En termes à peine voilés, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, fait part d'une sérieuse menace qui plane sur les équilibres financiers de la caisse nationale des retraites (CNR) allant jusqu'à plaider pour la mise en place d'une gestion rigoureuse afin de préserver sa pérennité. Déjà, à peine instauré par la loi, on s'attelle à alléger les dépenses de la CNR en défalquant la durée du service national dans le calcul de la retraite proportionnelle ou sans condition d'âge. Il ne peut certainement pas s'agir là de grandes dépenses générées par la comptabilisation de la durée du service national, mais cela indique que la trésorerie de la CNR ne se porte pas comme un charme ou, du moins, qu'on risque de ressentir à moyen terme des difficultés financières dans ses caisses. Ainsi le ministre, qui répondait jeudi dernier à une question orale d'un député lors d'une séance plénière à l'Assemblée populaire nationale, a-t-il lancé que «la durée du service national ne sera pas comptabilisée dans le calcul de la retraite proportionnelle ou sans condition d'âge, en ce sens que cela impliquerait la mobilisation de ressources financières supplémentaires». Considérant que «le travailleur bénéficie, à sa demande, de ce type de retraite au moment où il est en mesure de poursuivre sa carrière professionnelle jusqu'à 60 ans». C'était en fait, une aubaine pour M. Mohamed El Ghazi pour étaler ses appréhensions et inquiétudes face aux risques d'un tarissement à la source des rentrées d'argent dans les caisses de la CNR. La retraite proportionnelle ou sans condition d'âge, n'a-t-il pas manqué de souligner, «exige la mobilisation de ressources financières supplémentaires, ce qui pourrait impacter négativement les équilibres financiers de la caisse nationale des retraites», et que de telles mesures «sont à même de réduire le nombre de travailleurs qui cotisent au système de retraite et d'augmenter celui des bénéficiaires de la retraite anticipée». Faudrait-il réviser le dispositif réglementaire des départs en retraite proportionnelle ou sans condition d'âge ? Cela n'a pas été dit en mots crûs, mais tout laisse croire que la retraite «avancée» met à mal la trésorerie de la CNR. Le ministre a laissé entendre dans ce contexte que les caisses de retraite «devraient être soumises à une gestion efficace afin de préserver le droit des générations futures à la retraite». Tout en rappelant dans ce cadre que «le principe de retraite repose sur le versement de cotisations sur une durée déterminée pour assurer la continuité du système de retraite et préserver les équilibres financiers de la caisse des retraites». En tout cas, a encore précisé M. El Ghazi, «la prise en charge des préoccupations de cette frange et la comptabilisation des années du service national devraient être examinées dans le cadre d'une démarche globale visant l'adaptation du système national de retraite tout en préservant les droits des travailleurs». Il s'agit, selon le ministre, de la «protection sociale et du droit du travailleur de bénéficier de la comptabilisation de la durée du service national dans le calcul de la retraite à l'âge de 60 ans, tout en préservant les équilibres financiers de la caisse des retraites». La mise au point du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale est clairement signifiée, la durée du service national ne sera, donc, pas comptabilisée dans le calcul de la retraite si le travailleur décide de mettre fin à sa carrière professionnelle avant l'âge de 60 ans. Une autre façon d'inciter dores et déjà, indirectement, les travailleurs à se détourner des départs «précoces» en retraite.