis est effective, a-t-il affirmé, avant de préciser que 'l'application de cette décision se fera par voie réglementaire''. 'Son application est d'ailleurs inscrite dans le projet de loi de finances 2015'', a-t-il dit. En fait, les catégories socioprofessionnelles qui sont directement concernées par cette mesure sont celles des personnels d'exécution, 'les bas salaires'', a-t-il expliqué, relevant qu'il y aura 'une augmentation (salariale) conséquente, parfois le double''. Environ trois millions de travailleurs, dont un million dans la fonction publique sont touchés par cette mesure, le reste dans le secteur économique privé et public. Le SNMG sera dès lors aligné pour tous à 18.000 dinars, car, a expliqué M. Labatcha, 'il s'agit de rectifier une injustice. Maintenant que l'Algérie a payé ses dettes, pourquoi maintenir une loi antisociale, et ne pas améliorer les salaires des travailleurs ?'', s'est il interrogé, après avoir expliqué que l'Algérie avait mis en place cet article au plus fort moment de la crise financière des années 1990 et sous les conditions des institutions financières internationales (FMI-BM). 'Les salaires vont augmenter à partir de janvier 2015'', a ainsi affirmé M. Labatcha qui a cependant expliqué qu'il faut 'harmoniser les salaires''. Pour cela, il a annoncé que des négociations vont avoir lieu pour harmoniser les salaires avec des correctifs nécessaires qui 'vont augmenter les salaires des autres catégories'' socioprofessionnelles. 'L'application du nouveau SNMG va provoquer un déséquilibre, d'où les négociations pour harmoniser les salaires. Il y aura un équilibre à établir dès l'application du nouveau SNMG'', a-t-il indiqué, avant de balayer d'un revers de la main les réserves du patronat sur l'abrogation du 87-bis, pour qui il y aura une perte de productivité. 'Les causes de la perte de compétitivité et de rentabilité sont à rechercher ailleurs'', a-t-il dit, invitant le secteur privé et les entreprises étrangères opérant en Algérie à appliquer cette décision du gouvernement algérien. Pas vraiment d'enjeux pour cette tripartite M. Labatcha a par ailleurs estimé qu'il n'y a pas vraiment d'enjeux pour cette Tripartite. 'Il y a cinq dossiers, le 6e est le SNMG. Des décisions ont été discutées lors de la dernière Tripartite. Les 5 groupes de travail ont rendu leurs conclusions, et des décisions prises et entérinées par le Président. Parmi ces points, il y a le pacte de croissance, le Fonds national de l'investissement (FNI), l'encouragement de la production nationale, l'accès du BTPH au programme national de réalisation des équipements, et l'encadrement de l'acte de gestion'', a t-il informé. Sur la dépénalisation de l'acte de gestion, il a estimé qu'''on doit se résigner aujourd'hui à accepter le risque de gestion et de là, la dépénalisation de l'acte de gestion. Il ne faut pas partir du principe que tout le monde est coupable. Il y a un groupe de travail installé au Premier ministère, et on a discuté sur ce dossier. Il faut maintenant revoir la législation sur cet aspect pour libérer le gestionnaire de ses contraintes'', a-t-il par ailleurs expliqué. Il a ainsi laissé entendre qu'une décision importante sur la dépénalisation de l'acte de gestion devrait être prise lors de cette Tripartite, qui devrait également entériner une amélioration des salaires des gestionnaires du secteur public. Sur la promotion de la production nationale, il a notamment souligné qu'aujourd'hui 'on a besoin de revoir certaines choses et protéger la production nationale'', dont la mise en place de barrières pour protéger la production nationale de certaines importations. Le retour du crédit à la consommation est par ailleurs envisagé dans cette perspective de défense et de promotion du produit 'made in Algeria'', estime-t-il, avant de critiquer la démarche actuelle pour l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). 'Qu'est-ce qu'on va gagner en allant à l'OMC ? L'Algérie n'est pas prête pour accéder à l'OMC, tout le monde est unanime là-dessus'', lance-t-il, avant d'expliquer qu'il faut 'mettre en place des normes pour les importations qui puissent évacuer les produits inutiles, des normes pour promouvoir la production nationale''. Pour le pacte de croissance, l'autre volet qui sera discuté lors de cette Tripartie, il a indiqué qu'il s'agit de discussions sur notamment l'accélération du processus des réformes (économiques), l'amélioration du climat des affaires, l'accès au marché du travail, l'amélioration du pouvoir d'achat, la protection sociale, ou l'adéquation de la formation avec les besoins de l'entreprise. Enfin, M. Labatcha a affirmé qu'il n'y aura pas de discussion sur le nouveau code du travail.