C'est aujourd'hui que se tient la dix-septième tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) à Djenan El Mitak à Alger. Cette rencontre sera consacrée essentiellement à l'examen et à la validation des résultats des cinq groupes de travail installés à l'issue de la dernière tripartite tenue en octobre. D'importantes annonces et décisions y sont attendues. Les trois partenaires devront se prononcer sur des dossiers ayant trait à la relance de l'industrie et aux mécanismes de protection de la production et de l'économie nationales. Le gouvernement devra aborder la question de l'article 87 bis qui va soustraire les différentes primes versées aux travailleurs du salaire de base. Une proposition défendue par l'UGTA. Il est donc question de la validation du pacte économique et social de croissance. Ce pacte, qui signé entre les trois partenaires, va porter sur « des engagements fsur une implication totale des trois parties pour la nécessité de booster la production nationale et de créer des postes d'emploi ». Les questions relatives au foncier économique et industriel ainsi que la nécessité de la protection de la production nationale y seront également abordées. Il est question d'examiner les propositions formulées par le groupe de travail présidé par le ministère du Commerce ayant recommandé 29 actions et 106 mesures pour booster la production nationale. C'est dans ce contexte que sera présentée la reconduction du crédit à la consommation et son orientation exclusivement vers la production locale. Les résultats du groupe de travail restreint installé au niveau du Premier ministère sur l'acte de gestion seront également examinés. Les gestionnaires des institutions publiques, notamment, s'attendent à une dépénalisation de l'acte qui leur permettra une plus grande liberté et autonomie de gestion. Il est aussi question d'évoquer le rôle du Fonds national de l'investissement et le l'implication des entreprises nationales dans la réalisation des programmes de logements. Du côté de l'UGTA, cette tripartite sera consacrée à « au débat puis à la validation des résultats des groupes de travail », a précisé Saïd Hadid, chargé de la communication de la centrale syndicale. Selon lui, la formule qui sera proposée par cette dernière pour faire l'abrogation de l'article 87 bis « se fera en concertation avec les autres parties en vue de trouver une solution qui arrange tout le monde ». Lors de ces multiples sorties médiatiques, Abdelmadjid Sidi-Saïd, SG de l'UGTA, a assuré que les trois parties ont réussi à « trouver un consensus fort intéressant pour la stabilité du pays » et que cette tripartite « apportera de bonnes nouvelles aux travailleurs ». Les organisations patronales, ayant pris part aux commissions, cautionnent l'ordre du jour et les décisions qui seront prises à l'issue de cette rencontre. « Nous soutenons la reprise du crédit à la consommation que défend l'UGTA », a indiqué Abdelaziz Mehenni, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIipa). Néanmoins, il reste sceptique quant aux garanties de l'application de toutes les mesures. « Il faut noter que les décisions prises par le passée en faveur de la relance de la production nationale n'ont jamais été suivies d'effet », a-t-il fait remarquer. « Les banques continuent de freiner l'extension économique des entreprises », a-t-il noté en s'interrogeant sur le sort de la préférence nationale au moment où des entreprises nationales continuent de recourir à l'importation au détriment de la performance des entreprises locales dans certains secteurs. Abrogation du 87 bis : le oui mais, du patronat Le retour du crédit à la consommation concerne seulement la production nationale, estime, pour sa part, Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA). « La production nationale n'est pas concurrentielle mais il y a des produits qui tiennent le coup et il est important de les promouvoir », a-t-il estimé. « C'est vrai que cela fait 15 ans que nous en parlons. Nous espérons seulement que les choses se concrétisent cette fois-ci », a-t-il ajouté. Sur le dossier du foncier, M. Mehenni estime nécessaire « la révision de l'organisation du Calpi au niveau des wilayas ». A propos de la révision de l'article 87 bis, « je souhaite son abrogation mais cela nécessite une haute volonté politique », a soutenu M. Mehenni. Pour M. Naït Abdelaziz, les organisations patronales adhèrent à ce principe. « L'abroger veut dire que le salaire de base des travailleurs ne contiendra pas les primes. Il faut donc les supprimer ou les intégrer dans un autre chapitre et cela va induire un impact financier sur les salaires de la fonction publique et ceux du secteur économique », a-t-il expliqué. « Qui va les payer ? », c'est la grande question que se pose le patronat. Pour ce dernier, la solution est de revoir la politique nationale des salaires en indexant l'ensemble des salaires au SNMG. « Nous sommes pour un salaire digne pour tous les Algériens. Cela doit se faire selon l'échelle de valeurs », a-t-il ajouté.