L'immigration en France suit toujours une courbe ascendante, même si elle reste légère en accueillant 258.900 migrants permanents en 2012, selon les chiffres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), soit une progression régulière des entrées avec plus 8% depuis 2011 et plus 21% sur cinq ans. Dans son rapport annuel, publié hier, sur les migrations en 2012, dernière année pour laquelle l'OCDE a des données complètes, on retrouve les Algériens à la première place des immigrés avec 25.000 personnes, suivis des Marocains avec 20.000 ressortissants et les Tunisiens avec 12.000 personnes représentant, avec d'autres nationalités, le contingent africain qui arrivait à la première position des régions d'origine, l'Asie étant à la deuxième place avec 7.200 Chinois et 6.100 Turcs. Un classement qui respecte l'immigration historique qui fait de l'Algérie le plus grand fournisseur d'immigrés en direction de la France. Rappelons que la France et l'Algérie ont conclu un accord d'immigration dérogatoire au droit commun, compte tenu des liens particuliers entre les deux pays. Signé le 27 décembre 1968, cet accord a déjà fait l'objet de trois avenants, le dernier datant de 2001 après la loi Chevènement de 1998. L'accord initial prévoyait un contingent de 35.000 entrées annuelles, ramené par la suite à 25.000 en 1972 et 1973. Aujourd'hui, environ 25.000 nouveaux «certificats de résidence» sont délivrés aux Algériens chaque année. Avec 578.000 ressortissants, ils représentaient en 2010 la première communauté immigrée du pays. Un accord remis en question par la droite française et le dernier en date Nicolas Sarkozy alors à l'Elysée qui a voulu le renégocier alors qu'Alger lui opposait une fin de non-recevoir. Les principaux avantages pour les Algériens résident dans les régularisations accordées «de plein droit», et non à titre discrétionnaire, comme pour la plupart des autres immigrés. Les possibilités sont beaucoup plus larges que dans le droit commun. Ainsi, un ressortissant algérien en mesure de prouver qu'il vit depuis dix ans en France - même en situation irrégulière - peut accéder automatiquement à un certificat de résidence d'un an. Pour les autres nationalités, cette possibilité est soumise à la discrétion de la préfecture. Rien d'évident, dans le contexte actuel. Autre avantage, l'accession à un certificat de résidence de dix ans. Pour les Algériens, elle est restée de plein droit dès lors que la personne souscrit à un certain nombre de conditions. Les régularisations pour les conjoints de Français sont aussi facilitées. L'OCDE pointe pourtant du doigt la proportion d'immigrés très peu éduqués qui reste élevée par rapport à la norme internationale. L'Organisation, même si elle se félicite de l'attitude «proactive» de Paris auprès des entreprises en matière de politique de gestion de la diversité et de la mise en place des programmes d'intégration obligatoires pour certaines catégories de migrants, regrette la faible proportion des immigrés à trouver emploi par rapport aux natifs. Par ailleurs, et dans une enquête publiée ce vendredi, l'Institut national de la statistique et des études économiques en France (INSEE), l'on saura que début 2013, 5,8 millions d'immigrés vivaient sur le territoire français, soit 8,8 % de la population habitant en France. L'INSEE indique que près d'un immigré sur deux (46%) arrivé en France en 2012 est né dans un pays européen. Entre 2009 et 2012, le nombre d'entrées d'Européens a augmenté de 12% par an en moyenne. La plus grande part d'entre eux venait du Portugal, de l'Espagne et de l'Italie, des pays très fortement touchés par la crise économique. Reste que si le niveau de migrants arrivant en France est comparable à celui du Royaume-Uni (286.000) ou de l'Italie (258.000), il est néanmoins inférieur à l'Allemagne qui a accueilli 400.000 immigrés en 2012 faisant de ce pays la principale destination d'immigration en Europe et la deuxième derrière les Etats-Unis au sein des pays de l'OCDE.